Le mouvement de la Great Resignation ou grande démission, initié aux États-Unis en juillet 2020, s’est accentué tout au long de la pandémie. Aujourd’hui, la hausse des ruptures conventionnelles en France démontre le besoin de changement. Pour une quête de sens professionnelle, ou pour (re)trouver du bien-être au travail, vers quels domaines et fonctions se tourner ? La représentation des métiers reste encore genrée, excluant de facto les femmes des fonctions techniques. Pire, elles se censurent et se privent d’opportunités professionnelles, notamment dans le secteur du numérique. Pourtant, il offre une place aux femmes dans le Web, avec des carrières pluridisciplinaires. Se considérer aussi légitimes et compétentes que ses homologues masculins participe à enrichir la toile. Osez déranger un monde trop genré !
La place des femmes dans le Web : l’héritage d’un monde genré et ses conséquences
Les stéréotypes ont la vie dure, soit ! Et ils posent un véritable souci de discrimination.
Le male gaze dans l’espace numérique
Le male gaze est souvent évoqué dans le monde du 7e art. Il demeure tout aussi puissant dans celui du numérique. 30 % des postes sont occupés par des femmes dans ce secteur, et la part chute sur les fonctions dites techniques.
Le Syntec numérique et l’IESF (Ingénieurs et scientifiques de France) constatait en mars 2020 que ce chiffre était faible, mais stable depuis 10 ans ! La stabilité fait parfois s’étrangler…
Les conséquences de la sous-représentativité
Au-delà du manque de mixité avérée, le faible pourcentage de femmes dans les métiers du digital pose un souci technique. Dans la chaîne alimentaire numérique :
- Le programmeur testostéroné code l’algorithme selon le prisme de réflexes hormonaux.
- L’intelligence artificielle développe ses logiques de calcul avec des biais cognitifs dépourvus d’oestrogène.
- Le produit livré par la voix de son maître, associée aux connexions binaires de son serviteur virtuel, correspond à une vision tronquée de la réalité. Elle nie l’existence d’une audience mosaïque.
Virginie Julliard, professeure des universités en sciences de l’information et de la communication et spécialiste des questions de genre, en collaboration avec son doctorant Thibault Grison, parlent de discrimitation algorithmique. Ils ont obtenu un financement du Sorbonne Center for Artificial Intelligence (SCAI) pour conduire les recherches.
⏩ À lire aussi : Discrimination dans le monde de l’informatique, le point avec Isabelle Collet, informaticienne, enseignante-chercheuse à l’université de Genève, sociologue et romancière.
La digitalisation des entreprises : des opportunités de mission au féminin
Afin d’augmenter le pourcentage de femmes dans le secteur de l’informatique et du numérique, les politiques de quotas de la société civile s’appliquent également. Elles favorisent la parité ; le combat s’annonce long.
Et pourquoi attendre que les mécaniques statistiques inversent la tendance ? Le Forum économique mondial (WEF) établit deux faits :
- 50 % des salarié·e·s auront besoin d’une requalification d’ici 2025 ;
- Les métiers du digital sont porteurs dans le monde du travail de demain.
Le deuxième point est confirmé par L’Étudiant ou Pôle Emploi : la digitalisation des entreprises est source d’opportunités professionnelles.
Top 10 des profils recherchés par les entreprises selon Pôle Emploi :
- développeur·se ;
- chef·fe de projet web ;
- commercial·e web ;
- développeur·se mobile ;
- chargé·e de SEO (référencement naturel pour les moteurs de recherche) ;
- chargé·e de CRM (gestion de la relation client à travers des outils dédiés) ;
- chargé·e de communication digitale ;
- webdesigner ;
- chargé·e de SEM (marketing sur les moteurs de recherche) ;
- chef·fe de produit.
⏩ À lire également : un autre domaine souffrant de la sous-représentation au féminin, les femmes et la science.
Les 4 catégories des carrières du numérique : technique, marketing, créativité et transverses
Dans le monde du numérique, il y en a pour tous les genres … à condition bien évidemment de sortir de la logique binaire [scientifique versus littéraire] et de considérer les femmes aussi compétentes sur des fonctions techniques.
1. Les techniciennes : les bâtisseuses et les défenseuses
Un projet digital démarre avec des architectes du web. Les développeuses construisent le site. Et pour défendre l’édifice, les professions liées à la cybersécurité et aux aspects juridiques RGDP sont en plein essor.
2. Les marketeuses : les animatrices avisées
Suivant les évolutions technologiques et les mentalités, comment le webmarketing peut-il inclure la pensée féminine si les fonctions associées sont occupées par des hommes ? Voici trois profils de marketeuses :
- Les visionnaires : le marketing stratégique consiste à comprendre les tendances et besoins des consommatrices afin d’élaborer des stratégies éditoriales.
- Les techniciennes : elles s’éclatent dans le marketing opérationnel en mettant en œuvre les plans d’action dans les écosystèmes.
