Seniors LGBT+ : comment vieillir mieux ?

La génération des baby-boomers atteint ce qu’on appelle la séniorité. Elle est donc confrontée aux avantages et aux inconvénients du vieillissement. Pour les seniors LGBT+, la politique d’exclusion et d’invisibilité liée à l’âgisme est une double peine. Parias, ils l’étaient déjà à 20 ans.  Lorsque la dépénalisation de l’homosexualité, son retrait des maladies mentales de l’OMS et le PACS n’existaient pas ! Lorsque la lesbophobie, l’homophobie, la transphobie et la sérophobie étaient quasi normales !  Lorsque le sigle LGBT+ et le drapeau Arc-en-ciel ne les représentaient pas !  Lorsque la faucheuse omniprésente du VIH/Sida emportait leurs proches les plus intimes sans accès aux soins funéraires élémentaires ! Cette dernière décennie a beau s’ouvrir à la cause LGBT+, la plupart de ses seniors restent isolés, blessés, presque anonymes, hermétiques à la notion du vieillir mieux. La discrimination hétérocentrée et hétéronormée les a remisés. “Celles qui osent” fait le point sur la situation des seniors LGBT+, du répressif à l’inclusif.

LGBT+, une identité pour les minorités sexuelles

Pour rappel, le sigle LGBT représente soit une orientation sexuelle distincte de l’hétérosexualité (LGB), soit une identité de genre (T) :

  • “L” pour lesbienne : femme-femme ;
  • “G” pour gay : homme-homme ;
  • “B” pour bixuel-le :  femme-femme et/ou femme-homme / homme-homme  et/ou homme-femme ;
  • “T” pour trans : femme ou homme en contradiction avec le genre attribué à la naissance. Deux sous-groupes : transsexuel-le (opéré-e) ou transgenre (non opéré-e).

L’acronyme LGBT+ a vu le jour dans les années 90. Au fil du temps, il apparaît dans le vocabulaire institutionnel. L’objectif est d’identifier l’ensemble des minorités sexuelles possibles et de les rassembler, a minima, par une caractéristique commune. Il s’agit d’une volonté affichée et d’un gage de considération de la part des décideurs politiques. Au fil du temps et des évolutions, l’abréviation s’adapte à toutes les minorités sexuelles recensées. Elle s’étend désormais aux variantes queer, intersexe, asexué-e,  et pansexuel-le, LGBTQIAP+ :

  • “Q” pour queer :  sexualité et genre changeants ou indéfinis ;
  • “I” pour intersexe :  intersexuation (ex. : micro-pénis avec vagin rudimentaire ou inversement) ;
  • “A” pour asexuel-le : relation affective sans engagement sexuel ;
  • “P” pour pansexuel-le : tous les genres ;
  • “+” pour autres.

Âgisme et hétérocentrisme, faire bouger les lignes

Il est de notoriété publique qu’au cours des dernières décennies,  la prise en charge des troisième et quatrième âges a été principalement déléguée au pouvoir politique,  au corps médical et à certains entrepreneurs publics ou privés. Le diktat des contrôleurs de gestion évoque un seuil de rentabilité à partir de 70 places. Ce postulat oblige à construire des structures surdimensionnées, déshumanisées dont l’agencement est plus calqué sur le modèle hospitalier que sur des lieux de convivialité et de partage. Dans ce contexte, le bien-être de la vieillesse en perte d’autonomie est soumis aux seuls mots d’ordre : gestion, rentabilité, profit. Au sein d’espaces excentrés, la société a enterré ses vieux vivants, bien loin du quotidien, bien loin du vivre bien et du vieillir mieux. Ils dérangent. Mieux vaut ne pas les voir par peur, tabou, désintérêt, déconsidération, culte du jeunisme, et surtout par déni d’un truisme : “Nous serons tous vieux un jour !” Dans ce contexte délétère, les souffrances inhérentes à l’âgisme des personnes LGBT+ sont doublement renforcées et démultipliées. L’isolement auquel ils sont confrontés est réputé sévère :

  • rupture familiale ;
  • absence de descendance et de soutien intergénérationnel ;
  • rejet professionnel et parcours fractionné ;
  • problèmes médico-sociaux ;
  • vie affective fracturée (perte du compagnon par le VIH/Sida) ;
  • interdiction de soins funéraires (décès par VIH/Sida) ;
  • pas de pension de réversion (avant PACS) ;
  • retraite amoindrie ;
  • état dépressif chronique ;
  • taux de suicide supérieur ;
  • etc.

