Ashley Graham est une mannequin grande taille engagée, qui mène la vie dure aux phobiques des corps tout en rondeurs. Bousculée par une vie pas toujours rose, elle a su se faire une place dans un milieu conformiste où règne la grossophobie. Ambitieuse et déterminée, elle n’a jamais cessé de croire en ses rêves. C’est avec humour et conviction que la plantureuse brunette livre ses combats féministes. Découvrez la biographie d’Ashley Graham, l’avocate de la mode inclusive et du Body Positive.
Biographie d’Ashley Graham : les débuts tourmentés du mannequin de « seconde classe »
Grandir en étant « hors-normes »
Née le 30 octobre 1987 dans l’État du Nebraska, Ashley est l’aînée d’une famille chrétienne. Adolescente, elle est mal dans sa peau. Assumer sa poitrine généreuse, sa taille 44 et son mètre 75 n’est pas chose aisée, surtout quand ses camarades de classe passent leur temps à se moquer de son apparence. Atteinte de dyslexie et d’un trouble de déficit de l’attention, son père ne l’épargne pas non plus. Il lui rabâche continuellement qu’elle est « stupide ».
À seulement 12 ans, elle est repérée dans un centre commercial. Un an plus tard, elle signe un contrat de mannequin avec l’agence Wilhelmina Models pour la section grande taille. La jeune femme doit alors faire face à de nombreuses critiques et s’entend dire qu’au mieux, elle posera pour des catalogues de vente par correspondance.
Tomber pour mieux se relever
À 17 ans, la jeune modèle part s’installer à New York. Là-bas, l’univers impitoyable du mannequinat n’est pas tendre avec elle. Elle doit travailler plus dur que les autres et remet sans cesse en question sa légitimité. Parce qu’elle a des formes, elle est traitée différemment et se sent obligée de justifier sa présence à tel ou tel défilé. Ashley connaît des moments difficiles, notamment un abus sexuel lors d’une séance photo. Constamment critiquée sur son poids, ses agents lui demandent « d’arrêter les Snickers » sinon elle pourra dire adieu à sa carrière. Cette grossophobie ambiante lui fait toucher le fond : elle se drogue, rencontre les mauvaises personnes et néglige sa santé physique et mentale. Totalement détruite et désemparée, elle confie à sa mère vouloir rentrer à la maison. La réponse que cette dernière lui donne ce jour-là résonne encore en elle comme des paroles prophétiques : « Tu ne peux pas. Un jour, ton corps va changer la vie de quelqu’un ». C’est à partir de cet instant qu’Ashley réalise qu’elle ne doit pas abandonner son rêve et qu’elle mérite sa place. La mannequin se donne alors une mission de vie : refaçonner l’industrie de la mode pour que toutes les femmes puissent être représentées, peu importe leur taille, leur poids, leur âge ou leur couleur de peau.
L’ascension fulgurante de celle qui ose s’affranchir des diktats de la mode
Une percée médiatisée
Décidée à faire bouger les choses, Ashley persévère et devient de plus en plus populaire, notamment grâce à une campagne pour la marque de lingerie Lane Bryant, réalisée en 2010. Elle y met en avant sa poitrine généreuse, mais la publicité, jugée trop osée, est censurée par la télévision américaine. Cette mésaventure fait le tour des médias et la propulse sur le devant de la scène ! En 2015, elle anime une conférence TEDx intitulée Plus-size? More like my size (comprenez « Grande taille ? Non ! Ma taille ! ») lors de laquelle elle partage son expérience en tant que mannequin, mais aussi son combat pour l’inclusion de tous les corps et l’acceptation de soi.
« Je me suis sentie libre le jour où j’ai compris que je ne rentrerai jamais dans le moule que la société tentait de m’imposer. »
2016 : l’année de la consécration
2016 est sans conteste l’année qui va marquer un tournant dans sa carrière ! Elle casse les codes en devenant la première mannequin ronde à faire la couverture de l’édition maillots de bain de l’emblématique magazine Sports Illustrated. La démocratisation des modèles « grande taille » semble bel et bien être en marche ! Mattel le prouve la même année en créant une Barbie à l’effigie d’Ashley à l’occasion de la sortie de la nouvelle collection « curvy ». La célèbre poupée adopte une taille élargie et des hanches plus fortes, fidèle à la silhouette de la brunette. Un nouveau pas vers une représentation plus réaliste de la diversité des corps féminins !
Des projets à la pelle
Plus rien ne semble arrêter l’ascension de la mannequin américaine aux courbes généreuses. Elle enchaîne les couvertures de prestigieux magazines comme Elle, Vogue et Harper’s Bazaar pour ne citer qu’eux, et devient égérie de nombreuses marques telles que Revlon, H&M et St.Tropez. Elle se lance également dans la création d’une ligne de lingerie pour Addition Elle, de maillots de bain pour Swimsuits for All, et entreprend une collaboration sur le long terme avec la marque de prêt-à-porter Marina Rinaldi. Elle sera également juge dans l’émission de télé-réalité America’s Next Top Model, pendant deux saisons.
