Marie Curie, un nom illustre à jamais gravé dans l’histoire. Après ses découvertes sur la radioactivité avec son mari Pierre Curie, elle sera la première femme à recevoir un prix Nobel. Reconnue par ses pairs, elle deviendra quelques années plus tard la première femme à enseigner à la prestigieuse université de la Sorbonne. Malgré sa renommée, elle reste pour beaucoup d’entre nous un lointain souvenir d’école. Qui était vraiment Marie Curie ? De son enfance en Pologne à la postérité, retour sur le destin hors normes d’une pionnière qui dédia sa vie à la recherche.
Quand Marie Curie n’était encore que Maria Sklodowska
Une enfance stimulante
Née en 1867 à Varsovie, Maria Salomea Sklodowska est la cadette d’une famille de cinq enfants. Ses parents sont des intellectuels issus de la petite noblesse polonaise désargentée. Sa mère, institutrice, dirige une école privée réputée de Varsovie. Son père est professeur de mathématiques et de physique. Tous deux sont très investis dans l’éducation de leurs enfants et les poussent à donner le meilleur d’eux-mêmes. Au même titre que Marie, ses trois sœurs et son frère sont tous des élèves brillants. La vie de famille suit son cours rythmée par l’apprentissage des langues, l’exercice physique et les vacances au grand air.
Une famille endeuillée
Brutalement, deux évènements tragiques viennent assombrir l’enfance de la jeune Marie. Elle perd consécutivement sa sœur Zofia emportée par le typhus à l’âge de 14 ans puis sa mère victime de la tuberculose. Marie n’a que 11 ans lorsque son père se retrouve seul chargé de famille. Elle se réfugie alors dans les études et obtient son diplôme avec les honneurs en 1883 à l’âge de 16 ans.
Une soif d’apprendre
Privées d’accès à l’université, Marie et sa sœur Bronia poursuivent leurs études clandestinement à l’Université volante de Varsovie (une école illégale qui devait changer constamment de lieu pour ne pas être repérée). Sous domination russe, c’est à cette époque la seule option offerte aux femmes pour étudier en Pologne. Poussée par sa sœur aînée Bronia qui souhaite partir étudier à Paris pour devenir médecin, les deux sœurs scellent un pacte. Marie travaillera pour financer les études de sa sœur et Bronia lui rendra la pareille une fois sa formation achevée.
Grâce à sa maîtrise des langues, elle est rapidement engagée comme gouvernante d’enfants. Elle officie d’abord chez un avocat avant d’être accueillie par une famille d’aristocrates près de Varsovie. Durant son séjour, elle tombe amoureuse du fils aîné de la famille. Malgré leur attachement réciproque, la famille s’oppose catégoriquement à cette union. À nouveau rattrapée par sa condition sociale, elle repartira le cœur brisé. De retour chez elle, sa sœur Bronia sur le point de se marier lui propose de l’accueillir à Paris.
monsieur et madame curie
La rencontre avec Pierre Curie
Fraîchement débarquée à Paris, Marie alors âgée de 24 ans s’inscrit immédiatement à la Sorbonne. Elle travaille sans relâche et obtient en 1893 sa licence de physique mention très bien. À la recherche d’un lieu pour poursuivre ses recherches, Marie croise le chemin de Pierre Curie lors d’une soirée. Il est alors chef de travaux à l’École municipale de physique et de chimie industrielles de la ville de Paris. Instantanément, il tombe sous le charme de cette jeune scientifique passionnée. En juillet 1894, Marie obtient sa licence de maths en terminant 2e de sa promotion. Les vacances venues, elle repart en Pologne avec la ferme intention d’enseigner dans son pays natal. Pour Pierre c’est inconcevable, il l’implore de l’épouser.
Un couple fusionnel
D’abord réticente, elle finit par se laisser convaincre, ils se marient le 26 juillet 1895 à la mairie de Sceaux. Après un voyage de noces à sillonner l’Ile de France à bicyclette, c’est un couple heureux et amoureux qui emménage dans un petit appartement rue de la Glacière à Paris. L’année suivante, elle met au monde leur 1er enfant, Irène. Le couple déménage alors dans une jolie maison à Paris. Pour autant, Marie n’a pas l’intention de s’installer dans une vie d’épouse et de mère traditionnelle. Elle souhaite obtenir un doctorat et doit donc trouver un nouveau sujet d’étude pour sa thèse. Inspirés par les travaux d’Henri Becquerel, Marie et Pierre décident de se concentrer sur le phénomène de la radioactivité.
