Fabienne, la trentaine, Doc Martens violette et boucles d’oreilles cerises aux oreilles, m’accueille du haut de son mètre quatre-vingts de générosité. Dans la vie, elle est enseignante et assume pleinement son mode de vie végane. Son challenge était pourtant difficile, car elle souhaitait à la fois concilier le véganisme à sa démarche de consommation zéro déchet, bio et locale. Celles qui Osent est parti à la rencontre d’une femme déterminée, qui a choisi, il y a cinq ans, de créer une cohérence quasi parfaite entre ses convictions profondes et sa vie quotidienne. Voici le mode d’emploi pour devenir végane, à vos carnets !
Le véganisme pour lutter contre la violence animale
Elle n’a jamais vraiment aimé la viande. Avant, elle mangeait sans plaisir du jambon et du poulet. « Et puis il y a eu le scandale des abattoirs dénoncés par L214 et là, ça a été le déclic. J’aime les animaux, mais je ne veux pas participer à leur souffrance. »
La transition s’est faite progressivement : elle a commencé par devenir végétarienne, puis végane. À l’époque, elle est en couple avec un « homme végane », qui lui explique sa démarche, et l’initie à sa façon de s’alimenter en accord avec ses convictions. Séduite, Fabienne fait le choix de devenir végane « car je suis contre la maltraitance, la souffrance et l’exploitation animale. » L’être humain a la possibilité de ne pas consommer de produits d’origine animale pour vivre. « Un animal ne doit pas autant souffrir pour mon simple plaisir gustatif. » Elle change alors totalement sa manière de consommer. Elle aurait pu se contenter du végétarisme mais “les animaux souffrent tout autant pour notre consommation de produits laitiers ou d’œufs. Leurs conditions de vie sont abominables : ils vivent enfermés, entassés, dans des conditions sanitaires déplorables. Une vache, pour produire du lait, doit donner naissance à un veau : ainsi, on insémine artificiellement tout au long de sa vie, pour un maximum de rendement, au détriment de sa durée de vie. Pour les poules, les poussins mâles sont broyés ou étouffés. Les poussins femelles ont leurs becs sectionnés, pour éviter qu’ils ne s’entretuent, entassés dans un hangar bien trop étroit. »
Évidemment, on peut choisir d’acheter au petit producteur d’à côté, mais comment être sûre des conditions d’élevage ? Face à toutes ces incertitudes, elle se décide à opter pour un mode de vie 100 % végan.« Si l’on me présente un plateau de fromages, cela me fait envie, certes, mais je pense à la vache que j’aurais martyrisée indirectement et l’envie me passe. » Elle VEUT respecter les animaux. Quand on décide de devenir végane, on a le droit de tout manger, mais c’est un CHOIX de ne pas vouloir le faire. Non, cela ne lui manque pas. « Au début, j’ai tenté de convaincre la Terre entière d’opter pour le véganisme, et j’ai arrêté. Je me contente désormais de répondre aux questions que l’on me pose. Je n’ai aucune vitrine de boucherie vandalisée à mon actif ! » me dit-elle en riant.
