Florence Arthaud : l’aventurière des mers est partie vers le grand large

Une vie bercée par les flots et la houle. Vous l’aurez compris, nous parlons d’une figure emblématique de la Voile française. Navigatrice depuis sa plus tendre enfance, Florence Arthaud embarque sur les mers et les océans à la poursuite d’expéditions maritimes et d’exploits nautiques. Le 18 novembre 1990, elle est la 1re femme à remporter la prestigieuse Course du Rhum. Florence devient en 14 jours, 10 heures, 8 minutes et 28 secondes, une véritable légende des Mers. Une autre date hante les esprits. Le 9 mars 2015, durant le tournage d’une émission de télévision en Argentine, Florence Arthaud monte avec d’autres participants dans un hélicoptère. À 57 ans, elle vit sa dernière aventure. Son embarcation se crashe et ne laisse aucun survivant. Ce jour-là, c’est bien tous les marins du monde entier et les amoureux des océans qui pleurent leur « petite fiancée de l’Atlantique ». La gent féminine pour laquelle elle a été une navigatrice engagée est également en deuil. Florence Arthaud, aventurière des mers, a pris le grand large et laisse derrière elle une génération de femmes, héritières de son audace. Quel patrimoine leur lègue-t-elle ? Celles qui osent est donc partie en expédition. Embarquons-nous à la rencontre de cette héroïne maritime au caractère si trempé.

Florence Arthaud : une aventurière des mers hors pair

L’océan, son univers depuis toujours

Florence Arthaud est tombée, très jeune, dans une marmite d’eau salée. Elle a été embarquée par l’incroyable passion de son père pour la mer. Célèbre éditeur de récits marins, Jacques Arthaud, l’a ainsi initiée dès son plus jeune âge à la découverte de la navigation et aux exploits maritimes. Bercée par les périples de grands navigateurs comme ceux de Bernard Moitessie ou d’Éric Tabarly, sa destinée d’aventurière semblait toute tracée. Florence Arthaud souhaite coûte que coûte rester proche de l’eau. Il lui est impensable de résider trop longtemps loin de la côte. En 2003, elle largue donc naturellement ses amarres à Marseille.

Une destinée de navigatrice

Le milieu de la mer la voit donc grandir et devenir la championne nautique que nous connaissons tous. Florence Arthaud se forme à l’art de piloter les bateaux auprès de grands marins comme Marc Linski par exemple au club de voile d’Antibes. Ses mentors sont pour elle des phares la guidant à l’instar d’une boussole. Florence devient, en 1993, maman d’une petite fille, Marie, née de son union avec le skipper professionnel Loïc Lingois. En 2005, elle épouse Éric Charpentier, navigateur lui aussi. Elle mène une existence de terrienne, de mère et d’amoureuse. Mais sa plus belle idylle semble être celle qu’elle vit avec son amour de toujours : l’Océan.

1990 : la consécration de Florence Arthaud

Elle enchaîne les courses au large et fait le tour du globe. Navigatrice de talent, elle participe à la mythique Route du Rhum en 1978. Elle se fait remarquer par son tempérament de conquérante et ses empennages de talent. Héroïne, elle gagne, en 1990, cette périlleuse escapade. Débarquée en Guadeloupe, à bord du trimaran « Pierre 1er », Florence est la première femme skipper à remporter cette course en solitaire. La 4e édition de la Route du Rhum marque donc une performance historique dans les archives de la navigation. Florence Arthaud s’empare alors du cœur des Français et devient pour tous « la petite fiancée de l’Atlantique ». Quelques mois plus tard, elle pulvérise le record de la traversée sans escale de l’Océan Atlantique en 9 jours, 21 h et 42 min.

1990 est résolument l’année de son apogée. Elle sera d’ailleurs élue cette année-là « Championne des Champions français » par le journal L’Équipe.

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Des exploits sur l’eau à n’en plus finir

Florence Arthaud enchaîne les courses nautiques. En 1997, elle remporte, avec Bruno Peyron, la célèbre course La Transpacifique . Le monde de La Voile se l’arrache et tous les navigateurs souhaitent embarquer avec elle (Jean Le Cam, Luc Poupon, Philippe Poupon, etc.). Elle reçoit plusieurs prix prestigieux récompensant ses performances. Elle vit une réelle consécration en tant que femme sportive et navigatrice hors pair.

Une mer pas toujours tendre avec elle

Florence Arthaud frôle la mort à plusieurs reprises. À 17 ans, elle est victime d’un accident de la route. Elle est alors plongée pendant plusieurs mois dans un profond coma. Un autre traumatisme est rapporté dans son ouvrage « Cette nuit, la mer est noire », publié en 2015, aux éditions Arthaud. Elle y évoque sa panique quand elle chavire de son voilier, seule au milieu de l’eau entre le Cap Corse et l’Île d’Elbe. Ce jour d’octobre 2011, elle est miraculeusement repêchée en état d’hypothermie. Sa tragique destinée n’était décidément pas assignée à se terminer dans les méandres de l’océan.

