Eugénie Le Sommer est devenue la meilleure buteuse de l’équipe de France féminine en dépassant les 82 buts. C’est trois fois plus que Zinédine Zidane et un nouveau record à son actif. En effet, elle possède l’un des plus beaux palmarès de son sport avec de nombreux titres individuels et collectifs. Grâce à sa régularité et à sa longévité, elle est surnommée la « taulière » par ses coéquipières. Enfant, Eugénie espérait être joueuse professionnelle, elle est devenue la footballeuse des records. C’est donc aujourd’hui l’une des meilleures au monde, mais le chemin s’est avéré compliqué. Voici la biographie d’Eugénie Le Sommer, la footballeuse qui rêvait d’une vie qui n’existait pas.
Le football, ce n’est pas pour les filles…
Née en 1989, Eugénie Le Sommer n’attend pas ses 5 ans pour commencer à « shooter » dans le ballon. Fille de footballeurs et entourée d’une fratrie de 9 enfants, elle plonge dans le monde du ballon rond comme une gardienne sur un pénalty, instinctivement. Sa mère, échaudée par ses propres difficultés à s’épanouir dans ce sport, tente de la dissuader. Blessée par les remarques sexistes et le comportement misogyne d’alors, elle ne souhaite pas que sa fille affronte les mêmes préjugés. Elle réussit à l’orienter vers le judo, mais le football, tenace, reste en parallèle. Eugénie pratiquera d’ailleurs ces deux sports jusqu’à l’âge de 12 ans. À cette époque, une jeune footballeuse ne pouvait que jouer dans des équipes de garçons, faute de postulantes.
Eugénie Le Sommer raconte que lorsque les équipes de garçons s’apercevaient qu’une fille allait les affronter, elle entendait souvent ces mots : « chouette, ils ont une fille, on va gagner ». Quelques jongles ou quelques buts plus tard, elle éteignait les espoirs adverses. Peut-être est-ce une des origines de sa haine de la défaite : le besoin de clouer le bec à une bande de jeunes footballeurs sexistes en herbe. Ceci ne l’empêchait pas d’espérer une vie à la Zidane, son idole. Alors qu’on lui serine : « Le foot ce n’est pas pour les filles », elle rêve de devenir une footballeuse professionnelle mondialement connue. Mais ce métier n’existe pas encore.
Biographie d’Eugénie Le sommer : de ses débuts de footballeuse à son « Olympe » lyonnais
Désireuse malgré tout d’intégrer la filière sport-études, Eugénie doit choisir entre le judo et le football, mais sa décision était déjà prise. Pas de tatami, elle opte pour un gazon bien vert et des crampons. Elle sera la seule fille de sa section. Déjà, c’est le but qui l’intéresse, attaquer et marquer sont dans son ADN de joueuse de foot. À raison de 2 heures d’entraînement par jour, elle développe son talent de jeu et commence à intégrer des équipes féminines. Le football mixte étant limité à 14 ans, elle signe à 15 ans pour le FC Lorient, une équipe de filles dans un championnat de garçons. Elle reste au club jusqu’en 2007 tout en se formant durant une année au très réputé centre de Clairefontaine, où elle croise Zidane, et récolte une photo souvenir. Eugénie en profite pour glaner ses premiers titres en club et en sélection féminine de Bretagne.
C’est à l’âge de 18 ans à peine qu’elle arrive en première division du Championnat de France de football féminin, en signant au club de Saint-Brieuc. Rapidement remarquée, elle fait partie des quatre meilleures joueuses de la saison 2008-2009. Mais notre numéro 9 ne s’arrête pas là, elle vise les titres et les buts. Elle est élue meilleure joueuse du championnat national la saison suivante et devient la meilleure buteuse avec 19 buts en 22 matchs. Nommée capitaine à 20 ans, elle refuse un transfert au PSG et accepte de s’engager avec le plus réputé des clubs français de l’époque, l’Olympique Lyonnais. Eugénie Le Sommer rejoint Amandine Henry, une autre figure du football féminin français. Elle intègre donc le plus grand club de France, un bout de son rêve. Mais Eugénie Le Sommer, footballeuse professionnelle, veut aussi être reconnue mondialement.
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Des titres et des records avec L’Olympique Lyonnais
En intégrant le club de Jean Michel Aulas, elle n’imagine sûrement pas l’aventure qu’elle va vivre. Le football féminin lyonnais profite alors des investissements de son président et ne tarde pas à étendre son hégémonie nationale à l’Europe entière. Tout footballeur moderne rêve de gagner la Ligue des Champions. Zidane en a remporté une et le PSG masculin dépense des milliards pour glaner en vain sa première « coupe aux grandes oreilles ». Eugénie va en gagner sept avec l’Olympique Lyonnais. Elle entame sa chasse aux buts en devenant la meilleure buteuse du club dès sa première saison à l’OL. Durant cette même saison, Lyon gagne tous ses matchs et empoche son premier titre européen. Eugénie se spécialise dans le bombardement de gardiennes adverses et s’acharne à maltraiter tous les goals de France et d’Europe.