Les seniors LGBT+ connaissent donc bien ce sentiment d’abandon, d’exclusion et de mort programmée réservé à l’âgisme institutionnel et sociétal. Ils ont déjà été confrontés à l’histoire des discriminations croisées, du bannissement et du cumul des vulnérabilités. L’illégalité de l’homosexualité jusqu’en 1982 et la LGBTphobie persistante leur ont volé jeunesse, insouciance et liberté. Contrôle et vigilance accrus les ont remplacées. La stigmatisation, la honte, la violence, les moqueries, le silence et l’invisibilité ont été les compagnons de route de leur vie affective et sexuelle. La répression fut sans pitié, les arrestations policières et les passages à tabac innombrables. C’est pourtant grâce à l’action conjuguée de la résistance et de la lutte que les lignes de l’hétérocentrisme ont fini par bouger. Citons le  FHAR, Front homosexuel d’action révolutionnaire ou encore le GLH, Groupe libéral homosexuel (https://www.celles-qui-osent.com/histoire-luttes-lgbt/?fbclid=IwAR31Qts5h6ok7Ge_RBwmiQXZRHUVNEUnXxxg7BdI87AHaF-qQvXFs8K-gvk) :

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  • 1982, dépénalisation de l’homosexualité ;
  • 1991, retrait des maladies mentales de l’OMS ;
  • 1999,  création du PACS.

Parce que le déni social de la vieillesse est un fléau. Parce qu’être silver LGBT+ ou senior non hétéro n’est ni un délit ni une tare. Parce que l’histoire veut en finir avec la LGBTphobie, d’autres événements s’enchaînent. Un à un, ils contribuent à une prise de conscience politique et à un éveil des mentalités sans précédent :

  • 2012, présentation au Festival de Cannes de “Les invisibles” de Sébastien Lifshitz ;
  • 2012, colloque international “vieillir LGBT, ouvrir la porte au dialogue”, à l’initiative du centre LGBT d’Ile-de-France ;
  • 2013, César du meilleur film documentaire pour “Les invisibles” ;
  • 2013, vote de la loi sur le Mariage pour tous et l’égalité homoparentale ;
  • 2013, “Vieillir bien, vieillir mieux”, rapport ministériel sur le vieillissement des personnes LGBT+ et des personnes séropositives au VIH ;
  • 2018, adoption d’une stratégie LGBT+ par le Conseil de Paris. Garantie d’investissement pour une meilleure inclusion des seniors LGBT+ ;
  • 2018, création d’un label “GreyPride Bienvenue” dans les EHPAD.

Jocelyne et Micheline, tombées amoureuses à 70 ans : « On nous prend souvent pour des frères ou des sœurs. Il arrive que l’on dise « Messieurs-Dames ». Comme s’il n’était pas imaginable qu’on puisse être vieux et gays, vieilles et lesbiennes, comme si l’homosexualité était le fait de la jeunesse et de ses fougues. »

Sortir du ghetto ou pas?

En France, depuis 2011, le nombre de personnes de  plus de 60 ans est en constante évolution. Selon les projections démographiques de l’INSEE, il dépassera un tiers de la population d’ici à 2035. La courbe des seniors LGBT+ se calque naturellement sur cette progression. Actuellement, ils sont déjà plus d’un million. Parmi eux :

  • 65 % vivent seuls ;
  • 90 % n’ont pas d’enfants ;
  • 51 %  sont victimes d’isolement total.

Environ 500 000 silver LGBT+ vivent donc repliés sur eux-mêmes dans le plus grand dénuement social, la plus grande vulnérabilité et la plus totale invisibilité. 5 mots-clés ont concouru à cette mise au rebut progressive : intolérance, discrimination, stigmatisation, répression, exclusion.  5 mots-clés qui se résument en un seul : LGBTphobie. Il est donc urgent d’inviter les seniors LGBT+ à sortir du ghetto de l’isolement social. Plusieurs associations dédiées à cette cause œuvrent efficacement en ce sens. “Celles qui osent” en cite quelques-unes :

  • GreyPride : lutte contre l’âgisme, le VIH, le respect de la sexualité et de l’identité des personnes âgées ;
  • Les Audacieuses & Les Audacieux : encourage le lien social et les solidarités intergénérationnelles, travaille sur l’estime de soi et la qualité de vie des seniors LGBT+ ;
  • Les Gais Retraités : entraide, solidarité et partage de moments conviviaux, culturels et festifs (préretraités ou retraités) ;
  • Les Senoritas : pendant féminin de Les Gais Retraités .
  • Etc.

