Depuis Me Too et le développement de la pensée féministe, le porno éthique a fait son apparition au sein de cercles alternatifs indépendants de l’industrie du X. Mais une pornographie éthique est-elle vraiment possible ? Et surtout, plairait-elle aux consommateurs, dont les fantasmes demeurent façonnés par l’hétéropatriarcat ? Notre réponse dans cet article !
Le porno éthique pour échapper au male gaze
La pornographie véhicule, dans la majeure partie des cas, une image dégradante et sexiste de la femme et de sa sexualité. Pour échapper à ce male gaze, certaines réalisatrices, et réalisateurs, se sont lancés dans la production de contenus pornographiques « éthiques », offrant une nouvelle perspective des rapports entre les sexes, et de la sexualité féminine, mais également masculine.
Au-delà d’une volonté de changer les représentations néfastes et dangereuses véhiculées par la pornographie, le porno éthique assure vouloir veiller aux bonnes conditions de travail dans lesquelles un film ou une vidéo sont réalisés, dans le but d’éviter toute forme d’abus. Le consentement y est primordial : aucun acteur, ni actrice ne doit être soumis à des pratiques non consenties. Quant aux rémunérations, elles doivent être égalitaires et à la hauteur des actes performés. Autrement dit, le porno éthique bannit les viols, les pratiques non consensuelles et les exploitations financières.
Des critères nécessaires à la réalisation d’un porno éthique
Le numéro de janvier de la revue International Journal of Sexual Health, rédigée par des scientifiques et sexologues, a établi la liste de six critères nécessaires à la réalisation d’un porno éthique. Selon le chercheur Alan McKee, il est primordial que les pratiques sexuelles montrées à l’écran soient « variées ». Il faut également que les spectateurs puissent être confrontés à une diversité de corps, de genres, et de couleurs de peau. Car la pornographie, tout comme la mode ou les réseaux sociaux, véhicule, elle aussi, des diktats sociétaux auxquels les corps doivent correspondre.
De plus, le consentement doit être explicitement montré à l’écran. La production du film doit être bienveillante, le plaisir de tous les participants doit être montré, et les rapports sexuels doivent être protégés (ce qui n’est toujours pas le cas dans les contenus actuels ; les acteurs et actrices sont contraints de se faire tester pour des maladies sexuellement transmissibles très régulièrement).
Pour Alan McKee, la représentation d’une telle sexualité peut encourager les spectateurs à développer des rapports sains et protégés.
Oui, un porno éthique est possible
Le porno féministe existe depuis les années 1980, bien qu’il reste « marginal ». Erika Lust, réalisatrice suédoise, est l’une des premières à produire du porno féministe dans les années 2000, et a véritablement contribué à la popularisation du genre. Dès 2006, les Feminist porn awards récompensaient les vidéos pornographiques à visée féministe, sur des critères d’inclusivité et de représentation. Des coordinateurs d’intimité ont également commencé à être engagés sur les plateaux de certains films, afin d’oeuvrer au confort de chacun et chacune. Mais la pornographie féministe, tout comme le porno éthique, est une industrie de niche, souvent plus chère que les autres contenus trouvés en ligne, en raison des coûts de production, qui se veulent justes et égalitaires.
D’après les études Pornhub, 30% des visiteurs du site sont des femmes, un chiffre qui augmente chaque année (même si elles restent les consommatrices minoritaires de ce type de contenus). Le porno éthique et féministe devrait donc se généraliser dans les années à venir…
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Victoria Lavelle pour Celles qui Osent
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