Cuisiner vegan : remplacer les ingrédients d’origines animales
Sa famille et ses amis s’adaptent au véganisme lors de repas conviviaux. Ils tentent même de nouvelles recettes et cela lui fait très plaisir. Au restaurant, elle choisit souvent des frites ou une salade, s’il n’y a rien d’autre. « Ce n’est “que” de la nourriture, l’essentiel est de passer un bon moment avec les personnes avec lesquelles je suis. » On trouve plus facilement des plats véganes dans la cuisine d’origine étrangère : libanaise, thaï, coréenne, etc. La cuisine française valorise de bons produits du terroir, issus pour la plupart des animaux. La France demeure le pays du fromage et de la gastronomie. « J’ai fait deux ou trois incartades en cinq ans, mais je tiens ma ligne de conduite, car c’est ce qui me permet de me regarder dans la glace : je reste en cohérence avec mes convictions. »
Pour cuisiner, j’ai commencé par des recettes véganes simples. Fabienne me liste des ingrédients méconnus qu’elle possède dans ses placards de cuisine. Je la charrie sur le célèbre tofu. @insolenteveggie « Le tofu, c’est comme la farine : ça n’a pas de goût, il faut le cuisiner pour lui en apporter. » Fabienne me liste toutes les recettes que nous avons tous l’habitude de réaliser, qu’elle a adaptées au véganisme. Son gâteau au yaourt est réalisé avec un yaourt au lait de soja. Ses pancakes sont faits avec de la compote (en remplacement des œufs) et du lait végétal. Ses lasagnes contiennent du haché végétal ou des protéines de soja texturées. Son risotto est délicieusement préparé avec de la crème de cajou. Sa pizza au fromage végétal, son hamburger au steak de lentilles et ses crêpes au sirop d’agave sont très appétissants. Fabienne connaît toutes les astuces pour manger gourmand, tout en remplaçant les ingrédients habituels d’origine animale. Elle remplace ces matières grasses par de l’huile d’olive, de coco ou de tournesol et fabrique elle-même ses yaourts au lait de soja. Son chocolat est exclusivement noir ou au lait de riz. « Envie d’un bon chocolat chaud ? Pas de problème, j’ajoute au chocolat noir en poudre du lait de noisette plutôt que du lait de vache, bien meilleur ! » Il existe une alternative végétale au foie gras, du veg’gras, de la marque Gaïa. Les alternatives sont innombrables.
Vous pouvez consulter le site https://vegan-pratique.fr pour trouver des recettes véganes diverses et variées. Étonnamment, nous consommons déjà de nombreux aliments véganes, sans le savoir. Le compte Instagram @accidentellementvegan relaie de nombreux produits véganes disponibles en supermarché par exemple. Allez voir les comptes Instagram @marco.poischiche, @la_ carotte_masquee, @vegetalisation, @wheredoyougetyourprotein, @cestpasvegan, @insolenteveggie, @patateetcornichon, @marielaforetvegan ou encore @la.petite.okara qui sont très inspirants, pour leurs informations documentées sur le véganisme. Fabienne s’approvisionne au magasin bio, dans une épicerie vrac, au marché et dans de rares cas au supermarché. Les produits de base peuvent parfois coûter légèrement plus cher et nécessitent que l’on cuisine davantage de produits bruts. La vitamine B12 fait défaut à son alimentation, et se supplémente donc en conséquence. On supplémente d’ailleurs les animaux d’élevage en vitamine B12. La Petite Okara vient de poster une vidéo sur sa chaîne YouTube à son sujet. « Depuis que j’ai changé de mode de vie, ma santé est bien meilleure qu’auparavant », m’assure-t-elle.
Dans la salle de bain : exit les cosmétiques testés sur les animaux
Le véganisme ne se limite pas à sa cuisine ; il se retrouve aussi dans les produits de sa salle de bain. Contre l’expérimentation animale et les cosmétiques testés sur les animaux, elle choisit des marques éthiques : « j’utilise du savon d’origine végétale, du shampooing et d’autres produits des marques Lavera ou Weleda, que j’alterne avec un shampooing solide de la marque Savons Arthur. » Elle prend parfois le temps de fabriquer ses propres cosmétiques : crème pour le visage, baume pour le corps (au beurre de karité et à l’huile de coco). Elle achète du maquillage de la marque Zao : bio, végane et rechargeable, et adore le baume hydratant de la marque Comme avant ! « J’utilise du marc de café pour faire des gommages (et comme engrais pour mes plantes ou mes géraniums). Cela entretient même les canalisations, contrairement aux petites billes de plastiques présentes dans les gommages qui polluent l’eau » Sa brosse à cheveux est en poils synthétiques. Elle utilise un oriculi Lamazuna pour se nettoyer les oreilles ou des cotons-tiges avec un bâton en carton pour limiter le plastique. Sa brosse à dents est en bambou. Son dentifrice solide est de la marque Pachamamaï. Elle se démaquille à l’aide de lingettes lavables. Elle me prouve aisément que l’on se faire belle avec des produits véganes !
