Amy Winehouse, la grande voix du jazz partie trop tôt

Amy Winehouse, née dans une famille juive de Londres, se fera remarquer très tôt pour ses talents en chant et musique. Mais ce n’est qu’en 2008 que le monde va tomber fou amoureux d’elle. Sa carrière démarre sur les chapeaux de roues mais sera ternie par des problèmes d’addictions. La chanteuse charismatique au style rétro marquera les esprits avec sa voix sensuelle et ses mélodies jazzy, blues et pop. Découvrez le destin tragique de cette jeune fille d’apparence sage qui avait tout pour réussir, et qui accèdera au rang de star interplanétaire en un seul album.

Une passion précoce pour la musique

Amy a été exposée à la musique très tôt, elle baigne dans cet univers. Elle est très proche de sa grand-mère, chanteuse de jazz, et se fera tatouer son prénom sur son épaule. Son père chauffeur de taxi est aussi chanteur à ses heures perdues. 

Prédestinée à être un star

Amy intègre l’école de théâtre Susi Earnshaw Theatre School et prend très jeune des cours de chant. Ses professeurs se plaignent de son comportement dissipé en cours. Elle se fait remarquer par sa présence sur scène où elle se sent très à l’aise. Se découvrant une passion pour la musique, elle crée son premier groupe avec ses amis d’enfance à l’âge de 10 ans ! A 14 ans, elle apprend la guitare et compose ses propres chansons.

Les premiers pas

Amy débute modestement sa carrière en jouant dans des bars et les boîtes de jazz, épaulée par Nick Shymansky, ami d’enfance et producteur. Son petit ami de l’époque envoie une maquette à un label. Auteur et interprète, Amy n’a pas sa langue dans sa poche et son style séduit. En 2003 sort son premier album intitulé simplement “Frank” produit par Salaam Remi et Mark Ronson. Elle n’a que 20 ans. 

Sur la pochette, Amy a l’air joyeuse et ingénue. La chanson “You Should be stronger than me” a beaucoup de succès. Amy parle de son petit ami et déplore que malgré qu’il soit plus âgé qu’elle, il ne soit pas plus costaud mentalement et qu’elle se sent être l’homme dans le couple. Amy aura l’habitude de parler de ses relations sentimentales de manière brutalement honnête et sans fard, avec en prime de belles punchlines : “Feel like a lady and you my lady boy”. 

se former à la rédaction web

Le public l’adore instantanément. Elle est invitée à jouer sur des festivals et assure le spectacle avec son groupe au style rétro. Sa voix surprend car quand on l’écoute, on croit entendre une chanteuse de blues noire-américaine.

Provocante, rebelle, torturée

Amy a toujours été une rebelle et aime provoquer. Déjà au lycée, elle défie constamment l’autorité. Forte tête et grande gueule, elle se fait renvoyer de l’école à 14 ans. Elle fait ses premiers piercings et tatouages à 16 ans. Seuls le théâtre et le chant semblent canaliser son énergie. Son père rencontre une autre femme alors qu’elle n’a que 18 mois. Souvent absent, il rate les moments importants de sa vie. Le divorce est prononcé alors qu’elle n’a que 9 ans, il disparaît de sa vie. Amy adolescente en sera très affectée, elle aura tendance à chercher la figure paternelle dans ses relations sentimentales avec les hommes.

Même si elle n’en parle jamais, Amy a des troubles alimentaires de boulimie et d’anorexie (elle mange à excès puis se fait vomir). La disparition de sa grand-mère avec qui elle était très liée l’affectera beaucoup. Elle souffre de dépression et d’angoisse. L’alcool et le cannabis l’aident à s’échapper de la réalité. 

Premiers succès et premiers déboires avec la drogue

Un succès fulgurant

En 2006 sort son second album “Back to Black” et Amy devient une star mondiale. Dès sa sortie, c’est l’album le plus vendu en Angleterre. Il est récompensé par 5 prix aux Grammy Awards en 2008. C’est aussi la première fois qu’une femme artiste reçoit une telle reconnaissance dans le milieu de la musique. “Back to Black” sera certifié disque de platine six fois. L’album bat des records de ventes, il se vendra à près de 11 millions d’exemplaires. Amy est propulsée sous les projecteurs, et le monde découvre une artiste authentique avec une sensibilité à fleur de peau. Comparé à son premier album, celui-ci est assez sombre. Les morceaux comme Rehab et Love is a Losing Game sont aujourd’hui cultissimes. Sa voix de velours incarne le blues et transporte alors qu’elle se livre avec mélancolie et tristesse sur sa relation houleuse avec son petit-ami : tromperie, sexe, rupture, dépression, alcool. 

