Romy Schneider est morte le 29 mai 1982. Les 40 ans de sa disparition sont remémorés cette année à travers plusieurs événements. La cinémathèque de Paris a par exemple ouvert une grande exposition rétrospective en hommage à l’actrice, et a mis sur pied une programmation variée de films connus dans lesquels elle a joué (La Piscine, Sissi, César et Rosalie…) à d’autres œuvres cinématographiques restées plus discrètes. Celles qui Osent revient sur la vie ponctuée de drames ainsi que sur la carrière impressionnante de Romy Schneider, à travers une courte biographie.
L’enfance de Romy Schneider : entre Allemagne, Autriche et spectre du nazisme
Romy Schneider, de son vrai nom Rosemarie Magdalena Albach-Retty, naît à Vienne dans une famille d’artistes. Son père est comédien de théâtre, sa mère actrice de cinéma. Alors qu’elle n’est encore qu’un nourrisson, la petite Rosemarie est contrainte de fuir, avec sa famille, l’Autriche, tout juste annexée par l’Allemagne nazie. Ils s’installent alors dans une propriété située dans les Alpes Bavaroises, à seulement quelques kilomètres du chalet d’Adolph Hitler, que la mère de la jeune Romy fréquentera à plusieurs reprises. Elle racontera d’ailleurs les liens flous entretenus par sa mère avec le nazisme (elle est accusée d’avoir eu une liaison avec Goebbels, ministre de la propagande nazie), dans une interview avec la journaliste allemande Alice Schwarzer, visible dans un documentaire Arte sorti en 2019 (disponible à la location ou à l’achat).
Ses parents divorcent et à 10 ans, Romy est placée en pension dans un internat autrichien. Cinq ans plus tard, l’équivalent de son brevet des collèges en poche, elle se prépare à rejoindre sa mère pour intégrer l’école de la mode et du dessin de Cologne, mais elle se rêve déjà actrice.
Le mythe Sissi et le début de la gloire
En 1953, alors âgée de 15 ans, Magda Schneider, la mère de Romy, propose sa fille pour incarner le personnage principal du film Quand refleuriront les lilas blancs, dans lequel elle est en train de jouer. Le succès est immédiat. La jeune Romy est choisie un an plus tard pour incarner la reine Victoria à l’écran dans Les Jeunes années d’une reine. C’est l’année suivante qu’elle connaîtra une percée fulgurante avec son rôle de Sissi, qu’elle incarnera à trois reprises, et dont les recettes dépasseront celles d’Autant en emporte le vent en Allemagne et en Autriche. Elle s’opposera toutefois à tourner un quatrième volet : les tournages étaient éprouvants, et sa carrière chapeautée par sa mère, dont Romy Schneider s’émancipera une fois la trilogie sur l’impératrice d’Autriche terminée.
En 1958, Romy Schneider se rend en France pour jouer dans Christine, un film réalisé par Pierre Gaspard-Huit. Il lui laisse le choix de son partenaire à l’écran. Elle sélectionne Alain Delon après avoir vu une photo de lui. S’ensuit une histoire amoureuse, qui conduira Romy à quitter sa mère et à partir vivre à Paris avec Delon. Leur relation prendra fin au bout de cinq ans, l’acteur quittant Romy Schneider pour une autre femme.
Changer d’image et s’émanciper du rôle de Sissi impératrice
Fatiguée de se voir constamment affublée de l’image cul-cul la praline de Sissi, comme elle le dit elle-même dans une interview, Romy Schneider veut à tout prix changer d’image auprès du grand public et des réalisateurs. Pari réussi puisqu’au début des années 1960, elle tourne dans deux films de l’Italien Visconti, à qui Alain Delon l’a présentée. En 1964, elle joue dans l’Enfer, un film d’Henri-Georges Clouzot. Malheureusement, ce dernier restera inachevé, en raison des problèmes de santé du réalisateur et de Serge Reggiani, l’acteur principal. L’histoire est celle d’un homme jaloux maladif, persuadé que sa femme le trompe. Grâce à ce film, dont on a récupéré de splendides scènes, Romy Schneider a su imposer une nouvelle image de femme fatale et érotique.
Par la suite, elle incarnera de nouveau ce genre de rôle, comme dans les films de Claude Sautet (César et Rosalie, Les choses de la vie…) ou encore dans la Piscine de Jacques Deray, tournage sur lequel elle retrouvera Alain Delon.
Une vie privée marquée par des drames : l’autre face de la biographie de Romy Schneider
Le 3 décembre 1966, l’actrice donne naissance à son premier enfant, David. Elle est alors âgée de 28 ans et mariée à Harry Meyen, un metteur en scène berlinois. Elle met sa carrière en pause pendant plus d’un an pour se consacrer à son fils. Celui-ci mourra lors d’un accident à l’âge de 14 ans, une mort dont sa mère ne se remettra jamais. En 1972, elle se sépare d’Harry Meyen et épouse trois ans plus tard Daniel Biasini, journaliste franco-italien, avec qui elle aura une fille, Sarah.
En 1974, elle tombe dans une grave dépression après un tournage éprouvant (L’important c’est d’aimer, d’Andrzej Zulawski) et développe une addiction à l’alcool et aux médicaments. À l’âge de 43 ans, Romy Schneider est retrouvée morte dans son appartement parisien par Laurent Pétin, producteur de cinéma et dernier compagnon de l’actrice. L’affaire est classée, sans autopsie, la justice ne préférant pas « casser le mythe ». Suicide, overdose ? Impossible de connaître les causes de la mort de Romy Schneider.
Vous aimez le cinéma ? Celles qui Osent vous propose de lire les biographies de nombreuses actrices ou réalisatrices, comme Adèle Haenel, Charlotte Gainsbourg ou encore Jane Campion.
Victoria Lavelle pour Celles qui Osent
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