Le cancer du sein masculin, une maladie encore trop confidentielle

On le surnomme « le crabe »… Il s’insinue machiavéliquement quand on ne l’attend pas. Et parfois même jusque dans la poitrine… des hommes. Car oui, ceux-ci sont aussi pourvus de tissus mammaires. Rares sont ceux qui doivent y faire face, car le cancer du sein de l’homme concerne moins de 1 % des cas de cancers du sein recensés. Néanmoins, en France, environ 500 hommes le contractent chaque année d’après l’Institut national du cancer. Il est si inhabituel que le pronostic est parfois très (trop) tardif. Ce retard pénalise les patients, qui doivent alors combattre des phases plus avancées, avec des traitements lourds. Celles qui Osent redéfinit avec vous les facteurs de risques, les symptômes, et s’attarde aussi sur la solitude des hommes atteints du cancer du sein masculin

Le cancer du sein masculin : une maladie due en partie aux déséquilibres hormonaux

Le cancer se définit comme un ensemble de cellules qui, échappant au contrôle de l’organisme, se multiplient à l’infini. Il envahit les tissus voisins, les détruit, puis se répand en métastases. Si le cancer de la prostate demeure le plus fréquent pour les hommes, ils ne sont malheureusement pas épargnés par celui des seins. Les déséquilibres hormonaux en sont généralement à l’origine. Plus de 9 cancers du sein masculins sur 10 sont hormono-dépendants ; la croissance des cellules cancéreuses est stimulée par les hormones sexuelles, œstrogènes, progestérone ou androgènes.

D’autres facteurs peuvent majorer les risques de cancer dans le cas masculin :

  • l’âge ;
  • les antécédents familiaux ;
  • une prédisposition génétique ;
  • le syndrome de Klinefelter ;
  • une exposition aux rayonnements ou la cirrhose du foie.

Le cancer du sein de l’homme est généralement diagnostiqué chez les plus de 60 ans. Si un parent proche, homme ou femme, l’a eu, les probabilités de le contracter augmentent. En effet, 15 à 20 % des cas seraient liés à une histoire familiale et à une mutation héritée du gène BRCA2.

Si l’homme est atteint du syndrome de Klinefelter, un trouble héréditaire chromosomique très rare, le risque s’accroît aussi puisque le taux d’androgènes est bas et le taux d’œstrogène élevé. Cette problématique se retrouve également chez les foies endommagés par une cirrhose.

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De plus, les travailleurs des aciéries, des hauts fourneaux, ou de chaînes d’assemblage de moteurs sont à risques, car les températures perturbent le fonctionnement testiculaire. Une exposition antérieure aux rayonnements sur le thorax augmente le risque de cancer du sein chez l’homme.

La gynécomastie (le développement exagéré des seins chez l’homme), l’obésité, la consommation d’alcool, les problèmes au niveau des testicules ou les traitements médicaux à base d’œstrogènes peuvent aggraver les risques.

Des symptômes du cancer du sein de l’homme trop souvent ignorés

Généralement, une masse indolore inhabituelle, située près du mamelon, apparaît. D’autres signes et symptômes peuvent se manifester :

  • écoulement ou saignement du mamelon ;
  • encroûtement du mamelon ;
  • mamelon qui pointe soudainement vers l’intérieur (mamelon inversé) ;
  • douleur ou enflure au sein ;
  • masse au niveau de l’aisselle (creux axillaire) ;
  • lésion ouverte (ulcère) sur la peau du sein.

Les symptômes tardifs se manifestent si le cancer grossit et se propage dans d’autres zones corporelles.

  • perte de poids ;
  • douleur osseuse ;
  • toux ou essoufflement ;
  • jaunisse.

Les campagnes d’octobre rose encouragent les dépistages précoces, mais les hommes ignorent souvent qu’ils sont aussi concernés. Il est possible, même pour eux, de pratiquer l’autopalpation des seins et de rester vigilants sur les signes inhabituels. Toute anomalie est à signaler à un médecin*.

(* Attention, cet article ne se substitue en aucun cas à un avis médical)

La difficile acceptation des hommes atteints par ce cancer, qui n’est pas que féminin

L’évolution de la maladie et la prise en charge (diagnostic, traitement et suivi) sont identiques chez l’homme ou la femme. Les traitements sont personnalisés en fonction des cas. Les médecins établissent un protocole de chimiothérapie, de radiothérapie ou d’hormonothérapie. La communauté médicale a constaté que l’action des chimiothérapies semble moins concluante pour les hommes que pour les femmes.

L’hormonothérapie, elle, propose une alternative plus satisfaisante, mais provoque des effets secondaires indésirables tels que les bouffées de chaleur et une réduction de la libido. Nombre de patients décident d’arrêter ce traitement avant les 5 ans prescrits. La cancérologue médicale Barbara Pistilli souligne aussi les difficultés d’acceptation du médicament. « Il est important d’offrir un accompagnement spécifique à ces patients, principalement psychologique. Ils font face à ces problèmes qui, dans la conscience collective, sont associés aux femmes, et ils se sentent très souvent isolés. ». D’après elle, « chez les hommes, les tumeurs mammaires ont souvent eu le temps de s’étendre aux ganglions voisins, ce qui plaide en faveur d’une mastectomie. Par ailleurs, même lorsque la tumeur est peu étendue, les essais de chirurgie conservatrice n’ont jamais été réalisés chez les hommes, on fonde notre pratique sur l’expérience acquise chez les femmes. »

Ceux qui ont recours à la mastectomie (l’ablation d’un ou des deux seins) doivent ensuite entreprendre un cheminement vers l’acceptation de soi, avec parfois des cicatrices.

⏩ Pour Alexia Cassar, tatoueuse et fondatrice de The Tétons Tattoo Shop, « se reconstruire n’a pas de genre ». Elle propose le tatouage artistique décoratif comme thérapie…

⏩ Lisez aussi notre article sur le tatouage thérapeutique pour se reconstruire après un cancer du sein

 

Les cancers représentent tristement la deuxième cause de mortalité dans le monde en 2015 (d’après les statistiques du Global Burden of Disease Cancer Collaboration), après les maladies cardiovasculaires. Le cancer du sein est le plus fréquent et le plus mortel pour les femmes (même si la mortalité diminue), mais il demeure encore trop peu connu pour les hommes. Malgré une prise en charge parfois très tardive, le taux de survie à 5 ans est de l’ordre de 80 %. Plusieurs études sont en train d’être menées afin d’améliorer les soins du cancer du sein chez les hommes. De plus en plus d’études cliniques menées sur cette maladie recourent aux patients masculins. La Fondation contre le cancer de Belgique consacre actuellement 6,3 millions d’euros pour financer des mandats postdoctoraux. Rêvons que la recherche et les avancées scientifiques permettent bientôt de lutter radicalement contre ce maudit « crabe »…

⏩ Redécouvrez notre interview de Catherine Cormerais et Catherine Bondu, fondatrices de l’Embell’vie, un lieu de ressourcement à Clisson pour les malades du cancer du sein.

 

Violaine B — Celles qui Osent

Sources :

https://www.e-cancer.fr/Patients-et-proches/Les-cancers/Cancer-du-sein/Cancer-du-sein-chez-l-homme
https://www.fondation-arc.org/actualites/2019/cancer-du-sein-chez-lhomme-itineraire-dun-patient
https://www.frm.org/recherches-cancers/cancers-en-chiffres

En attendant notre prochain article, n'oubliez pas de suivre notre podcast sur ces Femmes qui Osent

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