Aretha Franklin est incontestablement connue comme une des plus grandes chanteuses américaines. Icône intemporelle et modèle pour de nombreuses femmes Afro-Américaines, sa voix puissante a consacré l’avènement de la musique soul dans les années 60. La biographie d’Aretha Franklin nous éclaire sur sa trajectoire fulgurante, des premiers chants gospel de son enfance jusqu’à ses succès avec Atlantic Record, sur fond de lutte pour les droits civiques. Elle nous dévoile aussi les contradictions d’une femme blessée dont la quête d’amour aura été le fil conducteur.
Une enfance sous le signe du gospel
Aretha Franklin voit le jour le 25 mars 1942 à Memphis dans le Tennessee. Elle est la fille d’une chanteuse et pianiste gospel et d’un brillant pasteur baptiste dont les sermons rayonnent dans toute l’Amérique.
Marquée par cette figure paternelle reconnue et admirée, Aretha grandit dans un milieu aisé et culturellement favorisé, loin du ghetto mais pour autant consciente des inégalités que la société américaine impose aux personnes de couleur.
Le couple Franklin se sépare suite aux infidélités de son père, sa mère quitte le foyer. Elle décèdera 4 ans plus tard, laissant un vide qu’Aretha n’aura de cesse de combler. La petite fille est confiée au pasteur, ils s’établissent à Detroit pour échapper à la ségrégation qui règne dans les États du sud. À cette époque le Nord est plus progressiste et offre de meilleures opportunités à une communauté noire qui rêve de dignité.
Le pasteur Franklin croit en une éducation autoritaire et aux vertus des enseignements religieux. Mais il est surtout un humaniste éclairé et ouvert d’esprit. Dès son plus jeune âge, Aretha va côtoyer des musiciens et artistes de renom qui vont forger sa culture musicale.
Cette ouverture va imprégner sa personnalité et marquer son caractère d’une double empreinte, la foi et la sensibilité musicale. En accompagnant son père lors de ses prêches dans les grandes villes américaines, l’adolescente est rapidement reconnue pour son talent. Elle sort son 1er album en 1956 à seulement 14 ans. Elle démarre donc sa carrière très jeune, influencée par des pointures gospel de l’époque comme Clara Ward ou Mahalia Jackson, amies de la famille qui représenteront aussi les figures maternelles qui lui manquent.
Les années Atlantic : une reine pour la musique soul
À 18 ans, Aretha quitte le nid et part faire ses armes à New York où elle signe un premier contrat chez Columbia en 1960. Elle veut être une chanteuse de Jazz mais le succès n’est pas au rendez-vous. Elle peine à trouver sa voie et se disperse dans un répertoire trop varié.
C’est avec le label Atlantic Record que la magie va opérer : conscient du grand potentiel de la jeune chanteuse, le producteur Jerry Wexler comprend l’importance des influences qui ont construit Aretha. Il la dirige alors vers un registre entre gospel et blues où sa signature vocale et son talent de pianiste vont lui permettre d’affirmer son propre style. Le mariage entre la force spirituelle du gospel et les paroles profanes des chansons d’amour fonctionne : avec plus d’un million d’exemplaires vendus, la chanson “I’ve never loved a man” va signer le début des années de gloire.
La fin des années 60 est marquée par le mouvement pour la reconnaissance des droits civiques des Afro-Américains et la carrière de la chanteuse va bénéficier de ce contexte politique et social. Martin Luther King, grand ami de la famille, fera souvent appel à Aretha pour accompagner ses sermons. La chanteuse sera alors perçue comme un symbole du mouvement et la reprise du titre d’Otis Redding “Respect” va devenir l’étendard de cette cause. Mais le respect que réclame la chanteuse est avant tout destiné aux femmes : sa voix s’élève comme un plaidoyer féministe qui fait écho à ses expériences sentimentales douloureuses. À travers ces deux engagements, le style d’Aretha trouve alors son public qui la consacre “reine de la soul” en 1966.
Biographie d’Aretha Franklin : le côté obscur d’une femme tourmentée
Les années 70 et l’arrivée du disco sonnent le glas des années fastes pour la musique soul. Après tant d’années de reconnaissance, Aretha est délaissée par le public. Cette traversée du désert va faire ressurgir les démons que le succès avait provisoirement fait taire.
La disparition précoce de sa mère a laissé des traces dans le cœur de la petite fille. Depuis l’enfance, elle souffre de troubles alimentaires : la boulimie va entraîner des périodes de prise de poids qui seront souvent pointées du doigt par les médias. Ses addictions au tabac et à l’alcool, qu’elle combattra aussi tout au long de sa vie, dévoilent cette facette vulnérable. Aretha se veut solide et conquérante : lorsque son succès décline, elle refuse cette image qui met à mal son statut de reine.
Si l’histoire voit en elle une figure féministe, son parcours sentimental dévoile le portrait d’une femme blessée par des relations amoureuses passionnées mais destructrices. À travers ses chansons, Aretha prône la dignité et l’émancipation des femmes. Paradoxalement, elle s’attache à des hommes violents et infidèles, délaissant ceux qui pourraient la rendre heureuse. Mère pour la première fois à 13 ans et divorcée deux fois, elle considère sa vie privée comme un échec. Ce qu’elle n’a pas réussi en tant que femme, elle va continuer à le chercher à travers le public. Mais à partir des années 80 elle n’est plus sur le devant de la scène. Cette frustration la rend colérique, jalouse des jeunes chanteuses qui lui volent la vedette. Elle se comporte comme une diva capricieuse, annule certains concerts et se fâche avec de nombreuses personnes de son entourage privé et professionnel.
Lorsqu’elle s’éteint en 2018 à la suite d’un cancer du pancréas, la reine de la musique soul laisse un héritage musical impressionnant avec 75 millions d’albums vendus et de multiples récompenses. En mettant sa voix unique au service des causes qui marquaient son époque, elle a transmis un message intemporel. Au-delà de l’image de la star et de ses succès, la biographie d’Aretha Franklin nous fait découvrir le parcours d’une femme sensible et engagée dont les chansons résonnent comme un hymne à la liberté.
En attendant notre prochain article, n'oubliez pas de suivre notre podcast sur ces Femmes qui Osent
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[…] réalité, les airs qui l’ont bercée sont ceux qu’écoutait sa mère, fervente admiratrice d’Aretha Franklin. Les mélodies de Curtis Mayfield et Mahalia Jackson peuplent également ses souvenirs d’enfance. […]