Daphné Leblond est réalisatrice-monteuse de films. Elle s’est fait connaître grâce au documentaire, réalisé avec son amie Lisa Billuart-Monet, intitulé Mon nom est Clitoris, sorti en juin 2020. « Nous avons souhaité faire le film que nous aurions voulu voir adolescentes ». Ce long-métrage, un dialogue libre et authentique entre jeunes femmes autour de la sexualité féminine, a remporté le Magritte du meilleur documentaire.
Daphné travaille actuellement sur deux autres longs-métrages abordant la sexualité des hommes de 20-30 ans et des quinquagénaires lors de la ménopause. Celles qui Osent retrace le parcours d’une réalisatrice prometteuse.
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Une jeune réalisatrice-monteuse de films : Daphné Leblond
Dernière d’une famille de cinq enfants, Daphné Leblond est issue d’un milieu plutôt bourgeois aisé parisien, « ce qui explique peut-être que j’ai pris quelques petites libertés dans mon parcours ! » Son père, enseignant chercheur en mécanique des solides à l’université de Jussieu, et sa mère, au foyer, valorisent beaucoup la culture. « Nous n’avons jamais eu de télévision, mais nous avions un home cinéma et chaque soir nous regardions quantité de séries ou de films. J’allais beaucoup au cinéma avec mon frère. J’ai choisi le 7e art pour son caractère populaire, accessible ; à présent, ce n’est plus vraiment le cas lorsque l’on réalise que la place est à plus de dix euros. »
Adolescente, Daphné rêve de devenir réalisatrice, car « j’ai grandi avec l’idée qu’il fallait s’orienter ver un métier passionnant avant tout. » Peu d’établissements scolaires en France préparent ce métier. Par ailleurs, l’agrégation de cinéma n’existe pas : « c’est assez révélateur sur la reconnaissance de cette matière ! »
Après une prépa littéraire, elle entre à l’école normale supérieure (ENS) pour s’assurer un avenir universitaire. Elle enchaîne ensuite avec un master II Recherche en Cinéma à la Sorbonne-Nouvelle, puis entre sur concours à l’INSAS de Bruxelles, en section montage/scripte. Cette école supérieure des arts du spectacle et des techniques de diffusion et de communication de la Fédération Wallonie-Bruxelles dispose d’une solide formation en cinéma. « Je voulais découvrir un métier technique passionnant et sécurisant. En montage, on en apprend beaucoup sur les films que l’on monte. J’avais cependant des envies de réalisation ! »
Mon nom est clitoris, un documentaire sur la sexualité
Le clitoris, continent inconnu et effacé
Dans le documentaire Mon nom est clitoris, Daphné et Lisa filment un dialogue libre entre jeunes femmes autour de la sexualité féminine, abordant le clitoris comme « un continent inconnu », et les tabous autour du sujet. « L’effacement du clitoris est le symbole de la méconnaissance et de la censure de la sexualité des femmes cisgenres ». Les personnes interrogées racontent les événements qui leur ont « vraiment porté préjudice » dans leur rapport à leur sexualité. Elles dénoncent aussi les injonctions sociétales sur les pratiques sexuelles admises ou non. Daphné et Lisa enregistrent sans contexte superflu, de jeunes femmes, au sein de leur intimité. Elles les questionnent simplement, et leurs réponses spontanées, sincères et drôles nous touchent. Elles se livrent avec beaucoup de pudeur et d’honnêteté et soulèvent les problématiques de notre société qui tend à laisser les jeunes filles ignorantes de leurs anatomies et de leurs plaisirs.
Dans le DVD, six personnes interrogées ont été filmées quatre ans plus tard, “et il y a beaucoup de choses qui ont changé !”
Une visée pédagogique
À travers ce documentaire, les réalisatrices souhaitent “changer le monde, faire valoir le droit des femmes à une éducation sexuelle informée, délivrée des contraintes et des tabous”. En se documentant pour le tournage, Daphné découvre le rapport Hite, une enquête révolutionnaire sur la sexualité humaine publiée en 1976 par la sexologue Shere Hite, menée de façon anonyme auprès des femmes et des hommes américains. “C’est la base. N’importe quel adolescent devrait le lire !”
De par sa visée pédagogique, le film est diffusé et distribué dans une centaine de Planning familial en Belgique. Il est utile et salvateur, pour toutes celles qui osent être en quête d’une sexualité épanouissante, libre et égalitaire.
Deux films “miroirs” en projet
“Le film a acquis une petite notoriété.” En 2020, il remporte le Magritte du meilleur documentaire et le prix France TV Des images et des Elles.
Tourné avec les “moyens du bord”, le long-métrage devait être autoproduit, mais une rencontre avec une productrice a aidé les réalisatrices à financer la fin du tournage. “Nous avons osé des naïvetés, car nous avons eu une grande liberté de réalisation. Nos producteurs nous ont laissés maîtres de nos choix. Ce film à notre âge.”
Complices, les deux jeunes femmes prennent beaucoup de plaisir à travailler ensemble. “Nous sommes désormais considérées comme des professionnelles : nous avons réussi à trouver des partenaires pour nos projets.” Leur prochain long-métrage portera sur la sexualité de jeunes hommes entre 20 et 30 ans. “Nous travaillons également sur un troisième film abordant ce même sujet auprès des femmes de plus de 50 ans, pendant et après la ménopause. Il traitera aussi de la transmission du féminisme à travers les générations.”
Daphné Leblond, qui travaille actuellement pour M6, aimerait pouvoir se nourrir d’une émulation artistique, échanger avec d’autres réalisateurs, propice à l’inspiration et à la création riche. “Mon énergie vient des autres et en période Covid-19 c’est compliqué ! ” Le DVD Mon Nom est clitoris est sorti le 2 mars 2020 et le VOD en avril 2021. Celle qui “réalise des films accessibles à tous” nous proposera bientôt d’autres longs-métrages didactiques, à partager sans modération auprès de notre entourage !
Violaine B, Celles qui Osent
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