Une rencontre qui change sa vie pour le meilleur et pour le pire

Amy s’achète un appartement à Camden Town, le temple londonien du punk et de la fête. Elle sort beaucoup et s’adonne à tous les plaisirs. C’est une femme libérée qui se fout des carcans imposés aux femmes. Elle rencontre dans un bar Blake Fielder-Civil, fils d’un professeur, adepte comme elle de la vie de la nuit et dragueur notoire et c’est tout de suite le coup de foudre. 

Amy découvre que Blake prend en cachette de la cocaïne et du crack. Elle qui était contre ses drogues dures est initiée, et deviendra accro en 6 mois. Ce mode de vie festif est le quotidien du couple : elle boit beaucoup d’alcool et sa consommation de drogues va monter crescendo. Elle est amaigrie en raison de ses troubles alimentaires. 

Blake la quitte brusquement pour une autre femme. C’est de cette trahison dont parle la chanson “Back to Black” : “Nous nous sommes dit au revoir qu’avec des mots / Je suis morte des centaines de fois / Tu retournes avec elle / Et moi je retourne broyer du noir.” Après la rupture, elle noie son chagrin dans l’alcool au point d’inquiéter ses proches. C’est d’ailleurs ce qu’inspire le célèbre tube Rehab, “Ils ont essayé de m’envoyer en cure de désintoxication, j’ai dit Non, Non, Non…” A cause de son père, Amy rate une occasion en or de traiter son problème d’alcoolisme. 

Amy Winehouse, une artiste vulnérable en proie à ses démons

Son père qui avait quitté le foyer familial réapparaît quelques années plus tard. Amy le choisit comme manager, ce qui ne sera pas dans son intérêt. Ni sa famille ni son entourage ne semblent réussir à la protéger et l’éloigner définitivement de ses démons. 

Une relation toxique et tumultueuse

Peu après la sortie de son album, elle fréquente à nouveau Blake. Pour beaucoup, son retour n’est pas une coïncidence, c’est un opportuniste. Grâce à Amy, il a accès à des fonds illimités et peut mener un certain train de vie. Par amour, elle plonge avec lui. Tel des amants maudits, ils se marient même sur un coup de tête. C’est à cette époque qu’Amy change radicalement de look, et s’habille de façon très féminine et provocante. Ses robes sont courtes. Ses yeux sont maquillés de larges traits noirs d’eyeliner et ses cheveux sont laqués sur sa tête en choucroute. Telle la pinup Betty Boop, elle ne sort jamais sans ses talons hauts. L’icône Amy Winehouse est née. 

La séparation et la descente aux enfers

Sa relation fusionnelle avec Blake semble de plus en plus houleuse. La drogue comble le vide de leur histoire et les maintient soudés. Une photo prise par les paparazzis choque le public : son mascara a coulé sur son visage, son corps est en sang par endroits, lui a des griffures et du sang sur le corps et le visage. Leur relation est bel et bien toxique et Amy est sous emprise. Blake, qui connaît des déboires avec la justice, est condamné et incarcéré pour vol. Amy est effondrée, elle semble toucher le fond. Le public et sa famille vont être les témoins impuissants de sa descente aux enfers. Plusieurs fois par jour, elle fait des mélanges extrêmement nocifs de crack, cocaïne, ecstasy, kétamine et alcool. Les paparazzis étalent ses frasques dans la presse : on la voit désorientée, hébétée, le regard vide. Elle n’a plus que la peau sur les os. Sur scène, elle apparaît saoule, oublie les paroles de ses chansons, ne tient plus debout et se fait huer.  Amy, l’artiste, n’est plus que l’ombre d’elle-même. Après plusieurs crises et overdoses où elle frôle la mort, elle accepte finalement de se faire aider. 

Un acharnement médiatique qui lui pèse

L’éloignement de la scène salutaire

Amy entame une cure de désintoxication qui lui sera très bénéfique. Elle semble réellement vouloir se sevrer et réaliser que sa relation avec son petit ami est destructrice. Une procédure de divorce est lancée. En 2009, elle s’éloigne de l’agitation de Londres et part se reposer sur l’île caribéenne Sainte-Lucie. Elle se sent visiblement mieux. Elle passe du temps avec sa famille et travaille sur de nouveaux morceaux avec son producteur Salaam Remi.

Amy promet qu’elle ne consomme plus de crack mais malheureusement, l’alcool coule à flots sur l’île. Personne ne pense à l’empêcher de boire, ce qu’elle continuera à faire avec excès. 