Leurs missions LGBT+ pêle-mêle :

  • rétablir le contact ;
  • proposer des activités participatives, intergénérationnelles et hétéro-friendly ;
  • essaimer des habitats inclusifs, affinitaires et des résidences services seniors ;
  • multiplier les réseaux d’entraide, de soins à domicile et de santé sexuelle ;
  • encourager et accompagner les initiatives individuelles ;
  • lutter contre la LGBTphobie.

Le principal obstacle rencontré émane des seniors LGBT+ eux-mêmes. Ces personnes ont bien du mal à déconstruire le rempart protecteur qu’ils ont édifié et fortifié au fil du temps, sans autres options. Dans leur esprit, l’adage  « Pour vivre heureux, vivons cachés » est  gravé dans le marbre. Victimes d’un stress chronique, issu  d’une constante répression, beaucoup se méfient du trendy et des coups de projos feu de paille. Ils restent circonspects, défiants et spectateurs du courant évolutif. L’automatisme du repli sur soi et de la réserve est ancré en eux. La société les a marqués au fer rouge et le stigmate de la clandestinité perdure. Ils sont méfiants face à la pseudo-métamorphose des mentalités, aux avancées, aux signaux des associations et à l’effervescence des jeunes LGBT+. Francis Carrier, ancien militant de AIDES et coordinateur du collectif GreyPride, s’exprime sur la difficulté à atteindre cette population cible. Il qualifie leur attitude d’auto-exclusion réflexe et de “self-défense caractéristique d’une minorité victime d’ostracisme”.

Le bénéfice-risques du coming-out

Pour la population LGBT+, faire connaître publiquement son orientation sexuelle est appelé coming-out. De sa part, ce choix n’est pas une revendication mais un besoin naturel de vivre librement ce qu’elle est vraiment sans se cacher, s’isoler, mener une double vie, mentir ou stresser. Sur ce point précis, “Celles qui osent” laisse la parole aux seniors LGBT+ :

Aviva, 67 ans :  « La génération d’aujourd’hui n’a pas toujours conscience de ce que certains d’entre nous ont vécu. Aujourd’hui, on parle beaucoup plus d’homosexualité dans les médias, on a eu le PACS, puis le mariage… Les temps ont changé. En ce qui me concerne, j’ai rasé les murs une bonne partie de ma vie, je n’ai pas pu dire qui j’étais réellement à mon père avant l’âge de 55 ans, jusqu’au mois précédant son décès… Mon éducation juive et très traditionnelle fait que je ne parlais de ma vie amoureuse librement qu’avec ma sœur… Personne ne savait rien au travail, et même si j’ai vécu dix ans avec une femme, je fuyais les mariages et les réunions de famille pour ne pas avoir à parler de ma sexualité… Désormais séparée, sans enfant, comment vieillir ? Les personnes âgées ne sont pas tendres entre elles, un peu comme les enfants, face à des gens « un peu en marge » à leurs yeux… Au sein de l’association parisienne pour lesbiennes, “Les Senoritas”, ne point pas ce sentiment d’étrangeté  ressenti, en revanche, lors d’activités “non communautaires”. Les femmes de mon âge y parlent beaucoup de leur mari, de leurs enfants et petits-enfants… Une partie de moi ne pouvait pas bien y vivre. Créée en 2012, l’association “Les Senoritas” permet à ses membres de se retrouver pour des sorties au musée, au ciné, au restaurant, ou au cours de temps d’échanges, au centre LGBT de Paris, sans avoir besoin de se justifier sur qui on est. » [Libération]

Jean, 75 ans : « Pendant des dizaines d’années, j’ai vécu une double vie. J’ai pris le pli. Je ne vais pas me révéler maintenant… Malgré une vie intime encore active, je reste caché, clandestin comme nombre de mes camarades… Nous avons un héritage de discrétion que n’ont pas les jeunes ! Il y a eu une période de répression importante pour les homosexuels. » [Le Point]

