Et si l’on vous disait que votre empreinte carbone est en fait deux fois plus élevée que ce que vous imaginez ? Et que ce n’est ni la faute d’un aller-retour express à New York, ni celle d’un pull Zara made in China, ni même celle d’un steak haché industriel. Mais d’un autre secteur. Moins visible. Moins tangible. La banque. Alors que les organismes financiers traditionnels accélèrent la crise climatique, les banques éthiques, elles, s’engagent au service d’une finance durable. Elles proposent une solution bancaire éco-responsable, à la portée de tous. Alors pourquoi votre épargne alimente-t-elle la catastrophe écologique ? Qui sont ces banques vertes et quelles sont leurs promesses ? Et comment se saisir concrètement du sujet en tant que particulier ? Parce que chez Celles qui osent les questions d’argent ne sont pas taboues, on fait les comptes.
Pourquoi banque et écologie sont intimement liées
Le mythe de l’argent qui dort
Vous êtes-vous déjà demandé ce qu’il advenait de votre argent une fois celui-ci déposé à la banque ?
Si vous n’êtes pas familier de l’univers des marchés financiers, difficile de vous l’imaginer. Peut-être vous attend-il sagement dans un petit coffre virtuel, dont le code d’ouverture ne serait autre que celui de votre carte bleue ?
Pas tout à fait. En réalité, votre argent est en perpétuel mouvement. Une fois placées sur un compte courant, un livret épargne ou encore une assurance vie, vos économies permettent aux banques de créer des financements destinés aux entreprises ou aux particuliers.
Mais à quels types de sociétés exactement s’adressent ces produits financiers ? Sur ce sujet, la rétention d’information règne en maître au royaume des banques traditionnelles. Et quand information il y a, le jargon technique utilisé ne favorise généralement pas la compréhension de tout un chacun.
Bref, le fantasme autour du monde de la finance est entretenu. Celui d’un écosystème complexe, réservé à quelques érudits.
Un système bancaire au service des industries les plus polluantes
Le problème réside dans le fait que ces financements sont accordés en grande majorité à des entreprises qui aggravent le réchauffement climatique et participent au déclin de la biodiversité.
En 2019, les quatre premières banques françaises ont accordé – à elles seules – près de 60 milliards d’euros à l’industrie des énergies fossiles. Industrie qui, rappelons-le, est à l’origine de 80 % des émissions de CO2 dans le monde.
Et ce n’est pas tout. Contrairement à ce qui avait été convenu lors de la signature des Accords de Paris sur le climat, les investissements à destination de ces organisations ont tout bonnement progressé depuis 2016.
Chaque année, les conclusions du rapport du GIEC (le Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat de l’ONU) tirent pourtant la sonnette d’alarme : il est nécessaire d’arrêter toute expansion de nouveau projet fossile pour pouvoir espérer atteindre l’objectif de réchauffement de +1,5 °C d’ici la fin du siècle.
C’est bien loin d’être le cas…
En résumé, vous contribuez au développement de nouveaux projets d’exploitation de charbon, de gaz et de pétrole. Ces mêmes projets dont vous déplorez sans doute les conséquences dramatiques sur le monde du vivant. Et ce, sans en être vraiment conscient.
Se battre contre quelque chose dont on a initialement financé la construction. Drôle de paradoxe, non ?
La planète le paie cash
Selon Oxfam France, l’empreinte carbone des banques tricolores représente près de 8 fois les émissions de gaz à effet de serre de la France entière.
En tant que particulier, l’argent que vous déposez à la banque est donc votre premier poste d’émissions de CO2.
Le constat est sans appel. Vous polluez plus par votre épargne, que par votre propre consommation.
Pour le vérifier, vous pouvez d’ailleurs calculer l’empreinte carbone de votre compte bancaire sur le site d’Oxfam France. N’hésitez pas à nous donner les résultats que vous obtenez en commentaire.
Autrement dit, s’il fallait prioriser vos actions en faveur d’un monde plus durable, la question des banques serait la n°1.
Prendre conscience du problème est une première étape. Mais la suite alors ? Existe-t-il des alternatives bancaires durables ? OUI (heureusement) !
Les banques éthiques et écologiques : une alternative responsable
Qu’est-ce qu’une banque éthique ?
La FEBEA (Fédération Européenne de Finances et Banques Éthiques et Alternatives) explique que ces banques ont vocation à dépolluer la finance.
« Elles ont comme objectif d’avoir un impact économique, social et environnemental positif dans la collecte et dans l’utilisation de l’argent. »
Ces éco-banques disent « non » à la lucrativité déraisonnée en orientant leur choix d’investissement vers des activités respectueuses de l’environnement et des Hommes. Elles soutiennent par exemple des projets issus de l’agriculture biologique, des énergies renouvelables ou encore du commerce équitable.
Plus spécifiquement, les banques éthiques et responsables encouragent des initiatives d’entrepreneuriat au féminin, notamment au travers d’interventions en microcrédit et microfinance. Un point qui nous tient évidemment à cœur chez Celles qui osent.
A contrario, elles s’engagent à ne pas reverser un seul euro aux entreprises qui représentent un risque direct pour la planète.
À noter qu’en investissant dans des projets responsables, elles minimisent au passage le risque d’être aspirées tôt ou tard dans une nouvelle crise financière.