Depuis 2011, Eugénie empile les buts jusqu’à en marquer 50 en 2014, et enchaîne les saisons à plus de 30 réalisations. Ce qui se remarque moins au cours de sa période lyonnaise est son talent de coéquipière. En effet, Eugénie sait faire marquer les autres et réalise un grand nombre de passes décisives, ce qui la rend doublement indispensable auprès de son club et de ses coéquipières. Arrivée en fin de contrat en 2021, elle est de nouveau prolongée jusqu’en 2023. En mai 2021, Eugénie signe pour une « pige » de 6 mois aux États-Unis au sein de l’OL Reign, propriété de l’Olympique Lyonnais. Ses premiers buts inscrits dans le championnat de « soccer » font rapidement l’objet de vidéos virales.
Eugénie Le Sommer, footballeuse et « taulière » de l’équipe de France
Parallèlement à sa carrière professionnelle en club, Eugénie a figuré dans toutes les sélections nationales possibles. L’équipe de France de football féminin, c’est chez elle. Elle est tout d’abord convoquée à 4 reprises avec les « bleuettes » de moins de 17 ans. Elle participe ensuite au championnat d’Europe avec les bleues de moins de 19 ans, pendant lequel, de son propre aveu, elle est surclassée. Sa sélection en équipe U19 s’accompagne tout de même de 11 buts pour un total de 26 matchs. Sa participation à la coupe du monde des 20 ans au Chili reste comme un souvenir cruel. L’équipe de France réalise une superbe demi-finale en dominant la Corée durant 90 minutes, mais un but de « raccroc » les poignarde dans les ultimes secondes, et met fin à un rêve de finale mondiale. Eugénie est élue troisième meilleure joueuse du tournoi et inscrit quatre buts, ce qui ne représente qu’une maigre consolation à ses yeux.
Mais sa carrière en équipe A, l’élite du football féminin français, va se lancer très rapidement. Convoquée à l’âge de 19 ans, Eugénie s’installe progressivement comme cadre de l’équipe de France. La suite est un incroyable parcours marqué par sa longévité et son efficacité. Elle participe à 3 coupes du monde et à 2 Jeux olympiques. En 2021, elle dépasse les 175 sélections et les 86 buts. Ses coéquipières des bleues la surnomment « la taulière ». 25 années auront été nécessaires pour imposer à tous son rêve de petite fille : être une footballeuse mondialement reconnue.
La footballeuse des records au service du foot féminin français
Son empreinte dans le football féminin restera longtemps, c’est sans doute lié à une régularité et une soif de buts inégalées à ce jour. En 2021, elle devient la meilleure marqueuse de l’histoire de l’équipe de France de football en dépassant les 86 buts de Marinette Pichon. À l’Olympique Lyonnais, elle devient la meilleure buteuse en inscrivant plus de 276 buts au total. Son ratio de buts par sélection en équipe de France dépasse toutes les statistiques du football moderne national, garçons compris. Ses distinctions individuelles sont multiples, une habitude de « serial-buteuse » :
- 3 titres de meilleure buteuse de division 1 féminine ;
- 3 titres de meilleure joueuse de division 1 féminine ;
- trophée de meilleure joueuse décerné par l’union des joueurs professionnels ;
- trophées de meilleure joueuse et meilleure buteuse attribués par la Fédération française de football.
Collectivement, elle participe à la razzia de l’Olympique Lyonnais sur les compétitions de club :
- 7 Ligues des Champions ;
- 10 titres de championnat de France de division 1 féminine ;
- 8 Coupes de France.
Forte de sa notoriété, Eugénie le Sommer a créé depuis 2018 des stages de football destinés exclusivement aux jeunes filles afin d’aider celles-ci à intégrer ce monde encore très masculin. C’est un succès. Elle parraine également Fan de foot, une série de romans narrant l’histoire d’une équipe mixte de jeunes footballeurs et footballeuses.
Eugénie Le Sommer possède aujourd’hui un palmarès qui rendrait envieux Zinédine Zidane ou Michel Platini, et c’est à sa ténacité qu’elle le doit. Elle tenait un rêve dans ses pieds qu’elle n’a eu de cesse d’atteindre. Si sa carrière de records doit s’arrêter, ce sera sans doute pour entamer une vie de maman, après être devenue l’une des meilleures footballeuses du monde.
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Laurent Marignier pour Celles qui osent
Article rédigé lors du cursus de formation en rédaction web chez FRW.
1 Comment
[…] Dans les camps danois, les femmes peuvent jouer en toute liberté là où c’était interdit par les talibans. Elle observe les sportives. Petit à petit, elle ose et demande l’autorisation de jouer. Elle fait partie d’un groupe de sept. Elle marque deux ou trois buts pour son premier match. De défenseuse, elle passe rapidement attaquante. Le football devient une passion. Sa détermination paie. Remarquée pour ses talents, elle devient joueuse d’une équipe plus grande : le club du Gug Boldklub. Deviendra-t-elle une recordwoman comme Eugénie Le Sommer ? […]