Elle ose l’affirmer dans une conférence TEDx où elle raconte son histoire : Barbara Pravi est parolière, musicienne et chanteuse. Elle a dû surmonter un fort syndrome de l’imposteur pour se lancer dans une carrière d’artiste professionnelle. Amoureuse des mots depuis l’enfance, elle a fleuri dans la musique. Confrontée au machisme, Barbara s’est battue pour imposer son propre style. Un combat qui a payé, puisqu’elle a été élue pour représenter la France au concours de l’Eurovision 2021 avec une chanson très personnelle : Voilà. Son allure sobre et sa voix vibrante lui valent d’être comparée à Edith Piaf, mais elle a créé un univers bien à elle. Une “pop à textes” à la fois moderne et rétro, poétique et engagée. Avec Celles qui osent, découvrez le parcours inspirant de Barbara Pravi.
Une enfant rebelle
Barbara Pravi est née le 10 avril 1993 à Paris, au sein d’une famille d’artistes multiculturelle. Elle a des origines serbes par son père, et iraniennes par sa mère. Son nom de famille signifie “authentique” en serbe. “De ces deux pays, Serbie et Iran, j’ai le feu dans le sang, le courage, l’amour du partage, et aussi (mauvais coté !) la véhémence et la violence parfois. De la France j’ai la langue, la culture, les livres, j’ai Paris, j’ai les mots, j’ai la poésie, la voix” explique-t-elle sur le site de l’Eurovision. Un cocktail poétique et explosif !
Enfant, elle est rebelle et même “insupportable”, selon ses propres mots. Hors des clous du système scolaire, insolente avec les professeurs, elle travaille cependant assez pour passer dans les classes supérieures. Sa passion pour les lettres est un sérieux atout. Elle se sent musicienne dans l’âme, mais n’imagine pas en faire son métier. Sa culture musicale, c’est principalement la chanson française (Barbara, Brel, Brassens, Nougaro) mais aussi la musique de son époque : Taylor Swift, Ed Sheeran, Lorde… Sans oublier Céline Dion ! “Chanter Céline Dion à tue-tête, tu verras ça défoule” invite-t-elle dans une de ses chansons.
Le cœur et la raison
À 18 ans, ne sachant pas vraiment quoi faire, Barbara s’inscrit en fac de droit. Elle voit les autres réussir, tandis qu’elle échoue à s’épanouir dans cette voie. Son mal-être réduit comme peau de chagrin le peu de confiance qu’elle a en elle. Elle sombre dans la dévalorisation et l’isolement. D’un côté, la raison lui somme d’obtenir un diplôme, pour prouver ses capacités. De l’autre côté, son cœur la supplie d’arrêter, et de se demander ce qu’elle veut vraiment faire. Heureusement, sa meilleure amie, qui a toujours cru en son talent de chanteuse, la pousse à tenter sa chance. Dès lors, le chemin s’éclaircit. Elle commence à écrire des chansons, tourne ses premiers clips, se sent pousser des ailes. En 2015, elle signe avec le label Capital records. Le problème, c’est qu’elle intègre un milieu majoritairement masculin, avec un manager qui veut la transformer en lolita.
Se libérer de l’emprise
À ses débuts au sein du label, Barbara est tellement convaincue de la supériorité et du talent des producteurs qu’elle les laisse piloter sa carrière. Ils n’écoutent pas sa volonté de composer ses propres chansons, et préfèrent la cantonner au rôle d’interprète. N’ayant pas de diplôme en musique, elle ne se sent pas légitime devant eux. Elle retombe dans la dévalorisation et ses dérives : elle subit du harcèlement moral et de la violence verbale.
Soutenue par un entourage bienveillant, elle parvient à se libérer de l’emprise de personnes toxiques et coupe les ponts avec son équipe artistique. Elle décide “de ne plus avoir peur, et de ne plus laisser personne me parler avec violence”. Barbara comprend qu’il va lui falloir beaucoup de courage et de travail pour parvenir à faire carrière dans la musique par elle-même.
Accepter d’être soi et s’affirmer
Après avoir rompu avec son équipe, elle se retrouve sans repère. Il ne lui reste qu’une option : se faire confiance et se poser des questions simples : “Qu’est-ce que je veux raconter ? Quelle est mon histoire ?”. Plus que tout, elle veut être elle-même, être vraie. Accepter d’être soi, de s’écouter et de prendre des décisions, faire les choses par soi-même, quitte à faire des erreurs.