Ken, l’hétéro ou Larry, le gay, 90 ans : « J’ai toujours eu cette impression d’avoir deux personnalités : Ken, l’hétéro, et Larry, le gay, que j’ai enterré depuis ses 12 ans. Il était temps de le libérer…  J’ai prévenu mes amis par courriels et je l’ai aussi annoncé sur Facebook… J’ai quand même un peu hésité avant de partager le message… Et tout ça n’est qu’un début. » [STOP Homophobie]

Jean-Pierre, 67 ans : « J’ai fait mon coming-out à 17 ans, il y a 50 ans dans les années 70. Je n’envisageais  pas de vivre dans le mensonge. Mes parents ont bien accepté la situation mais ont quand même insisté pour que je rencontre le médecin de famille et un spécialiste en psychologie, dès fois que… Agriculteurs, en milieu rural, ils ont également souhaité que je reste discret. Un de mes frères s’est révélé totalement homophobe. Il m’a insulté, m’a battu et a définitivement coupé les liens avec les membres de la famille… Pour travailler, j’ai dû m’expatrier à Paris. » [Le Ploërmelais]

François, 63 ans : « Je ne me suis pas affiché par préservation… On s’en est sorti jusqu’à présent, on va continuer comme ça. » [La République des Pyrénées]

LGBTphobie, ça suffit !

Le rapport annuel 2020 de l’association SOS Homophobie sur les LGBTphobies fait état de 2 400 témoignages. Ce chiffre représente 26 % d’augmentation d’agressions par rapport à 2018. Il s’agit du deuxième plus haut nombre depuis la loi Taubira, en 2013. Pour sa part, le ministre de l’Intérieur fait état de 36 % d’enregistrements d’infractions supplémentaires pour 1 870 plaintes.  La majorité d’entre elles ont un caractère lesbophobe ou transphobe. On peut en conclure que les réactions LGBTphobiques sont proportionnelles à la popularisation de la cause LGBT+. Plus il y a de “pour” ou de “sans avis”, plus les “contre” s’opposent. D’après l’Agence fondamentale des droits de l’Union européenne, seuls 14 % des actes sont factuellement dénoncés :

  • 63 % des personnes de confession musulmane pensent qu’être LGBT est une maladie ou une perversion ;
  • 20 %  des catholiques pratiquants (13 % pour les non pratiquants), idem ;
  • 10 % des sans religion, idem ;
  • 85 % des Français tolèrent l’homosexualité mais 71 % d’entre eux partagent au moins un préjugé homophobe (mœurs dissolues ou autres).

Portrait robot  des “casseurs de pédés”, selon une étude IFOP

Un homme de 58 ans LGBT+ est agressé à Toulouse. Son assaillant ? Un groupe :

  • 61 % des agresseurs opèrent en groupe ;
  • 78 % sont des hommes dont une partie d’homosexuels refoulés ;
  • 75 % ont moins de 30 ans ;
  • 6 % sont des personnes d’origine maghrébine ;
  • 4 % sont des personnes de couleur blanche ;
  • 2 % sont des personnes de couleur noire.

Les plans d’action anti LGBTphobies

Le venin LGBTphobique empoisonne la vie de la communauté LGBT+ toutes générations. Tout y passe : insultes, coups, harcèlement, rejet, guet-apens, complot, etc. En réponse aux 10 % de la population LGBT+ en France, le gouvernement s’engage dans la lutte contre les discriminations et l’égalité des droits. Conjointement aux associations dédiées, il lance des campagnes de sensibilisation anti LGBTphobies. “Celles qui osent” relève :

  • Plan national d’actions pour l’égalité contre la haine et les discriminations anti LGBT+ 2020-2023 :
    • faire progresser les mentalités et reculer les préjugés ;
    • former à l’éducation inclusive (ÉDUSCOL) ;
    • sensibiliser les élèves ;
    • intégrer et accompagner les élèves LGBT+.
  • Délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti LGBT+ (DILCRAH) – Étude IFOP 2019 – Les principaux enseignements de l’enquête :
    • meilleure intégration  sociale de l’homosexualité ;
    • tolérance plus forte à l’égard de la visibilité de l’homosexualité dans l’espace public ;
    • acceptation croissante du principe d’homoparentalité ;
    • persistance de clichés homophobes et transphobes ;
    • réactivité croissante des Français face à la malveillance.
  •  Associations spécialisées :
    • SOS Homophobie ;
    • Adheos ;
    • Mousse ;
    • Etc.