Ashley est une touche-à-tout. En 2017, elle sort son premier livre intitulé A New Model: What Confidence, Beauty, and Power Really Look Like. Elle y partage son histoire personnelle, sa vision des choses sur l’image du corps dans l’industrie de la mode, et son cheminement vers l’acceptation de sa propre image. Un an après, elle s’essaye à la création audio avec son podcast Pretty Big Deal où elle reçoit de nombreuses personnalités aussi audacieuses qu’inspirantes, à l’instar de Kim Kardashian, Serena Williams et Emily Ratajkowski.
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Le combat d’Ashley Graham pour (re)donner le pouvoir au corps des femmes
Le Body Positive à tout prix
Avec plus de 16 millions d’abonnés, le compte Instagram d’Ashley est une ode au corps féminin, dans tous ses états. En mode sexy ou au naturel, elle affiche avec fierté ses bourrelets, ses vergetures, sa cellulite et déclare son amour à ses cuisses qui se touchent. D’ailleurs, la bombe aux courbes voluptueuses n’hésite pas à s’exposer en tenue d’Ève pour montrer que tous les corps sont beaux, même avec des imperfections. Apprendre aux femmes à s’assumer telles qu’elles sont, c’est le combat qu’elle a décidé de mener. Avec son mantra et hashtag #BeautyBeyondSize, le message est clair : la beauté n’est pas qu’une question de taille.
Elle n’échappe malheureusement pas aux haters qui continuent de déverser leur aversion pour les corps bien en chair sous chacune de ses publications. Le mental d’acier qu’elle s’est forgé tout au long de ces années de mannequinat lui permet de prendre du recul face aux critiques. Elle prend le soin de répondre à ses détracteurs sur un ton pédagogue, pour remettre les choses en perspective et renforcer son message de tolérance.
C’est grâce à son authenticité, son humour décalé et sa confiance en elle, qu’Ashley encourage de nombreuses femmes à aimer leur corps, sans condition. Sur son Insta, elle n’hésite d’ailleurs pas à montrer ses bourrelets et ses vergetures pour célébrer la beauté des femmes.
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La maternité sans filtre
Maman de 3 petits garçons, Ashley montre aussi son engagement féministe à travers sa maternité. Elle n’hésite pas à partager avec sa communauté des moments intimes de sa vie de jeune maman, comme ses accouchements à la maison ou ses allaitements. On peut la voir donner fièrement le sein dans un café ou tirer son lait tout en se faisant coiffer et maquiller pour un shooting photo.
En 2020, Ashley n’hésite pas à rebondir sur l’actualité pour libérer la parole sur un sujet encore trop tabou : le post-partum. La chaîne ABC avait censuré une publicité de la marque Frida Mom (spécialisée en produits de soins post-accouchement) qui devait être diffusée durant la cérémonie des Oscars. La vidéo mettait en scène une mère portant une culotte en filet, peinant à se rendre aux toilettes pour uriner et soigner ses points de suture post-épisiotomie. Ashley, qui venait d’accoucher, sauta alors sur l’occasion pour soutenir la marque et engager une lutte contre la désinformation sur la dure réalité du post-partum. Le top model postera une photo d’elle en culotte jetable, où elle interpelle sa communauté en commentant : « Levez la main si vous ne saviez pas que vous changeriez aussi vos propres couches ! ». Ces événements ont d’ailleurs inspiré la création du mouvement #monpostpartum en France. Depuis, des millions de témoignages font le tour des réseaux sociaux et lèvent le voile sur cette période de la maternité, trop longtemps passée sous silence.
Ashley Graham montre la réalité du post-partum en partageant un cliché d’elle portant une culotte jetable de maternité sur son compte Instagram :
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Malgré des débuts difficiles, la mannequin américaine n’a jamais cessé de croire en ses rêves. Elle prouve qu’avec une bonne dose de courage, de détermination et de confiance en soi, on peut arriver à de grandes choses. Avec le body positivisme comme cheval de bataille, elle a réussi à éveiller les consciences sur la légitimité de tous les corps, que ce soit dans le monde du mannequinat, ou dans la vie en général. Et vous, le portrait d’Ashley Graham vous a-t-il inspiré à mieux vous accepter comme vous êtes ?
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Marine Sabatier, pour Celles qui Osent.
Sources :
Marie Claire, Ashley Graham, la mannequin qui voit la mode en grand, 20/07/2021
L’Officiel, Ashley Graham : « C’est un long parcours que d’aimer son corps », 19/09/2018
Harper’s Bazaar, I’m every woman: How Ashley Graham is changing the world, 03/07/2018
Madame Figaro, #MonPostPartum, le hashtag qui brise le silence sur le vécu post-accouchement, 17/02/2020
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