« Pourquoi tu es comme ça ? » À cette question qui revient fréquemment, Clémence Bellanger répond simplement : « Je suis née comme ça. » C’est devenu le titre de son livre autobiographique, publié en mars 2022. La journaliste et auteure sarthoise de 27 ans est atteinte de la maladie des brides amniotiques, une anomalie congénitale très rare provoquant des malformations. Dans Née comme ça, elle raconte avec sincérité et lucidité comment sa maladie a affecté sa vie, et décrit son cheminement personnel pour accepter son handicap. Sans pathos, Clémence livre un message d’espoir, de courage et d’estime de soi. Écrit pendant le premier confinement, son livre a suscité un véritable engouement auprès du public. Pourtant, il aurait pu ne jamais voir le jour. « J’ai parfois eu peur aussi de raconter mon histoire. La simple idée de lire de la pitié, de la peur ou même de la tristesse dans les yeux de celui ou celle qui m’écoute m’était insupportable. » Clémence Bellanger a dû faire face à l’adversité, accepter sa différence et la transformer en force. Celles qui Osent s’est plongé dans son témoignage pour comprendre comment la jeune femme a réussi le pari d’accepter son handicap.
Survivre à une anomalie congénitale rare, le destin de Clémence Bellanger
Née avec de nombreuses malformations, cette miraculée admet avec humour qu’« au grand loto de l’Univers, je n’ai pas tiré le bon numéro ». Clémence a 11 mois lorsqu’elle subit sa première chirurgie. Elle surmontera au total 30 opérations chirurgicales de reconstruction. Chaque chirurgie s’accompagne de galère, de souffrances visibles et intérieures.
La maladie des Brides amniotiques est une anomalie congénitale causée par le piégeage de parties du fœtus, généralement un membre, ou des doigts, dans des fibres de bandes amniotiques pendant qu’il est dans l’utérus.
Elle se développe pendant la grossesse et touche le fœtus de manière aléatoire. La maladie a attaqué les chevilles de Clémence, mais aussi ses mains, amputées de plusieurs doigts, et son visage : un double bec de lièvre, une double fente palatine. Ses parents découvrent la pathologie de leur fille à la naissance, mais l’acceptent très rapidement. Ils l’aiment et l’élèvent sans faire de différence. Pour eux, c’est une enfant comme les autres.
« Je crois que quand on a un accident de vie, on a un avant et un après. Moi je suis née avec ces malformations, et donc je n’ai pas de moyen de comparaison. »
Oser grandir avec la différence
Dans une société où l’image et l’esthétisme prédominent, Clémence a eu le courage de grandir et de se construire avec le regard des autres, pas toujours tendre : des critiques, des moqueries, des enfants qui refusent de jouer avec elle, ou qui ont peur.
« Ma tronche cabossée suscite beaucoup de curiosité, quelque part, je peux comprendre pourquoi. »
Clémence Bellanger doit souvent faire preuve de pédagogie, et de patience.
« Je voulais me faire accepter, j’avais besoin de me sentir appréciée. J’étais même prête à devenir quelqu’un d’autre pour cela. Dans quel but ? Je pensais simplement que ce que j’étais ne suffisait pas. »
Alors, à 21 ans, elle craque. Elle sature de toutes ses opérations, souffre d’isolement et manque cruellement d’estime d’elle-même. Les autres lui rappellent constamment, par des questions ou des regards, sa différence. Elle s’épuise à vouloir en faire toujours pour se faire accepter. Et puis un jour, elle réalise : « À quoi bon masquer ce qui se voit comme le nez au milieu de la figure ? Cela semble une cause perdue, voire absurde. Pourtant, c’est ce que j’ai essayé de faire pendant des années. Je me cachais derrière mon humour, mes silences, je tirais sur mes manches pour cacher mes mains et mes cicatrices. »
À force de se comparer aux jolies instagrameuses ultra-retouchées, elle comprend que « ça ne peut que te pousser à ne pas t’aimer à ta juste valeur » et qu’elle s’est parfois perdue entre celle qu’elle est et celle qu’elle voulait être aux yeux des autres. Grâce à cette pause introspective salutaire, Clémence se reconstruit et comprend que « ce que les autres pensent de moi ne me définit pas. »
Née comme ça, l’écriture comme acte thérapeutique pour accepter son handicap
Un jour, Clémence décide de lâcher prise et d’écrire, comme une thérapie. « Au début, je n’écrivais même pas pour publier. » Pendant le confinement, elle trompe l’ennui en rédigeant un récit, qui deviendra son premier livre intitulé Née comme ça, paru en mars 2022 aux éditions Bold. Elle ressent beaucoup de gratitude envers les équipes médicales. Son chirurgien signe d’ailleurs la préface.
Son récit autobiographique est rythmé par la musique et les chansons qui résonnent particulièrement en elle, comme le titre Pas beaux de Vitaa et Slimane, ou C’est ta chance de Jean-Jacques Goldman. Dotée d’une fine analyse de l’être humain, elle offre à tous ses lecteurs des pistes de réflexion sur l’acceptation de soi et la quête du bonheur. L’envie de vivre heureux, d’accepter ses différences et de devenir soi-même est universelle. Ce livre parle à tout le monde, car « des obstacles, on en a tous. »
« Malchance, ma chance. »
Désormais épanouie et heureuse, elle considère presque aujourd’hui son handicap comme une chance. « Sortir du lot, c’est une chance, parce que cela oblige à s’accepter soi-même, et à ne pas rentrer dans des moules qui ne sont pas faits pour soi. On n’est pas heureux dans un moule. »
Se confronter à l’image de soi pour s’accepter tel que l’on est
« Tu n’es pas imparfaite, c’est la société qui l’est. »
Clémence a expérimenté le mannequinat en contribuant à l’exposition photographique Different is beautiful 2.0, réalisée par Francesca Clayton. La démarche de l’artiste britannique est de « mettre en lumière le handicap pour qu’on le regarde en face, sans tabou, et surtout, pour voir au-delà de lui. » Une centaine de personnes porteuses de handicaps, parmi lesquelles des sportifs de haut niveau ou des stars de TikTok, ont participé à l’expérience, dont les fonds sont reversés à la fondation de paralysie cérébrale. Amputés, paraplégiques, autistes, aveugles : tous délivrent, en photographie, un message fort, des histoires poignantes.
Accro à Instagram, Clémence s’inspire d’influenceuses dont le parcours la touche, comme celui de Julie Bourges, connue également sous le pseudonyme Douze Février, grande brûlée à la suite d’un accident. La jeune femme poste quotidiennement des photos d’elle mettant en valeur ses cicatrices et son histoire.
« Peu importe comment on démarre dans la vie, on a tous le moyen d’accomplir de grandes choses. »
Présente sur les réseaux sociaux, vous pouvez la suivre sur Instagram ici ! Sa personnalité solaire donne l’envie de dévorer la vie, non ?
Pour lire son livre, c’est ici >>>
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Violaine Berlinguet – Celles qui Osent
Sources :
Sarthe. Née avec des malformations, Clémence Bellanger raconte son combat dans un livre
« Née comme ça » : un livre de Clémence Bellanger
Pays d’Alençon. Elle sort un livre pour partager son combat contre le handicap | L’Orne Hebdo
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