Une relation client basée sur la confiance et la transparence
D’autre part, en faisant preuve de pédagogie, ces banques du futur souhaitent démystifier les produits financiers et ré-inclure les clients dans les processus de décision.
Contrairement aux établissements bancaires classiques, elles tendent aussi à offrir à leurs bénéficiaires une transparence des plus complètes sur leurs activités de financement. La clientèle des banques durables est ainsi parfaitement informée quant à l’utilisation de ses fonds.
Ce faisant, les banques deviennent des partenaires de confiance, en parfait alignement avec les nouvelles attentes des particuliers.
Un levier ultra puissant à portée de main
Les banques sont des partenaires de taille dans la lutte contre le réchauffement climatique. L’épargne des ménages, c’est 400 000 milliards de dollars dans le monde. Et 5 000 milliards d’euros en France. Autrement dit du (très) lourd.
Imaginez la force de frappe du secteur bancaire s’il était mis au service de la transition écologique !
Selon Alexandre Poidatz, porte-parole d’Oxfam France :
« La finance représente autant un danger qu’une opportunité pour la planète. »
Comment reprendre le contrôle de son argent en faveur d’une finance durable et verte ?
Bitch Better Have My Money
Lors d’une visioconférence organisée par La Base, Maeva Courtois, cofondatrice d’Helios et brillant exemple de leadership au féminin, explique que chaque individu a le pouvoir de s’engager pour la planète :
- en tant que citoyen par le vote ;
- en tant que consommateur par l’acte d’achat ;
- mais aussi en tant qu’épargnant par le placement de son argent !
Concrètement, comment bien endosser cette troisième casquette ?
La première étape consiste à en parler autour de vous. En effet, l’ampleur de la pollution générée par les banques conventionnelles reste encore largement méconnue du grand public.
La deuxième étape est d’aller questionner ouvertement votre conseiller bancaire sur l’emploi qui est fait de vos euros.
Si la réponse ne vous satisfait pas, vous pouvez choisir de vous orienter vers une banque éthique. C’est la troisième étape. Et pas des moindres !
Choisir sa banque éthique : top 3 des organismes financiers durables et solidaires en France
Dans un guide éco-citoyen, l’association Amis de la Terre place La Nef en première position, suivie du Crédit Coopératif.
1. La Nef
La Nef est une coopérative financière qui propose des solutions d’épargne et de crédit dirigées vers des projets ayant une utilité écologique, sociale ou culturelle.
Il s’agit par ailleurs du seul établissement bancaire français qui rend compte de l’ensemble des financements effectués chaque année grâce à l’argent confié par ses sociétaires et épargnants.
Petit point négatif, à ce jour, La Nef ne propose pas la gestion de comptes courants.
2. Le Crédit Coopératif
Le Crédit Coopératif est une banque ET une coopérative (comme son nom l’indique).
En ce sens, elle offre une solution plus complète avec la possibilité d’ouvrir un compte courant.
Banque historique de l’Économie Sociale et Solidaire, elle n’offre cependant pas une transparence totale sur l’usage qui est fait de l’argent déposé par ses clients.
3. Helios
La petite nouvelle !
Cette néo-banque éthique a pour vocation d’apporter le même type de services technologiques qu’offrent aujourd’hui ses concurrents classiques, en investissant uniquement dans des secteurs en lien direct avec la transition énergétique. Le tout, en assurant une traçabilité totale des dépôts qui lui sont confiés. À suivre de près !
Objectif compte épargne dans une banque solidaire et éthique
Même s’il est aujourd’hui très simple d’ouvrir un compte en banque, il peut être plus compliqué de fermer les anciens, a fortiori si vous avez déjà un ou plusieurs prêts sur les bras.
Toutefois, vous n’avez pas à mettre tous vos œufs dans le même panier. Vous pouvez tout à fait conserver un compte courant dans votre banque actuelle et confier votre épargne à une enseigne plus green !
Bref, les banques éthiques font partie de celles qui osent. Qui osent bousculer un système traditionnel poussiéreux, qui n’est plus en alignement avec les besoins du monde. Elles vous montrent le chemin vers une économie durable. Vous pouvez choisir de marcher avec elles.
Et comme l’explique Julia Ménayas, seconde cofondatrice d’Helios, dans un épisode du podcast Basilic :
« On s’est rendu compte qu’on pouvait faire tout ce qu’on voulait dans sa vie quotidienne pour essayer de lutter contre notre impact et le limiter. Si aujourd’hui, les banques continuent de financer sans condition des industries qui polluent, ces efforts-là sont vains. »
Alors, allez-vous oser changer pour une banque verte ?
Si la thématique du durable vous intéresse, alors ces articles vont vous plaire :
Charlotte Combret pour Celles qui Osent
Sources
- https://www.ran.org/bankingonclimatechange2020/
- https://www.ipcc.ch/languages-2/francais/
- https://www.oxfamfrance.org/rapports/banques-des-engagements-climat-a-prendre-au-4eme-degre/
- https://www.febea.org/sites/default/files/page-files/charte_febea_fra_3.pdf
- https://www.facebook.com/watch/live/?v=242204927148685&ref=watch_permalink
En attendant notre prochain article, n'oubliez pas de suivre notre podcast sur ces Femmes qui Osent
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