Question de boomer : qui se souvient du personnage incarné par Madonna dans le film « Recherche Susan désespérément » ? Pour celles et ceux qui ne connaissent pas, allez regarder la bande-annonce, ça vous donnera déjà un bon aperçu de la vibe dégagée par la Madone face à la caméra.
Vous la voyez cette dégaine ultra cool, ultra sexy, ultra provocatrice naturelle et surtout ultra libre ? La Susan du film (Madonna donc) de la réalisatrice Susan Seidelman, est cette fille libérée, culottée à qui on ne la fait pas, dont on comprend très vite que les fées ne se sont visiblement pas penchées sur son berceau ou ont, en tout cas, oublié la cuillère en argent. Elle zone, elle a la main leste dans les magasins pour attraper ce dont elle a besoin ou ce qui lui fait envie avec une facilité déconcertante, elle navigue dans New York comme un poisson dans l’eau. On ne sait pas où elle va, mais elle y va avec une détermination inébranlable. Son parcours urbain est ponctué de rencontres avec certains individus, éléments plus ou moins recommandables du réseau de cette audacieuse. Et elle leur tient la dragée haute.
C’est à cette Susan / Madonna que la Liane du film Diamant Brut de Agathe Riedinger fait immanquablement penser au début du récit. Avec une sûreté d’elle-même, une liberté enviable, elle déambule dans les boutiques et fauche tout ce qui lui tombe sous la main avec une facilité et une désinvolture surprenantes. Le spectateur n’est pas étonné de la tchatche dont elle fait preuve ensuite pour refourguer le fruit de ses larcins aux gens du quartier et à son entourage telle une vendeuse de camelote des grands magasins… du temps où il y en avait encore.
Une prison loin d’être dorée pour Liane dans Diamant Brut
Un film de femme donc. Encore un, direz-vous. Oui, mais pas des moindres, pas des moins nécessaires non plus. Ce film aurait pu s’appeler “la cage de Liane”. Cette sensation d’emprisonnement qui colle à la peau donne un ton particulier au long métrage. Évidemment, l’utilisation intentionnelle du format 4:3 contribue fortement à l’idée de la claustration. La vie de Liane est coincée. Dans sa famille bancale avec une mère défaillante et une petite sœur fascinée par une aînée qui tente de la protéger de ce qui l’attend tout en l’initiant malgré elle aux codes d’une féminité déjà virulente et revendicatrice.
Liane est coincée dans sa vie sociale, héroïne en rage, éprise de liberté mais sans autre choix que son Fréjus natal et ses fréquentations usées jusqu’à la corde.
Alors, Liane, incarnée par l’époustouflante Malou Khebizi, s’échappe comme elle peut, trimballant son jeune corps pourtant déjà érotisé à l’extrême. Elle aussi tient la dragée haute à celles et ceux qui lui manquent de respect.
La reconnaissance, Liane la trouve sur les réseaux sociaux où elle cumule un nombre impressionnant d’abonnés. Elle y affiche, comme il se doit, une vie rêvée, fait figure d’icône ou déclenche l’opprobre… comme il se doit. Assise dans la salle de bain de l’appartement familial insalubre, elle s’automutile sans broncher pour pouvoir arborer fièrement un nouveau tatouage, le poster dans sa dernière story et vendre du rêve à ses followers.
Du rêve à la réalité : combien de pas ?
Dans ce conte de fées moderne, la marraine providentielle apparaît sous les traits d’une directrice de casting qui a repéré le compte Instagram de la pauvre petite fille. Elle l’auditionne pour participer à une émission célèbre de télé-réalité. Des jeunes oisifs aux caractères bien trempés, se côtoient et s’embrouillent dans une villa de luxe. Ça vous dit quelque chose ? C’est normal… Pour Liane, sa porte de sortie est là, elle y croit et se bat bec et ongles avec toute la sauvagerie que lui confère son désir effréné de liberté et de réussite. Dans Diamant Brut, l’ascenseur émotionnel est en constante mobilité et nous entraîne dans la course hors d’haleine d’une jeune femme qui croit en ses rêves. Tout cela finira-t-il en happy end ? Vous trouverez la réponse en salle dès le 20 novembre 2024.
Julie, pour Celles qui Osent