Marcia Baila, C’est comme ça, Andy… Depuis plus de 40 ans, Catherine Ringer fait danser les Français et les Françaises au son de sa voix chaude et puissante et d’une instrumentation psychédélique aux accents pop-rock. Connue du grand public grâce au Rita Mitsouko, son duo musical formé avec Fred Chichin, décédé en 2007, l’artiste continue d’arpenter les salles de concert de l’Hexagone. Elle a récemment féminisé la Marseillaise lors de la cérémonie célébrant l’entrée du droit à l’IVG dans la Constitution.
Catherine Ringer, un début de carrière au théâtre musical
Catherine Ringer naît en 1957, d’une mère architecte et d’un père peintre d’origine juive polonaise, rescapé des camps de concentration, dont elle raconte l’histoire dans C’était un homme, titre des Rita Mitsouko paru en 2000. Enfant, elle écoute les Velvet Underground, les Rolling Stones, mais aussi Georges Brassens ou encore la chanteuse égyptienne Oum Kalthoum. Elle pose à partir de ses 8 ans pour des catalogues de mode mais quitte très tôt le domicile familial, à 13 ans, pour partir vivre avec son amoureux, qu’elle qualifiera bien plus tard, en 2017, de « pervers narcissique » sur le plateau de C à vous :
“J’ai été victime de 13 ans et demi à 20 ans d’un pervers narcissique qui m’a entraînée dans les zones pornographiques, dans le viol. J’étais une petite jeune abandonnée par des parents qui ne connaissaient rien à ça. Il faut dire qu’on vivait une époque dans les années 1970 — je ne suis pas la seule à avoir vécu ça — où on disait : « on va se libérer », « vive l’amour libre ».”
La jeune Catherine s’intéresse à la danse, au théâtre et au chant, et quitte définitivement l’école à 15 ans pour se dédier à ses passions artistiques. À 18 ans, elle chante notamment dans plusieurs pièces de théâtre musical et travaille pour des metteurs en scène reconnus, comme Michel Puig ou Michael Lonsdale. Un an plus tard, en 1976, elle rencontre la chorégraphe argentine Marcia Moretto, à qui elle rendra hommage dans la chanson Marcia Baila, et se produit comme danseuse au Café de la Gare ou au théâtre Le Palace, deux lieux emblématiques de la nuit parisienne.
À peine majeure, Catherine Ringer tourne dans une vingtaine de films pornographiques pour se faire un peu d’argent. Son passé d’actrice X sera révélé au grand public courant des années 1980, avec la réédition en VHS de certains de ses films sur lesquels les Rita Mitsouko sont crédités. L’artiste n’a jamais caché ses expériences, et s’en est plusieurs fois expliquée en interview. La séquence de Serge Gainsbourg, ivre, la traitant de pute sur un plateau télévisé, est entrée dans les mémoires. Catherine Ringer avait d’ailleurs rétorqué : « vous, vous êtes le dégueulasse type », et plusieurs spectateurs avaient salué sa répartie et son sang-froid. Quelques années après, elle reviendra sur son expérience du porno sur le plateau de Mireille Dumas et parlera des violences dont elle a été victime.
L’aventure des Rita Mitsouko
Catherine Ringer et Frédéric Chichin se rencontrent lors de la mise en scène d’une comédie musicale en 1979 et tombent amoureux. Dès lors, ils ne se quittent plus. Catherine est un peu fauchée, quelques peu frustrée par sa carrière de chanteuse de théâtre. Fred vient de sortir de prison pour une histoire de drogue. Le groupe attire l’attention par l’originalité de sa musique et son look déjanté, et choisi définitivement le nom de Rita Mitsouko en 1981, en référence à la stripteaseuse Rita Renoir et au parfum Mitsouko de Guerlain. Leur premier album sort en 1984. C’est le succès immédiat, notamment grâce au titre Marcia Baila, écrit en hommage à l’ancienne professeure de danse de Catherine. Le clip participe à la popularité de la chanson. On y voit Catherine Ringer vêtue d’un corset signé Jean-Paul Gauthier, se déhanchant aux côtés de Fred Chichin sur un décor conçu par la Figuration libre, un collectif d’artistes alors très à la mode.
De 1984 à 2007, le groupe sort onze albums, et parvient sans cesse à se renouveler. Il y a d’abord les paroles, mi-tragiques, mi-comiques, comme dans Marcia Baila où Catherine Ringer chante, telle une artiste lyrique, le cancer et l’agonie de Marcia Moretto, ou Le petit train, qui raconte la déportation des Juifs, accompagnée à la guitare par Fred Chichin. Les instrumentations se nourrissent des tendances musicales de l’époque : rock, punk, new wave… parvenant ainsi à rassembler un large public. L’aventure des Rita Mitsouko prend fin en 2007 avec la mort de Fred Chichin, foudroyé par une hépatite C. À partir de 2008, Catherine Ringer continue les concerts sous le nom de « Catherine Ringer chante les Rita Mitsouko and more ».
Catherine Ringer chante… Catherine Ringer
Si la mort de son partenaire et guitariste a été une tragédie pour Catherine Ringer, l’artiste a continué à faire carrière dans la musique et a sorti son premier album solo en 2009, enchaîné les tournées et raflé deux victoires de la musique suite à la sortie de son album ainsi que le prix spécial de la SACEM. En 2019, elle se lance dans une grande tournée de célébration des quarante ans des Rita Mitsouko. Sur scène, elle multiplie les hommages à Fred Chichin.
Artiste prolifique, Catherine Ringer rechigne pourtant à parler d’elle et n’évoque que très rarement sa vie privée. Dans une interview accordée au séquence de Serge Gainsbourg, elle assurait ne « rien raconter d’intéressant ». Icône de sa génération, mais pas seulement, la chanteuse a été invitée à interpréter séquence de Serge Gainsbourg, journée internationale des droits des femmes, célébrant l’entrée de l’IVG dans la Constitution. L’hymne a été quelque peu modifié pour l’occasion, Catherine Ringer ayant interpellé « citoyens » et « citoyennes », et s’étant félicitée de « l’entrée d’une loi pure dans la Constitution ».
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Victoria, pour Celles qui Osent
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