- Les cartésiennes : elles trouvent leur terrain de jeu dans le marketing analytique. Éplucher les données et statistiques plutôt que les patates et les carottes, c’est quand même plus fun ! Leur recette contribue à repérer les leviers de croissance.
3. Les créatives : la touche féminine et émotionnelle
Le monde d’Internet s’adresse à un être humain sur une planète comptant… 49.6 % de femmes. Si l’internaute reste la cible à convertir, alors autant que les productions éveillent et respectent ses émotions et sa sensibilité :
- La webdesigner et l’UX designer s’assurent que l’édifice est accueillant et que l’ergonomie du site suit la logique de sa visiteuse.
- Les professions liées au graphisme développent l’identité de la marque et la création de contenus visuels, vidéo ou audio.
4. Les touche-à-tout : les polyvalentes indispensables
Internet est une toile et son environnement tentaculaire nécessite des fonctions supports et transverses pour que l’édifice vive. La polyvalence des gestionnaires reste leur savoir-faire clé ; leur vision globale des phases des projets digitaux font de ces coordinatrices de précieux atouts pour les entreprises.
L’atout des femmes dans le monde numérique : les soft skills et les convictions
Les études RH publiées prouvent que les soft skills sont les compétences requises, y compris dans le recrutement des postes de dirigeantes. Selon le sondage réalisé par les associations Article 1 et Mozaïk Fundation, 75 % des recruteurs sont convaincus des bienfaits des soft skills.
Internet est aussi un espace de parole. Vous avez le choix d’exercer un métier digital en fonction de vos convictions et vos valeurs. À vous de créer les combinaisons de la collaboration à mettre en oeuvre :
- Comment ? En tant que salariée ou en freelance.
- Avec qui ? Artisan, TPE, PME, etc.
- Combien (de temps) ? En CDI, CDD, missions ponctuelles ou récurrentes.
- Où ? En travaillant en entreprise, à domicile ou en nomade digitale.
- Pourquoi ? Pour des valeurs communes et une vision partagée sur le message de la mission d’entreprise.
Le magazine Forbes, dans son classement des 15 soft skills, classe l’audace en n° 10. Alors, osez vous affranchir de la distribution genrée imposée ! Entreprenez une formation ou une reconversion aux technicités spécifiques à une fonction. À compétences techniques égales, animées par vos convictions et votre état d’esprit, en déployant vos compétences invisibles et informelles, vous créerez votre unicité sur le marché du travail !
⏩ Pour découvrir les prémisses de l’empowerment au féminin, revisitez le film culte de Thelma et Louise
L’existence même du webzine Celles qui Osent est la preuve que le féminin trouve sa place dans le monde numérique. L’équipe CQO a « la volonté (ou la prétention ?) de contribuer au “non-ramollissage“ de nos cerveaux ». Ayez l’audace d’incarner votre féminité en toute intelligence ; elle est un formidable carburant pour atteindre la parité et l’équité dans notre société. Comme Thelma et Louise, tandem de femmes hors-la-loi qui se sont appropriées les codes masculins (la Ford T-Bird, les armes), partez à la conquête du Web. Votre inclusion participe à déranger pour dégenrer la toile, et créer ainsi un tout autre tableau.
⏩ Lucie Rondelet, fondatrice de Celles qui osent, propose des programmes de formation au sein de Formation Rédaction Web pour devenir :
- rédactrice web, et apprendre l’écriture digitale optimisée pour les algorithmes des moteurs de recherche et conçue pour l’internaute ;
- copywriter, et maîtriser l’art de l’écriture persuasive dans le but d’attirer et de fidéliser une audience ;
- social media manager, et se former à être une expert multi-tâche des contenus pour les réseaux sociaux :
Estelle Fontaine, pour Celles qui Osent
Sources :
https://www.letudiant.fr/metiers/les-metiers-qui-recrutent/atlas-devoile-les-10-metiers-du-digital-les-plus-porteurs.html
https://www.pole-emploi.fr/actualites/le-dossier/numerique-telecoms/informatique—web/10-metiers-du-digital-en-vogue.html
https://www.blogdumoderateur.com/panorama-metiers-digital-2021/
https://www3.weforum.org/docs/WEF_Jobs_of_Tomorrow_2020.pdf
https://es.weforum.org/reports/the-future-of-jobs-report-2020/in-full/2-2-emerging-and-declining-jobs
https://www.monster.fr/recruter/ressources-rh/conseils-en-ressources-humaines/diversite-et-inclusion/emploi-numerique-et-mixite-7-chiffres-a-retenir/#:~:text=Une%20forte%20croissance%20est%20attendue,mais%20stable%20depuis%20dix%20ans.
https://www.sorbonne-universite.fr/actualites/la-place-des-femmes-dans-les-metiers-du-numerique
https://www.forbes.fr/management/les-15-soft-skills-a-maitriser-en-entreprise/
https://www.monster.fr/recruter/ressources-rh/conseils-en-ressources-humaines/diversite-et-inclusion/4-pistes-a-suivre-pour-plus-de-mixite-dans-le-numerique/
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