Les députés écologistes ont déposé jeudi 1er juin une proposition de loi visant à mettre en place le congé menstruel en France. C’est l’Espagne qui a été le premier pays européen à installer ce dispositif dans les entreprises, permettant aux personnes souffrant de règles douloureuses, ou « menstruations incapacitantes » de prendre 13 jours de congé par an. Cet arrêt de travail spécifique, cumulable avec le télétravail, est accessible grâce à un certificat médical renouvelable chaque année. Celles qui Osent vous explique pourquoi ce projet de loi divise, alors que le congé menstruel est pourtant déjà répandu ailleurs dans le monde…
Le congé menstruel, un sujet qui divise
Le congé menstruel est une période durant laquelle une personne souffrant de règles douloureuses peut prendre un, voire plusieurs jours de repos. Les règles demeurant toujours tabou au sein de notre société, la question du congé menstruel divise, car s’il peut permettre de soulager les femmes pendant leur cycle, il pourrait stigmatiser et discriminer les femmes. Fabienne El Khoury, porte-parole de l’association Osez le Féminisme qualifie le congé menstruel de « fausse bonne idée » dans une interview sur France Info :
« En fait, ce que cette loi dit, c’est que c’est normal que certaines femmes aient d’intenses douleurs et la solution, c’est de rester à la maison et ne rien faire, alors qu’on sait que la majorité des douleurs intenses est due à une maladie sous-jacente. (…) C’est à la société de mieux prendre en charge les femmes, investir dans la recherche pour faire cesser ces douleurs et pas juste dire aux femmes : “OK, ce n’est pas grave, vous pouvez être pliées en deux, mais restez chez vous”.
Derrière le congé menstruel se cache aussi le problème de la discrimination à l’embauche. Car, sur le marché du travail, les positions des femmes et des hommes sur le marché restent assez différenciées. L’étude de la DARES démontre la persistance d’inégalités en termes d’emplois et de salaires à la défaveur des femmes, particulièrement les moins qualifiées et les mères de plusieurs enfants. Le congé menstruel pourrait ajouter une crainte supplémentaire pour l’employabilité.
Le congé menstruel, bientôt en France ?
Les députés issus du groupe écologiste ont déposé, jeudi 1er juin, une proposition de loi devant l’Assemblée nationale visant à adopter le congé menstruel. Le texte prévoit notamment 13 jours d’arrêt par an, activables sous réserve de certificat médical pour “menstruations incapacitantes”. L’ensemble de la gauche soutient le projet de loi, et Élisabeth Borne s’était félicitée en avril dernier des initiatives de certaines entreprises ayant mis en place le congé menstruel.
Ces 13 jours de repos que prévoit le texte des écologistes seront pris en charge par la sécurité sociale, sans jour de carence. Quant à l’arrêt de travail, ce dernier ne mentionnera pas le motif du congé, dans le but d’éviter toute discrimination et stigmatisation. Le recours au télétravail peut également être envisagé. Les députés souhaitent également mettre en place une sensibilisation à la santé gynécologique et menstruelle. Le congé menstruel va-t-il enfin être adopté en France ?
Le congé menstruel, déjà répandu ailleurs dans le monde
En février 2023, les députés espagnols ont déjà adopté un projet de loi visant à créer un congé menstruel, une première en Europe. Pourtant, ailleurs dans le monde, notamment en Asie, le congé menstruel est déjà largement répandu. Par exemple, au Japon, ce dernier est inclu dans la loi depuis 1947, mais les jours non travaillés ne sont pas payés. Pour autant, près de 30% des entreprises proposent de rembourser partiellement ou entièrement ces congés, selon une étude menée en 2020 par le ministère du Travail japonais.
En Corée du Sud, les employées ont le droit à un jour de congé menstruel par mois, mais celui-ci n’est pas payé. Idem en Indonésie. À Taiwan, les personnes dont les règles sont douloureuses ont le droit à trois jours non travaillés par an, qui sont rémunérés. Sinon, plusieurs entreprises mettent en place un congé menstruel de leur propre initiative. C’est par exemple le cas de Zomato, compagnie de livraison en Inde, ou de Future Super, fonds de pension australien.
Ce sujet vous a plu ? N’hésitez pas à lire nos articles sur la précarité menstruelle, le cycle menstruel et travail, ou les applications de suivi des règles.
Victoria Lavelle pour Celles qui Osent
1 Comment
Bonjour consœurs,
Alors ça, c’est une sacrée nouvelle ! Merci de l’info.
Je ne suis plus concernée, vu mon grand âge… Toutefois, j’ai quand-même été renvoyée d’une mission intérimaire, par la « DIRECTRICE » de l’entreprise où j’avais été placée, quand je n’ai pu me rendre sur mon lieu de travail un jour de fortes douleurs !!!
À bientôt de vous lire à nouveau.
Ely