Petite Histoire du Maillot de bain Féminin

Pour fêter le retour de l’été et des grandes vacances, Celles qui Osent vous propose une petite histoire du maillot de bain féminin, symbole d’une évolution des moeurs et d’émancipation des femmes, mais aussi de diktats et de normes de beauté. Du burkini au maillot deux pièces : le costume de bain, comme on l’appelait autrefois, est politique, et continue aujourd’hui encore de faire débat.

Le costume de bain pour dissimuler les corps

Le maillot de bain naît avec le développement des loisirs et des séjours à la mer aux alentours des années 1850. À cette époque, seules les bourgeoises et les aristocrates ont le temps de se rendre en Normandie, une région alors en vogue pour ses stations balnéaires. Les bains de mer, en même temps que les cours de sport, sont de plus en plus communs. Mais cachez ce corps que je ne saurais voir ! Les baigneuses sont couvertes de la tête aux pieds : le pantalon jusqu’aux genoux et la chemise ample sont de rigueur. Seules les prostituées et les paysannes montrent alors leur peau nue. La peau pale est, au même titre que le bronzage dans notre société actuelle, un critère de beauté.

Le premier maillot de bain une pièce est celui porté par Annette Kellerman, championne de natation australienne. Lassée de voir ses performances diminuées par l’épaisseur et le poids de son costume de bain, elle crée son propre modèle qui lui permet d’être plus libre dans ses mouvements au début du XXe siècle. Elle porte certes des bas pour couvrir ses jambes, mais arbore toutefois un juste-au-corps qui suit ses formes. C’est Carl Jantzen, nageur olympique, présent aux Jeux de 1900, qui invente une matière élastique qui n’absorbe pas l’eau, et qui se porte près du corps. Cette dernière se popularise rapidement auprès des vacanciers, hommes comme femmes.

Le bikini : une lutte pour l’émancipation des femmes

Le maillot une pièce est tout d’abord popularisé par des stars américaines dans les années 1930, comme Jayne Mansfield ou Rita Hayworth. Les représentations de pin-ups se multiplient également, et avec elles, exit la combinaison et les bas de coton qui couvraient entièrement le corps des femmes. Le bikini apparaît en France, au lendemain de la Seconde guerre mondiale. Il tire son nom de l’atoll de Bikini, dans les îles Marshall, aux États-Unis, où ont eu lieu les premiers essais atomiques américains. Créé par l’ingénieur automobile Louis Réard, il peine d’abord à être porté : les mannequins refusent de l’enfiler, jugeant l’ensemble trop provocant. C’est Micheline Bernadini, une danseuse, qui accepte finalement de défiler avec à la piscine Molitor, à Paris.

D’abord interdit en Espagne, en Angleterre ou encore sur les plages italiennes, le bikini gagnera véritablement en popularité dans les années 1960, notamment grâce au cinéma hollywoodien. En France, c’est Brigitte Bardot qui est l’une des premières actrices à se l’approprier,  notamment dans Manina, la fille sans voiles, film de 1952, dans lequel elle a 17 ans. L’année suivante, elle est photographiée en bikini à fleurs à la plage, au Festival de Cannes. On retrouve désormais le bikini tous les étés du côté de la French Riviera et de Saint-Tropez.

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Le maillot de bain : un vêtement politique

Dans une interview accordée au Parisien, Ghislaine Rayer, co-autrice de Bikini, la légende, explique :

« Le deux-pièces avec une culotte montante existait déjà depuis 1935, mais c’était la première fois qu’un maillot dévoilait ainsi le nombril, les hanches, et même une partie des fesses, car la culotte était presque un string. Dans cette France de l’après-guerre, les codes de bienséance étaient encore très forts. On ne pouvait se permettre de se déshabiller ainsi sans passer pour une fille de rien. »

En 1951, le magazine Vogue parle, lui de : « ce bikini qui a transformé certaines côtes de nos régions en coulisses de comédies musicales et qui, de plus, n’embellit pas la femme ». Car malgré l’essor de la publicité, et de tous les diktats et normes de beauté allant avec, le corps de la femme reste un objet de pudeur, devant se cacher des regards.

L’année 2016 a, elle aussi, eu son lot de polémiques concernant un maillot de bain : le burkini. Porté par les femmes de confession musulmane, il couvre l’entièreté de leur corps. La municipalité de Villeneuve-Loubet, dans les Alpes-Maritimes, avait alors décidé de l’interdire sur ses plages. Une décision révoquée par le Conseil d’État, considérant que les libertés peuvent être restreintes seulement si les considérations sont liées à un « bon accès au rivage, de sécurité de la baignade, d’hygiène et de décence sur la plage ».

Victoria Lavelle pour Celles qui Osent

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