Une navigatrice engagée au caractère bien trempé

Son combat pour la cause des femmes

Florence Arthaud aurait pu se satisfaire de son incroyable destin de navigatrice. Elle a su se faire une belle place, en tant que femme, dans un milieu marin que l’on dit être très masculin, presque misogyne. Son formidable investissement, à défendre la cause féminine trouve assurément son origine dans la discrimination qu’elle constate si souvent.

  • Défendre une parité considérée par beaucoup comme étant illusoire ;
  • dénoncer la domination des hommes ;
  • revendiquer une féminisation du métier de navigateur.

Voici les engagements que Florence souhaite prendre.

Inspirée par des personnalités dévouées à la cause féministe telles que Simone de Beauvoir, Florence sait profiter de la lumière des projecteurs sur ses exploits. Ainsi, elle s’érige comme missionnaire d’une cause humaniste. Ses engagements publics auront toujours dans leur sillage cette volonté assumée d’émanciper le sexe faible. En 2015, elle coécrit dans les colonnes du journal Libération une tribune sur l’égalité des sexes au titre évocateur : « Si t’es un homme ». Elle ne s’arrête pas aux mots.

Dans son combat, elle a choisi certes de dénoncer, mais plus que tout d’agir. Quelle plus belle façon de militer que d’organiser une course nautique de femmes, pour les femmes ?

Arrachée à la vie par cet accident d’hélicoptère, Florence Arthaud n’aura pas le temps de mener à bien sa mission. Dans son héritage, subsiste une part importante de l’engagement dans lequel elle s’est littéralement plongée.

Sa personnalité bien trempée

Florence Arthaud évolue depuis toute jeune dans un univers masculin rude et exigeant. Les prérequis de son métier sont intransigeants, voire dévorants. Florence excelle dans ce milieu si calfeutré de la navigation, quand tant d’hommes échouent et demeurent anonymes.

Cette ténacité qui la caractérise tant est-elle devenue une adaptation nécessaire à ce cosme des performances maritimes. Ou est-ce sa personnalité si incroyable qui l’a amenée à devenir la championne que nous connaissons tous.

Son mental de gagnante a sans nul doute été une des clés de voûte de sa réussite.

Isabelle Autissier, figure emblématique de la navigation, souligne une confrontation certaine de la personnalité de Florence sur la terre et sur la mer. « Florence était quelqu’un d’extraordinaire sur l’eau, mais incontrôlable à terre, ça a joué contre elle ». Son énergie est incontestablement un atout sur les océans, mais elle est également perçue, par certains, comme un raz-de-marée difficile à canaliser sur la terre ferme. Un tempérament de feu au service des performances. De cela, Florence en a bien conscience.

Elle s’essaye donc au monde médiatique et s’offre à la lumière des projecteurs. Florence Arthaud devient alors une égérie.

Son image d’égérie

Florence a très vite été mise en lumière. Ses exploits sur l’eau marquent le départ d’une carrière médiatique. Elle devient alors un personnage public dans lequel beaucoup de Français se reconnaissent. Ils ressentent pour elle un élan non dissimulé de sympathie et d’affection. Elle est une invitée de choix sur les plateaux de télévision. Sollicitée pour de nombreuses couvertures de magazines comme celle de l’hebdomadaire Elle, Florence jouit d’une image populaire et appréciée. Ce jeu d’icône médiatique, elle le vit avec plaisir et malice.

Elle s’essaye également à la musique en chantant un duo avec Pierre Bachelet. Elle posera ainsi sa voix, en 1989, sur les paroles de « Flo ».

En 2015, le tournage de Dropped, en Argentine, émission de téléréalité française, est son dernier projet. Victime d’un accident d’hélicoptère pendant les prises de vues, Florence Arthaud meurt à l’âge de 57 ans.

Elle publie plusieurs ouvrages qui trouveront leur lectorat, dont « Fiancée de l’Atlantique » en 1982, et son autobiographie « Un vent de liberté » en 2009.

 

Florence Arthaud est sans condition une femme qui ose. En 2020, la course du Vendée Globe bat son record de participations féminines. Florence inspire, Florence encourage, Florence suscite des vocations, mais surtout, elle impulse des émancipations. Une génération de navigatrices semble manœuvrer dans le sillage de notre aventurière des mers. Observons avec intérêt les parcours sportifs et les exploits nautiques de certaines héritières dont nous sommes en train de devenir témoins. Des femmes comme Alexia Barrier, Clarisse Crémer, Samantha Davis, Isabelle Joschke, Pip Hare ou encore Miranda Merron sont bien parties pour prendre la barre dans le monde de la navigation.

Sabine Le Roy pour Celles qui Osent

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