Seniors LGBT+, vivre bien, vieillir mieux !

Rapport sur le vieillissement des personnes LGBT+

En novembre 2013, dans la foulée des grands pas en avant, la ministre déléguée  aux Personnes âgées et à l’Autonomie, Michèle DELAUNAY, confirme la volonté des décideurs politiques. Son ministère inclut les problématiques d’exclusion liées aux seniors LGBT+ dans les priorités des programmes gouvernementaux. Pour ce faire, Michèle Delaunay sollicite 3 associations, Groupe SOS, SOS Homophobie, AIDES. Ensemble, ils valident des propositions objectives d’amélioration des conditions de vieillissement des retraités LGBT+ dans un rapport intitulé Seniors LGBT+, vivre bien, vieillir mieux. Il en ressort 23 propositions concrètes et urgentes.

Le prix Silver Eco de l’hébergement inclusif

Le 24 juin dernier, en pleine quinzaine des Fiertés, la ville de Paris inaugure un premier logement social dédié aux personnes seniors LGBT+. La résidence, mise à disposition par la RIVP (Régie immobilière de la Ville de Paris) à destination des associations GreyPride et Basiliade, s’organise autour du principe de colocation gay ou hétéro-friendly. Objectif : proposer un lieu sécurisé, rompre l’isolement et favoriser entraide et solidarité. De son côté,  Stéphane Sauvé, fondateur de Rainbold Society, start-up apolitique, sociale et solidaire, ose la Maison de la diversité pour seniors LGBT+. Rejoint par la Fondation des Petits frères des pauvres pour un partenariat, la structure sera intergénérationnelle et fonctionnera sur le modèle de l’habitat collectif partagé :

  1. un habitat alternatif participatif et solidaire « hétéro-friendly », ouvert sur le quartier, avec un projet social d’inclusion et de mixité sociale, des services d’aide à la personne et des services de soins ou autres. Habitat HQE et connecté  ;
  2. un bouquet de services et d’activités affinitaires via une plateforme Internet favorisant la rencontre, la discussion, la transmission de savoirs et la valorisation des talents propres à chaque individu.

Stéphane Sauvé a remporté le prix Silver Eco de l’hébergement collectif. Il entend déployer son concept dans une dizaine de villes en France, à commencer par Paris. D’ores et déjà, Nice, Nantes et Bordeaux marquent un grand intérêt pour le projet. De leur côté, les EHPAD créent un label « GreyPride Bienvenue”. Objectif : former et sensibiliser le personnel sur l’accueil des personnes LGBT+ vieillissantes. Avec la participation de l’association l’Autre Cercle, le groupe de maisons de retraite Korian édifie 2 chartes d’engagement pour la population LGBT+. Le vivre bien, veillir mieux du rapport DELAUNAY prend forme.

Un monde dans lequel vivre bien, vieillir mieux

Habib, 60 ans : « Après le décès de mon compagnon, j’ai eu une longue période noire. J’approchais la soixantaine et s’est posée cette question : c’est quoi la suite maintenant ? Je me suis tourné vers l’association LGBT d’Angers et je me suis investi dans la vie associative. J’ai recommencé à sortir du trou dans lequel je me trouvais. Il y a deux ans, quand l’association GreyPride s’est constituée, j’ai pris contact avec le président Francis Carrier. À partir de là, j’ai assisté à toutes les réunions mensuelles. Je suis devenu leur webmaster il y a peu et, dernièrement, j’ai participé aux shootings photos pour la campagne et l’exposition #RévolutionSenior, qui débute au centre LGBT Paris Ile-de-France ce samedi 8 septembre. » [Têtu]

Hubert, 74 ans, Paris :  « C’est mon mari, Francesco (58 ans), qui m’a aidé à vivre ce moment du passage à la retraite. Il m’a fait comprendre avec délicatesse que la retraite c’était avant tout, profiter de soi, s’occuper de son bien-être. Et c’est vrai que j’ai petit à petit pris conscience qu’il fallait que je pense à moi, alors que j’ai pensé aux autres toute ma vie. Je me suis inscrit à un cours de sport. J’ai organisé des week-ends en amoureux pour mon chéri. Je me suis mis à la cuisine, et ce n’était pas gagné ! » [Jock]