Il existe plein de DIY sur le site des Mouvements Zéro https://lesmouvementszero.com/zero-dechet/diy/ Concernant les produits d’entretien, elle utilise du vinaigre blanc ou du vinaigre d’agrumes : « je laisse macérer des écorces d’agrumes dans du vinaigre blanc pendant une quinzaine de jours puis j’ajoute la même quantité d’eau ». Elle recharge son liquide vaisselle à l’épicerie, tout comme la lessive. Elle utilise du bicarbonate, du jus de citron et du percarbonate pour son linge.
mode vegan : une vigilance sur la provenance des produits
Pour se vêtir, elle bannit tous les vêtements d’origine animale : laine, soie, cuir, duvet, fourrure, plumes… Comme pour tous ses achats, elle est très vigilante quant à la provenance de ses produits. « Mes premières chaussures véganes, je les ai trouvées sur le site vegetarian shoes. J’ai aussi adopté les baskets VEJA. Sa dernière acquisition est une paire de bottes… en cuir d’ananas de la marque Nae. « on dirait du vrai cuir, et non elles ne sentent pas l’ananas ! » plaisante-t-elle. Elle continue cependant à porter les écharpes en laine tricotées de sa grand-mère, car « jeter ces affaires à dimension affective pour en racheter d’autres, c’est absurde ». Récemment, elle tente de se convertir à la couture, car elle souhaite à terme coudre mes ses propres vêtements.
Au quotidien, elle n’utilise que des sacs réutilisables en tissu et des bocaux en verre pour aller faire ses courses. Pour bannir l’essuie-tout en papier, les feuilles d’aluminium et la cellophane, elle réalise un cirophane fait maison à la cire de soja. « On en trouve surtout à la cire d’abeille “bee-wraps”, mais le “soja-wrap”, lui, est végane ! » Si elle doit déjeuner à l’extérieur, elle emmène sa paille en inox (elle pense aux tortues et autres animaux blessés par les pailles plastiques), sa gourde, ses couverts en bambou réutilisables et une serviette en tissu. « J’ai toujours ma gourde avec moi, car je refuse d’acheter des bouteilles en plastique. Ma gourde Qwetch reverse une partie de son prix de vente à une association pour la sauvegarde des océans. » Elle me conseille de jeter un œil aux comptes inspirants @girl_go_green, @les_mouvements_zero ou @famillezerodechet.
DEVenir vegan pour transmettre, donner et contribuer à guérir la planète
Enseignante en collège, elle a créé un club éco citoyen qu’elle co-anime avec un collègue sensible à la cause environnementale. « Mes élèves savent que je suis végane ; désormais, ils sont contre l’huile de palme et veulent proposer des menus végétariens au chef de cuisine ! Ensemble, ils ont réalisé des affiches, des tawashi (sortes d’éponges tissées avec de vieilles chaussettes découpées) et mis en place des bacs pour le recyclage des stylos usagés, des piles et des cartouches d’encre. Pour le travail, elle utilise le moteur de recherche écoresponsable Écosia qui contribue à planter des arbres à chaque requête effectuée.
« J’espère qu’ils deviendront de véritables écocitoyens, c’est de l’avenir de la planète et leur futur qu’il s’agit aussi… » Elle fait des dons mensuels à trois associations différentes, dont L214. Ses autres dons sont pour des associations humanitaires diverses. « Comme les dons sont en partie déductibles des impôts, ils servent à des causes qui me tiennent à cœur. »
Elle assume pleinement ne pas avoir d’enfants et ne souhaite pas en avoir. Elle ne se considère pas comme « un modèle » ; son mode de vie n’est pas parfait. « J’utilise des huiles essentielles alors que les stations d’épuration ne sont pas en mesure de les traiter. Je porte des vêtements le plus souvent en fibres synthétiques qui polluent les océans. Le tofu et le fromage végétal que j’achète génèrent des emballages en plastique… Je possède un téléphone portable, un ordinateur, j’achète des vêtements neufs et non de seconde main. Ma voiture roule au diesel… » Elle ne s’érige pas en exemple, mais a décidé de limiter au maximum sa participation à la maltraitance animale et à la pollution planétaire. Oseriez-vous aussi adopter son mode de vie végane ?
Violaine B.
En attendant notre prochain article, n'oubliez pas de suivre notre podcast sur ces Femmes qui Osent
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