Jeune artiste belgo-camerounaise, ancienne candidate de The Voice Belgique, Lubiana est l’une des rares femmes au monde à jouer de la kora, un instrument à cordes originaire d’Afrique de l’Ouest. La chanteuse écrit et compose ses textes, mariant parfaitement le jazz, le blues et les sonorités africaines. Découvrez avec Celles qui Osent le parcours inspirant d’une jeune femme animée par l’amour de la musique et de la scène.
La détermination de devenir un jour chanteuse
The Voice Belgique : une célébrité (trop) soudaine
Lubiana Kepaou est née le 12 décembre 1993 à Bruxelles, en Belgique. Elle est le tendre métissage d’une maman belge et d’un papa camerounais originaire de la tribu Bamiléké. Dès sa plus tendre enfance, elle baigne dans la musique. Quand on lui demande ce qu’elle veut faire quand elle sera grande, elle répond : « Je veux être chanteuse ».
En 2011, alors qu’elle n’a que 18 ans, son père lui parle d’une nouvelle émission télévisée à laquelle elle devrait s’inscrire. Il s’agit de The Voice Belgique. Ce programme est encore inconnu du grand public et le principe est plutôt innovant. Les candidats qui se présentent à l’émission passent un casting à l’aveugle face à quatre professionnels de la musique que l’on surnomme les coachs. Si un coach est conquis, il buzz et son fauteuil se retourne. Lors de son passage, Lubiana interprète Ain’t no sunshine de Bill Withers et fait l’unanimité. Les quatre fauteuils se retournent ! Elle passe les étapes suivantes haut la main et accède enfin aux lives en février 2012.
Son passage dans l’émission la propulse sous les feux des projecteurs. Peut-être un peu trop vite pour elle d’ailleurs. Cette notoriété soudaine l’effraie. Elle supporte mal de devenir le centre d’intérêt soudain de milliers de personnes qui veulent la prendre en photo, qui l’appellent, qui lui envoient des messages. Tout cela est beaucoup trop rapide ! Elle sera finalement éliminée aux portes de la demi-finale.
Post The Voice : retour express à l’oubli et aux déceptions
« L’après The Voice » est pour elle une période compliquée. Comme pour la plupart de ces émissions télévisées, les candidats éliminés retombent vite dans l’oubli. La lumière qui l’a tant effrayée disparaît aussi vite qu’elle était arrivée. De plus, Lubiana a la sensation qu’elle a montré une mauvaise image d’elle-même. Pour se protéger de ce succès fulgurant, elle s’est forgé une carapace qui lui a finalement donné l’image d’une fille hautaine. Ce n’est pourtant pas du tout ce qu’elle est.
La jeune belge poursuit ses études de musique au conservatoire de Louvain. Là aussi, malheureusement, ça ne se passe pas comme elle le voudrait. Les professeurs de chant lui disent qu’elle n’est pas faite pour être chanteuse. Elle s’entoure de musiciens, prend des cours de piano, mais chaque tentative se termine par un échec et ce sentiment de ne pas être tout à fait à sa place.
Ce qu’elle retient de ces différentes expériences, c’est la certitude que sa passion pour la musique est plus forte que tout. Elle ne veut rien faire d’autre. Elle est prête à persévérer, à tout recommencer s’il le faut et cette fois, en étant vraie. Elle veut trouver qui elle est en se faisant la promesse qu’un jour, elle réalise son rêve de devenir chanteuse.
Entre rêves et quête de soi
L’instrument de ses rêves….
Les années passent et Lubiana attend de la vie un signe, quelque chose qu’il lui prouverait qu’elle ne fait pas fausse route. Chaque nuit, elle fait le même rêve : elle est en apesanteur et tient entre ses mains un instrument de musique qu’elle ne connaît pas. Cet instrument lui rappelle la harpe, mais c’est assez flou. Dans ses rêves, un sentiment de sérénité, de plénitude l’envahit. Le réveil est brutal : Lubiana se retrouve confrontée à ses angoisses. Est-elle faite pour la musique après tout ?…
En avril 2015, elle annonce à sa mère qu’elle arrête ses études artistiques, qu’elle est à bout. Sa maman lui propose alors de partir quelques jours au soleil entre filles pour y réfléchir. Elles s’envolent toutes les deux pour Majorque. Le lendemain de leur arrivée, au détour d’une place, Lubiana entend un son, « le plus beau son que j’ai entendu de ma vie ». Son cœur s’arrête et son corps se fige. Elle cherche du regard la source de ce son si doux et mélodieux. Et elle la voit. Là. La harpe de ses rêves. Juste devant ses yeux ! Lubiana le sait, voilà qu’elle attendait. Elle dit avoir trouvé, ce jour-là, son âme sœur.