Claude Perquin, 73 ans : « J’ai divorcé à 69 ans. J’ai dû quitter l’appartement où je vivais, j’ai changé de région. Quand on m’a demandé le motif, j’ai dit “écoutez, je suis homosexuel, je rencontre des hommes”, et la moitié de ma famille m’a tourné le dos. Je me suis retrouvé seul. » Aujourd’hui, Claude Perquin déploie toute son énergie pour créer une antenne GreyPride dans les Côtes-d’Armor. Au programme : promenades adaptées, pique-nique, moments de convivialité, visios sur Facebook, permanence téléphonique, aide administrative, sorties au café et au restaurant, etc.

Tout ça pour  (selon Stéphane Sauvé) :

  • regarder un film LGBT+ ou discuter d’un livre traitant un sujet LGBT+ ;
  • avoir un calendrier des dieux du stade dans sa salle de bain pour un homme ;
  • écouter la musique des « icônes » LGBT+ (Dalida, Madonna, Mylène Farmer… ) ;
  • partager ses souvenirs personnels et amoureux ;
  • parler « cul » ;
  • exprimer sa souffrance du deuil de son conjoint décédé du SIDA ;
  • exposer la photo de son partenaire de vie de même sexe ;
  • dire pour une femme « elle est canon cette infirmière » ;
  • dire pour un homme « trop sexy le nouveau kiné » ;
  • dire en atelier mémoire Arc-en-ciel = Gay Pride ;
  • témoigner de gestes de tendresse avec son conjoint sans avoir à se cacher ;
  • Être soi ;
  • Etc.

Alors ? Envie d’un ciné, de restos, de voyages, de balades main dans la main, d’actus, de culture, d’amitié, de considération, d’attention ? N’hésitez plus ! Les comportements s’adoucissent et, surtout, vous n’êtes plus seuls ! Se rapprocher d’un centre ou d’une association LGBT+ qui saura accueillir votre bagage d’expériences et votre capacité d’adaptation, c’est possible ! Pour commencer par le commencement, “Celles qui osent” vous aide à faire le premier pas pour vivre bien et vieillir mieux  https://centrelgbtparis.org/

Aux États-Unis, au Canada, en Allemagne, en Espagne, au Royaume-Uni, en Suède, en Autriche, au Danemark, aux Pays-Bas, en France, les structures d’accueil pour seniors LGBT+ s’implantent. Une première ! La ville de Madrid a totalement financé sa maison de retraite LGBT+. Sur le modèle participatif, toutes ces structures proposent un habitat inclusif, une réponse solidaire et intergénérationnelle à l’isolement. Ces modèles fonctionnent et les listes d’attente ne cessent de s’allonger. Avec un peu de retard, la France leur emboîte le pas, lentement mais sûrement. Paris a été récemment élu, par Misterb&b, ville la plus gay-friendly du monde. D’autres destinations sont clairement ouvertes aux seniors LGBT+ : Belgique, Islande, Norvège, Israël, Argentine, Australie. Seniors LGBT+, les associations ouvrent leurs bras, les pouvoirs politiques et l’opinion publique bougent les lignes, la silver économie ouvre ses marchés. Sortir du ghetto et de l’isolement devient possible pour vivre bien, pour vieillir mieux.

 

Etsie TESSARI pour Celles qui osent

Sources

https://www.liberation.fr/vous/2017/01/02/le-tabou-autour-de-la-sexualite-des-seniors-enferme-les-gens_1538696/

https://www.liberation.fr/debats/2018/05/17/vieux-et-lgbt-si-tu-veux-survivre-fais-toi-oublier_1817202/

https://www.huffingtonpost.fr/francis-carrier/senior-gay-maison-de-retraite_a_22013660/

https://tetu.com/2018/09/08/habib-60-ans-homo-veut-briser-tabous-autour-de-sexualite-des-seniors-lgbt/

https://www.france24.com/fr/vid%C3%A9o/20210629-la-ville-de-paris-inaugure-sa-premi%C3%A8re-colocation-pour-seniors-lgbt

https://www.lepoint.fr/societe/apres-des-vies-de-secret-les-seniors-gays-toujours-en-quete-de-discretion-23-06-2017-2137718_23.php

 

En attendant notre prochain article, n'oubliez pas de suivre notre podcast sur ces Femmes qui Osent

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