Dans la mythologie grecque, les Amazones sont de redoutables guerrières, connues pour leur agilité au combat et leur bravoure. Elles apparaissent pour la première fois dans l’Iliade, d’Homère, en tant que personnage de fiction, puis reviennent fréquemment dans la mythologie grecque. De nombreux héros de l’Antiquité les ont affrontées, que ce soit Thésée, le fondateur d’Athènes, lors de son duo avec l’Amazone Antiope, ou encore Achille et Penthésilée, durant la guerre de Troie. Libres et conquérantes, les Amazones étaient aussi bonnes combattantes que les hommes. Aujourd’hui, elles semblent être devenues des symboles d’égalité et d’émancipation féminine. Retour avec Celles qui Osent sur l’histoire de ces guerrières légendaires.
Les femmes Scythes ont inspiré les Amazones de la mythologie grecque
Les Amazones de la mythologie grecque sont inspirées d’un peuple bel et bien réel, les Scythes. La Scythie était le nom donné par les Grecs à un vaste territoire, allant de la mer Noire, aux alentours de l’actuelle Turquie, à la Mongolie. Ces peuples, nomades, étaient connus pour être d’excellents cavaliers ; ils ne se déplaçaient qu’à cheval. Les Grecs firent leur rencontre au 7e siècle av. J.-C., lorsque ces derniers colonisèrent les rives de la mer Noire. Ces dernières années, des sépultures scythes, datant de 2500 ans, ont été découvertes dans l’actuelle Sibérie. Les archéologues ont par ailleurs révélé que leur mode de vie était très égalitaire entre les hommes et les femmes.
Les Scythes vivaient, en tant que nomades, dans des territoires hostiles, notamment en raison des guerres intertribales. Ainsi, hommes et femmes devaient prioritairement défendre la tribu. La société grecque, elle, était beaucoup plus « paternaliste » : la position des hommes était « supérieure » à celles des femmes. À ce jour, un tiers des femmes scythes découvertes par les chercheurs ont été enterrées avec des armes, et leurs os portaient des traces de blessures et de combat. Les Amazones ne sont donc pas une pure invention des Grecs pour mettre en valeur leurs propres « héros masculins ». Car pourtant, si les textes mythologiques les évoquent, elles ne gagnent jamais un seul combat…
Les Amazones, mythe d’égalité et d’émancipation
Les Amazones présentes dans les représentations culturelles antiques font partie des rares personnages féminins, dont le savoir-faire et l’intelligence sont similaires à ceux des hommes. Elles ont même inspiré Platon dans son ouvrage Les Lois. En effet, le philosophe préconise que filles comme garçons soient formés à « l’équitation, l’archerie, le lancer de javelot et le maniement de la fronde ». Ce dernier écrit :
« Si j’en suis cru, la loi prescrira aux femmes les mêmes exercices qu’aux hommes ; et je ne crains pas que la course à cheval et la gymnastique ne conviennent qu’aux hommes et point du tout aux femmes. Je suis persuadé du contraire sur d’anciens récits […]. »
Ce sont les femmes scythes qui, selon Platon, ont prouvé que « dans l’éducation et tout autre domaine, les femmes devaient pouvoir être sur un pied d’égalité avec les hommes et suivre le même mode de vie qu’eux ».
Les Amazones telles qu’elles sont décrites dans la mythologie, s’organisent au sein de sociétés matriarcales. La légende raconte que ces dernières tuaient les enfants mâles pour ne garder que les filles, et faire ainsi perdurer leur société non mixte. Les Grecs racontaient aussi qu’elles ne prenaient pour amants que des hommes infirmes ou estropiés, pour se protéger de la potentielle violence masculine. Selon la légende, elles se coupaient le sein droit pour être de meilleures archères. Or, il suffit de regarder une femme tirer à l’arc pour constater qu’elles ne sont en aucun cas gênées par leurs seins… La poitrine mutilée et la féminité très singulière des Amazones ont participé, entre autres, aux mythes.
Des femmes hypersexualisées : les Amazones de la pop culture
Aujourd’hui, certaines héroïnes actuelles, dans les jeux vidéos, la bande dessinée ou le cinéma, sont directement inspirées des Amazones. C’est par exemple le cas de Wonder Woman. Créée par l’auteur William Moulton et le dessinateur Harry G. Peter, Wonder Woman apparaît pour la première fois dans une bande dessinée publiée en 1941. De son vrai nom Princesse Diane de Themyscira, elle est issue de la reine des Amazones, Hippolyte, qui aurait sculpté son corps avec de l’argile avant de lui donner la vie. Dans les années 1940, en pleine Seconde guerre mondiale, l’émancipation des femmes commence, notamment avec l’implication de celles-ci dans l’effort de guerre. Martson écrivait, à propos de Wonder Woman : « Honnêtement, elle est un personnage de propagande psychologique en faveur de l’établissement d’une femme nouvelle qui, je crois, devrait diriger le monde ».
Alors bien sûr, les représentations de Wonder Woman sont, dès le début, très sexualisées : elle est dénudée, sa poitrine et ses cuisses sont mises en avant, et correspond aux standards de beauté. La Wonder Woman de la pop culture n’échappe donc malheureusement pas aux male gaze, comme les Amazones dans le mythe grec.
Victoria Lavelle pour Celles qui Osent
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