Apprendre à jouer d’un instrument africain : la kora
De retour en Belgique, elle cherche sur Internet ce que cet instrument peut bien être. Et, enfin, elle le trouve. C’est la kora. La kora est un instrument à cordes originaire de l’Afrique de l’Ouest. Elle est traditionnellement jouée par les griots, une sorte de conteurs ou sorciers africains. Son apprentissage se transmet de père en fils. Il n’y a pas de partition, elle se travaille à l’oreille. Lubiana décide d’apprendre à jouer de cet instrument et se forme auprès de Djaly Pape Drame dit « Mamadou Dramé ». Ce grand joueur de kora originaire du Sénégal lui enseigne la maîtrise de cet instrument à 21 cordes. Elle a la chance de rencontrer également Toumani Diabaté, grand koriste malien, qui lui confirme « si tu as rêvé de la kora, c’est qu’elle t’a choisie ». Lubiana devient alors l’une des rares femmes à jouer de cet instrument habituellement réservé aux hommes.
Quête de soi à Los Angeles
En 2018, Lubiana décide de partir seule à Los Angeles. Elle a besoin de se retrouver seule avec sa kora, de composer ses chansons. Elle crée alors des sons, des mélodies qui n’appartiennent qu’à elle. Inspirée par ses idoles Sarah Vaughan, Nina Simone et Lauryn Hill, elle mélange les influences de jazz, de blues et de pop à son instrument. Elle participe à de nombreux open mikes (scènes ouvertes) pour chanter et jouer librement avec sa kora. Cela lui permet de faire de belles rencontres dont celle de Jeff Gitelman, guitariste de Lauryn Hill, Steve Wonder et du grand David Bowie. C’est durant son séjour à Los Angeles que Lubiana écrit et compose les chansons qui figureront plus tard sur son premier EP (album composé de 5 titres). Après quelques mois passés à L.A., Lubiana revient en Belgique. Ce voyage aux États-Unis lui aura permis de se découvrir davantage, mais elle ressent aussi le besoin d’un retour à ses racines profondes, ses origines africaines.
Retour aux racines : le Cameroun
En 2019, Lubiana, accompagnée de son père, part au Cameroun. Cela fait dix ans qu’elle n’y est pas allée. Lors de ce séjour, elle retrouve le village d’enfance de son père et ses grands-parents. Ce n’est certainement pas une coïncidence si la kora a choisi Lubiana. L’instrument lui a permis de renouer avec ses racines.
Elle décide d’apprendre le Bangoua, la langue de son grand-père et de sa famille camerounaise. Son métissage, qu’elle avait du mal à accepter étant petite, elle le voit aujourd’hui comme un cadeau de la vie, dont elle fait une force. Dans sa chanson Feeling low, deuxième titre de son EP sorti sur ondes, on retrouve cette sonorité africaine qu’elle arrive à moderniser dans un morceau très entraînant.
Nouvelle révélation de son talent au grand public
Après toutes ces années de doute à se demander si elle était sur le bon chemin, la réponse arrive enfin. Début 2020, elle signe avec le label français Six et Sept, dirigé par Pascal Nègre, ancien président-directeur général d’Universal Music France. On y retrouve d’autres artistes tels que Jérémy Frérot, la chanteuse Vanille ou encore Kimberose. Le 24 avril 2020, Lubiana sort son premier EP intitulé tout simplement… Lubiana. Son premier single Self love nous a conquis. Sa voix suave, que les notes de la kora accompagnent à merveille, raconte la difficulté d’apprendre à s’aimer, d’accepter le regard des autres sur soi. S’en suivent les titres Feeling low, beaucoup plus rythmé, et My man is gone qui parle d’amour. Chaque sortie est un succès. Le 12 décembre 2020, jour de ses 27 ans, la France découvre Lubiana dans l’émission Taratata sur France 2. Ce programme télé a propulsé de nombreux artistes de la scène française. Elle y partage un duo avec la chanteuse Kimberose. Elles interprètent Diamonds de Rihanna. Lubiana est bien évidemment accompagnée de sa kora. Le public est immédiatement conquis. Son premier album sortira au printemps 2021, patience !
À 27 ans, Lubiana accomplit son « rêve de petite fille ». Animée par l’amour de la musique, d’une persévérance hors du commun, Lubiana parle de « sa quête de soi » avec beaucoup d’humilité dans son podcast Be… Elle y dévoile son parcours et la rencontre avec son âme sœur, la kora. Bravo Lubiana pour ton immense talent, ta sublime Voice. Merci de faire découvrir ton instrument méconnu au grand public.
Pour découvrir son univers : https://lubiana.be/
Charlotte Blieck, pour Celles qui Osent
En attendant notre prochain article, n'oubliez pas de suivre notre podcast sur ces Femmes qui Osent
1 Comment
Merci pour cette belle découverte ! Je me suis mise en quête d’un de ces titres sur le net et c’est sublime.