La violation de sa vie privée

Amy avait choisi Saint-Lucie comme havre de paix pour se ressourcer. Mais elle est suivie par une équipe de journalistes envoyée par son père, qu’elle voit comme une intrusion dans sa vie privée. 

Amy a le malheur de devenir célèbre à l’époque où les réseaux sociaux Facebook et YouTube explosent. Les paparazzis pourchassent les célébrités sans relâche et sans limite. Ils se postent devant chez elle et épient ses moindres déplacements. Elle a de violents accrochages avec eux. Son addiction aux drogues créent des problèmes de bipolarité, et ses frasques font les choux gras des tabloïds. 

La célébrité et ses désagréments ont eu un énorme impact psychologique sur Amy. Elle est moquée, raillée dans tout le pays et harcelée. Fragile, Amy n’était pas prête pour un tel battage médiatique. De nature anxieuse et ayant peu d’estime d’elle-même, elle avait recours à l’alcool et la drogue pour “fonctionner” normalement. 

Amy Winehouse, l’électron libre de la musique

Des collaborations prestigieuses 

Amy était très demandée, les artistes qui ont collaboré avec elle parlent tous de son énergie créatrice débordante et de son génie pour l’écriture. Elle flirte avec tous les styles musicaux : rock, hip hop, blues, soul, pop qui nourrissent son style indéfinissable. Elle réalise un duo avec l’idole de son père Tony Benett, une star mondiale du jazz. Elle collabore avec Ghostface Killah, un rappeur du collectif américain Wu-Tang Clan. Son producteur Salaam Remi lui présentera un de ses protégés, Nas, figure incontournable du hip-hop new yorkais. Les deux artistes sont réunis sur la chanson “Cherry Wine” en 2012, et à nouveau en 2019, sur la chanson “Find my love“, réalisée à partir d’enregistrements inédits de la voix d’Amy. Amy prendra sous son aile la jeune Dionne Bromfield, chanteuse de soul, avec qui elle monte sur scène. 

Une énergie créatrice frustrée

En juin 2011, elle remonte sur scène pour une tournée européenne de 12 dates à Belgrade, après 3 ans d’absence. C’est une véritable catastrophe : elle titube sur scène et est incohérente. Sa tournée sera immédiatement annulée. Selon le documentaire “Amy” de Asif Kapadia, son manager l’aurait traîné dans un jet privé alors qu’elle était inconsciente. Amy se serait saoulé pour ne pas faire cette tournée et refuse de chanter sur scène. Il devient évident que Amy est lasse de se répéter et aspire à de la nouveauté. Elle ne s’épanouit que lorsqu’elle laisse libre cours à sa créativité, et voit son art comme un moyen de s’exprimer et non de vendre des places de concert. Toutes les chansons de son second album lui rappellent sa relation avec son ex. On peut se demander pourquoi Amy n’est pas retournée en studio, alors qu’elle n’était clairement pas en état d’assurer une tournée.

Le choc de sa mort accidentelle 

Le 30 juillet 2011, le corps inerte d’Amy est retrouvé dans son appartement londonien. Elle avait bu énormément après une longue période d’abstinence. Affaibli par les cocktails explosifs de drogues et d’alcool, et fragilisé par l’anorexie, son cœur a lâché. Sa carrière si prometteuse se termine brutalement alors qu’elle n’a que 27 ans. Elle était pourtant restée “clean” depuis 3 ans, des examens médicaux lui avaient diagnostiqué de graves problèmes pulmonaires en raison du tabac et de la prise de drogues. 

Beaucoup de questions restent en suspens : Était-elle entourée de personnes néfastes pour elle ? Est-ce que ses proches ont tout fait pour l’aider à s’en sortir, et peut-on réellement sauver un “addict” ? 

Conclusion

Le jour de l’annonce de sa mort, ses fans se massent devant son appartement et la pleurent. Elle laisse un vide immense dans le monde de la musique. Sa famille, ses amis, ainsi que de nombreux artistes et producteurs resteront à jamais inconsolables. Amy préparait son 3e album… Si elle était encore en vie, on ne peut imaginer la qualité des morceaux qu’elle aurait produit avec son talent hors du commun ! Elle aurait sûrement éclipsé beaucoup d’artistes contemporains avec sa voix envoûtante, ses textes authentiques et son originalité. You will be missed Amy.

 

Véronique Lavroff pour Celles qui Osent.

En attendant notre prochain article, n'oubliez pas de suivre notre podcast sur ces Femmes qui Osent

Celles qui osent instagram
2 Comments
Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.