Les premières découvertes
Le 18 juillet 1897, Marie et Pierre annoncent la découverte de deux métaux radioactifs, le polonium puis quelques mois plus tard celle du radium. Honoré par la communauté scientifique, le couple est récompensé par une pluie de prix et de médailles. L’apothéose a lieu lors de l’exposition universelle de Paris en 1900 où leurs travaux sont rendus publics. Marie Curie est nommée professeur à l’École normale supérieure de jeunes filles de Sèvres, elle est alors la seule femme à exercer cette fonction. En 1903, Marie et Pierre Curie se voient attribuer le prix Nobel de physique conjointement à Henri Becquerel.
Le drame
En 1904, après leur consécration, Marie Curie donne naissance à un second enfant prénommé Ève. Mais le 19 avril 1906, Pierre Curie est victime d’un tragique accident. Il est renversé par une voiture à cheval et meurt sur le coup. Marie est dévastée par la perte de son époux, elle est persuadée qu’elle ne pourra jamais s’en remettre. Pour surmonter cette épreuve, elle s’occupe activement de l’éducation de ses filles tout en poursuivant sa carrière. À tout juste 39 ans, elle devient la première femme professeure de la Sorbonne.
Marie Curie, seule face à son destin
Un scandale médiatique
En 1911, sa liaison avec le scientifique Paul Langevin (marié et père de quatre enfants) est révélée dans un article de journal. S’ensuit alors un déferlement sans précédent, la presse à scandale se déchaîne. Marie devient une cible, traquée par les photographes. Des femmes vont jusqu’à saccager sa maison, les pires horreurs sont dites à son sujet. C’est dans cette tourmente qu’elle apprend que le prix Nobel de chimie vient de lui être attribué pour l’ensemble de son œuvre. Bien que pointée du doigt, elle se rend à Stockholm pour recevoir sa récompense. À son retour, elle s’effondre. Elle est hospitalisée pour dépression et souffre de problèmes rénaux. Son état est préoccupant mais elle se relève.
Une scientifique sur le front
Durant la Grande Guerre, Marie s’engage en mettant ses connaissances scientifiques au service de la nation. Elle invente des appareils radiologiques portables destinés à être transportés sur le front par des voitures à moteur. On les surnomme les “Petites Curies”. L’arrivée de la radiographie facilite les interventions chirurgicales. Elle permet de détecter l’emplacement des balles et des éclats d’obus mais aussi d’analyser les fractures. De la confection des machines à la formation du personnel, elle s’investit corps et âme dans cette mission. On estime que plus d’un million de soldats blessés seront traités avec ses appareils de radiographie. En parallèle, Marie et sa fille Irène commencent à développer des traitements médicaux basés sur le radium.
La reconnaissance
À la fin de la guerre, Marie Curie sera collectivement saluée et reconnue pour son travail et son implication. En 1921, elle entreprend un voyage aux États-Unis où elle est accueillie triomphalement. En guise de cadeau, elle se voit offrir un gramme de radium pur pour l’aider à poursuivre ses recherches. Cette même année, l’Institut Curie est reconnu d’utilité publique. C’est l’avènement de la radiothérapie qui va révolutionner le traitement du cancer.
Les derniers jours
Durant les années qui suivent, les effets de la radioactivité sur son corps deviennent omniprésents. Elle cumule les ennuis de santé. Elle subit plusieurs opérations de la cataracte et continue de souffrir de problèmes rénaux. Suite à des problèmes respiratoires, elle est transportée le 29 juin 1934 au sanatorium de Sancellemoz en Haute-Savoie. Atteinte d’une leucémie, elle s’éteint le 4 juillet 1934 à l’âge de 66 ans, victime d’une anémie aplasique.
Une femme au Panthéon
Le 20 avril 1995, le Président François Mitterrand fait transporter les restes du couple Curie au Panthéon. Cette cérémonie en présence du Président polonais Lech Wałęsa rappellera l’attachement de Marie à son pays natal tout en saluant son dévouement pour la France.
Parfois présentée comme une victime qui se serait sacrifiée pour la science, Marie Curie était avant tout une chercheuse passionnée. Avant-gardiste et visionnaire, ses découvertes sur la radioactivité ont changé le monde. Elle reste à ce jour la seule scientifique à avoir reçu deux prix Nobel dans deux domaines scientifiques distincts.
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Stéphanie Lesquenner
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