Beaucoup voient en elle une journaliste d’investigation intransigeante. A contrario, son nom fait trembler certains politiques et grands patrons, car il est souvent associé à Cash Investigation, magazine d’enquête qu’elle présente. Elle, c’est Élise Lucet, dont le visage fait partie du paysage audiovisuel. Les sondages révèlent qu’elle est l’une des animatrices préférées des Français. Selon elle, le téléspectateur doit se faire sa propre idée avec l’information la plus transparente qu’on lui communique. En lisant ces lignes, vous vous imaginez certainement un cursus de jeune fille studieuse passée par les étapes classiques du journalisme. Il n’en est rien ! À travers cette biographie d’Élise Lucet, Celles qui Osent revient sur le parcours atypique de cette femme déterminée.
L’enfance heureuse d’Élise Lucet en Normandie : une curiosité précoce pour les autres
Née le 30 mai 1963 à Rouen, d’un père professeur d’anglais et d’une mère institutrice, Élise passe chaque été 2 mois à camper en Europe avec ses parents et sa sœur. C’est lors de ces voyages qu’elle développe sa curiosité des autres grâce à son père qui entre en contact très naturellement avec tous les voyageurs rencontrés pendant ces séjours.
Élise vit une enfance empreinte de liberté dans la campagne normande : copains, insouciance, maison familiale ouverte où l’on reçoit du monde. Son père, également chanteur et compositeur, côtoie un entourage éclectique.
Biographie d’Élise Lucet : le journalisme après une scolarité chaotique
Un parcours scolaire difficile
Élise n’aime pas l’école : elle s’y ennuie, tout y est trop statique. Elle aimerait apprendre autrement. Vers l’âge de 10 ans, rêvant de devenir volcanologue, elle a l’audace d’écrire à Haroun Tazieff en personne, pour se renseigner sur le cursus requis. La réponse de celui-ci l’a définitivement découragée de s’orienter dans cette voie, vu le niveau d’études demandé pour accéder au diplôme (double agrégation de mathématiques et physique…).
Il faut mentionner une autre anecdote, comme une prémonition : à 12 ans, consciente du regard admiratif de sa mère pour Christine Ockrent (à l’époque présentatrice du journal télévisé), Élise jure d’être un jour à sa place !
Le parcours scolaire d’Élise Lucet est donc chaotique. En terminale, elle sèche les cours de mathématiques et de physique alors qu’elle prépare un bac scientifique. Néanmoins, elle le décroche in extremis.
Un exil salvateur à l’étranger
Elle déserte ensuite très rapidement les bancs de la fac et fréquente des punks à crête ! Ses parents sont déroutés mais ont toujours eu confiance en elle.
Après une première année blanche à la fac, elle part apprendre l’anglais à Calgary comme jeune fille au pair. Ce séjour canadien est révélateur : elle y découvre, par le biais d’amies, une radio étudiante à laquelle elle contribue. Elle est aussi dynamisée par la mentalité de ce pays qui montre qu’on ne réussit pas forcément en faisant des études, et qu’on peut échouer et recommencer.
À son retour en France, elle écrit à Radio France ainsi qu’à FR3 (dénomination de France 3 à l’époque).
La force d’une personnalité : d’une radio locale au 13 h de France 2
Quelque temps plus tard, en 1983, Élise Lucet est contactée par Radio France Caen. Elle y fait une rencontre déterminante avec Francis Gaugain, qui la forme et lui transmet la rigueur. Très vite, son enthousiasme et sa rapidité d’apprentissage sont remarqués. En parallèle, Élise comprend que ce métier de journaliste répond en tout point à ses aspirations.
Puis tout s’enchaîne : repérée par Henri Sannier (France télévision était dans le même immeuble que celui de Radio France Caen), il la fait démarrer comme reporter au 19-20 de la chaîne FR3, puis elle en devient présentatrice de 1990 à 2005. Elle incarne ensuite le visage du journal télévisé de 13 h de France 2 de 2005 à 2016.
Malgré cette popularité grandissante, Élise Lucet est toujours restée discrète sur sa vie privée, notamment pour préserver sa fille, Rose, née en février 2007 de son union avec Martin Bourgeois, un antiquaire. En 2011, un drame est venu assombrir sa vie de femme : le décès de son mari d’une grave maladie à l’âge de 43 ans.
L’ascension d’une journaliste d’investigation intransigeante
Un besoin de journalisme de terrain
Dès 1994, alors qu’elle présente le 19-20 sur FR3, Élise Lucet a besoin de revenir au journalisme de terrain. Elle lance le magazine scientifique mensuel Nimbus, dont elle est rédactrice en chef et présentatrice, toujours sur FR3. Celui-ci devient Science 3 en 1995. En 2001, elle conçoit l’émission Pièces à conviction sur France 3, qui durera 11 ans.
C’est en 2012 qu’elle crée Cash investigation avec Laurent Richard et Jean-Pierre Canet. Ce magazine d’enquête propose une formule attrayante : le téléspectateur voit le déroulé d’une enquête longue et minutieuse, menée par un nombre important de journalistes mobilisés sur le sujet. Élise Lucet va sur le terrain, parfois dans des lieux de représentation publique, pour y interpeler directement les personnalités ciblées. Hors de question d’avoir affaire aux seuls services de communication de ces politiques ou grands patrons.
La pugnacité en toile de fond
Son objectif : aller chercher l’information directement, sans rien lâcher malgré les refus et les questions qui dérangent. Ne manquant jamais une occasion de souligner le travail porté par toute une équipe, elle estime qu’il est du ressort du service public d’informer sur des sujets délicats. L’évasion fiscale des multinationales, le lobby du tabac ou encore l’opacité des frais appliqués par les banques sur leurs clients : elle ne recule devant aucun sujet épineux. On découvre alors une Élise Lucet pugnace et déterminée, mais toujours professionnelle, loin de l’image policée de la présentatrice du JT de France 2. Chaque émission fait souvent grand bruit et suscite la polémique comme la dernière en date sur l’exploitation de nos données personnelles.
Élise Lucet représente l’efficacité d’un journalisme intègre et opiniâtre. Valeur sûre de France 2, elle participe depuis 2007 à l’animation des soirées électorales aux côtés de David Pujadas et présente, depuis 2016, Envoyé spécial.
Pour en savoir plus sur le parcours d’une autre journaliste, Celles qui Osent vous propose de découvrir la biographie de Waad al-Kateab, une Syrienne qui livre un tout autre combat.
Géraldine Dubois, pour Celles qui Osent
En attendant notre prochain article, n'oubliez pas de suivre notre podcast sur ces Femmes qui Osent
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[…] Elle fera certainement l’objet d’un article sur Celles qui Osent ! En attendant, nous vous invitons à relire celui d’une autre journaliste d’investigation, Élise Lucet ! […]