“C’est ça l’authenticité. C’est chercher la flamme à l’intérieur de soi.
C’est ne jamais éteindre le feu.
C’est ressentir, c’est vibrer, c’est être aligné avec soi.”
Elle explique dans sa conférence TEDx que le futur paraissait être un grand vide. Avec le recul, avoir osé sauter dans l’inconnu est ce qui lui a permis de se sentir “plus confiante, plus forte, plus fière et plus indépendante”. Elle s’est prouvé qu’elle avait les capacités de rebondir, et qu’elle était “forte de tout ce qu’elle avait compris”. Elle a pu devenir la “patronne de son existence” et “sa propre guide”.
“Il n’y a pas d’ambition trop grande, pas de rêve trop petit. »
De la comédie musicale à l’Eurovision
Barbara Pravi est une artiste multiforme qui participe à des projets variés. En 2016, elle compose la bande originale du film Heidi. En 2017, elle joue dans la comédie musicale Un été 44. Elle marque les esprits par son interprétation magistrale de Seulement connu de Dieu, de Charles Aznavour, à la scène finale du spectacle. La même année, elle sort son premier single, Pas grandir, issu de son album éponyme. Elle fait ensuite la première partie de la tournée de Florent Pagny, pour qui elle écrit des chansons.
En effet, en parallèle de sa propre carrière, Barbara est parolière pour de nombreux artistes : Yannick Noah, Louane, Chimène Badi, Julie Zenatti… Avant d’être sélectionnée pour représenter l’Hexagone à l’Eurovision en 2021, elle signe les deux dernières chansons de la France à l’Eurovision Junior : Bim Bam Toi de Carla en 2019, ainsi que J’imagine de Valentina, gagnante de l’édition 2020. Bim Bam Toi a obtenu un TikTok d’Or pour avoir obtenu un million de vidéo-contributeurs sur le réseau social.
En 2020, Barbara produit un nouvel album intimiste, Reviens pour l’hiver.
Une artiste engagée pour les droits des femmes
Ayant été elle-même victime de violences verbales et physiques, Barbara Pravi est engagée pour la cause des femmes. Chaque année, le 8 mars, elle crée une chanson qui soutient les droits des femmes. Elle a notamment réécrit avec talent Kid, d’Eddy de Pretto en 2018, et participé à la reprise de l’hymne féministe Debout les femmes avec 38 autres chanteuses. L’année suivante, elle reprend Notes pour trop tard d’Orelsan, en mash-up avec sa propre chanson Le Malamour, qui parle des violences conjugales. En 2020, c’est son expérience de l’avortement à 17 ans qu’elle livre dans le morceau Chair. Cette année, pour la journée des droits des femmes, elle produit un mini-album de 6 prières qui signifient pour elle “une autre facette de la liberté et la force {…} De la douceur, de l’amour, des prières pour les autres, pour soi, pour tout ce qui nous entoure, et même pour ce qu’on ne voit pas.”
Barbara Pravi a été bien inspirée de se battre pour créer et partager son univers unique. La richesse culturelle existe grâce à la diversité des sensibilités artistiques. Par sa musique, elle invite chacun à s’aimer, à s’accepter et à s’affirmer. Elle prône aussi la bienveillance entre les femmes et les hommes, pour grandir ensemble en communion.
Nous lui laissons le mot de la fin, extrait de sa réécriture de Notes pour trop tard :
“Apprends à t’aimer toi
T’es quelqu’un de spécial
Spécial, c’est suffisant”
Pas grandir (extrait)
J’vois bien que quand on est une femme, il faut tout accepter
Obéir à plus fort que soit et puis tout encaisser
J’veux des amants et pas des maîtres car moi je n’veux pas me soumettre
Être une femme c’est trop compliqué, j’aimerais continuer de rêver
Il faut être fort et responsable
Y a plus grand place pour l’insouciance
Si j’avais su j’aurais pris l’temps
De rester un peu en enfance
En attendant notre prochain article, n'oubliez pas de suivre notre podcast sur ces Femmes qui Osent
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[…] n’y a pas longtemps, j’ai été subjuguée par la réécriture de Barbara Pravi, « Notes pour trop tard ». J’ai eu l’impression qu’elle me comprenait dans mon intimité […]