L’art vibre et se propage partout, parfois en dehors des musées. Cependant, pour celles et ceux qui souhaitent connaître les sorties culturelles proposées par les institutions artistiques en ce moment, Celles qui Osent vous propose sa sélection d’expositions à voir absolument cet automne, à Paris ou à Lyon. Nous en avons choisi cinq qui tiendront toutes leurs promesses : de la beauté, de la passion et des rêves. Belle exploration !
1. Admirer les peintures abstraites colorées de Georgia O’Keeffe
Le Centre Pompidou rend hommage à l’une des plus grandes figures de l’art nord-américain du 20e siècle : Georgia O’Keeffe (1887-1986). Révélée par le photographe et galeriste Alfred Stieglitz, elle est la première artiste femme à intégrer les expositions du MoMA. Pour la génération d’artistes féministes des années 1960, Georgia O’Keeffe a « ouvert la voie à la reconnaissance d’un art qui n’est plus nécessairement associé au genre de son auteur. »
Disparue à 98 ans, Georgia O’Keeffe a traversé les différents mouvements esthétiques du siècle précédent. Dans les années 1920, elle a puisé dans la tradition du paysagisme américain et du modernisme, puis a participé à la recherche identitaire qui marque les États-Unis, avant de devenir une pionnière de la peinture abstraite hard edge. Ses œuvres singulières, organiques, aux couleurs pures, aux contours fluides, forment un ensemble doux et harmonieux. Certaines toiles annoncent l’art minimal. Après le décès de son mari Alfred Stieglitz, Georgia O’Keeffe l’aventurière s’installe au Nouveau-Mexique, « la terre de ses rêves », au sein d’un habitat mêlant nature, art et sobriété, car « un mur vide, c’est ce qu’il y a de mieux pour penser ».
Dans cette rétrospective, vous pourrez découvrir ses peintures de gratte-ciel, de paysages urbains, d’os pelviens ou de crânes d’animaux glanés dans le désert du Nouveau-Mexique (Ram’s Head, White Hollyhock-Hills, 1935), mais aussi ses immenses peintures de fleurs en gros plan, qui ont fait sa renommée.
“J’ai peint ce que chaque fleur représente pour moi et je l’ai peinte suffisamment grande pour que les autres la voient telle que je la vois”
Georgia O’Keeffe
Son sens de la démesure, de la profondeur témoigne de la passion de l’artiste pour la terre et la nature. Pour entrer en communion avec les couleurs, les formes et les grands espaces, hâtez-vous au Centre Pompidou !
➡️ Exposition Georgia O’Keeffe au Centre Pompidou de Paris du 8 septembre au 6 décembre 2021
➡️ Si vous êtes amateur d’art, n’hésitez pas à relire nos articles sur l’incroyable Niki de Saint Phalle, l’extraordinaire marraine de l’art moderne Peggy Guggenheim, ou Lee Miller, l’artiste surréaliste et photographe de guerre. Vous adorez la peinture ? Découvrez la vie de Berthe Morisot, peintre féministe et impressionniste de talent !
2. Partir à la rencontre des Sioux
Le musée des Confluences présentera du 22 octobre 2021 au 28 août 2022 une exposition consacrée à l’image de l’Indien d’Amérique du Nord, intitulée « Sur la piste des Sioux ». Comment se fait-il que les Indiens d’Amérique aient été si stéréotypés en Europe ? Tipi, plume, bison, calumet de la paix, flèche ou tomahawk sont quelques attributs que l’on associe communément en France aux populations natives de la moitié nord du continent américain. La figure de l’Indien fascine et nourrit un vaste imaginaire. L’exposition invite à suivre le fil de cette longue construction iconographique au cours de laquelle le Sioux a pris peu à peu une place centrale, au point d’incarner, à lui seul, « l’Indien d’Amérique ».
Entre 1882 et 1912, William F.Cody, dit Buffalo Bill, figure mythique de « l’Ouest américain », crée une des premières tournées internationales, le Buffalo Bill’s Wild West Show. William F. Cody et sa troupe composée d’Indiens Lakotas recréent des scènes de la vie des pionniers : la chasse au bison, l’attaque d’une diligence ou la conception d’une cabane par les Indiens, etc. Cette attraction populaire a sillonné toute l’Amérique du Nord et l’Europe de l’Est, véhiculant pendant près d’un siècle une image « spectaculaire » de l’indien. Les peintures et les photographies d’Edward Sheriff Curtis, George Catlin, Karl Bodmer, ou Gertrude Käsebier seront présentées comme les premiers témoignages artistiques qui circulaient en Europe. Cette vision réductrice du « Sioux sauvage », souvent barbare, est nourrie par une iconographie stéréotypée, diffusée en Europe et reprise par le cinéma ou les studios d’Hollywood ; les westerns ont par ailleurs largement contribué à ancrer la représentation actuelle de l’Indien.
Dans cette exposition, les visions fantasmées des populations amérindiennes sont explorées et confrontées à l’histoire réelle. Aventurez-vous sur la piste des Sioux, pour en apprendre davantage sur les « vrais » Indiens d’Amérique !
➡️ Exposition « Sur la piste des Sioux », musée des Confluences de Lyon du 22 octobre 2021 au 28 août 2022
3. Rêver en territoire Ubuntu
« Ici nous portons les rêves du monde » – Pessoa
L’art contemporain fait son grand retour au Palais de Tokyo. Le musée propose une nouvelle saison artistique avec une exposition intitulée Ubuntu, un rêve lucide, qui appelle « à la révolte, mais aussi à la sagesse et à la réparation ».
La manifestation invite les visiteurs à investir l’Ubuntu, un « espace encore infréquenté de nos imaginaires et de nos connaissances ». Le terme, savant mélange des langues du sud de l’Afrique est difficile à traduire littéralement. Il conjugue les notions d’humanité, de collectif et d’hospitalité. « Je suis parce que nous sommes » en est sans doute la meilleure traduction. L’Ubuntu symbolise le lien tissé entre tous les hommes, « d’une humanité dans la réciprocité ». Cette notion peut être considérée comme l’une des rares caractéristiques des sociétés africaines ayant survécu aux 600 ans d’esclavagisme, de colonialisme et d’impérialisme.
Malheureusement, les réalités contemporaines témoignent de la déroute de l’esprit d’Ubuntu ; force est de constater les ratés politiques, les conflits sanglants, et les violences en particulier envers les communautés LGBTQI+ et les femmes.
Cette exposition réunit une vingtaine d’artistes dont les œuvres entrent en résonance avec la philosophie Ubuntu, « qui font passer des frontières et redonnent leur puissance d’agir à des idées, des formes, des cultures plus itinérantes qu’enracinées ».
Ils mettent en lumière certaines problématiques sociétales actuelles telles que la répartition inégale des richesses et des pouvoirs, les crises migratoires et la colonisation des territoires et des corps, les situations d’oppression ou la transformation de nos rapports à la nature. Vous pourrez y voir, en filigrane, un esprit de résistance…
➡️ Exposition Ubuntu du 26 novembre au 20 mars à Paris au palais de Tokyo
4. Vivre une expérience avec un trio artistique féminin
Pour cette rentrée artistique, le musée d’Art Contemporain de Lyon met en valeur un trio de femmes artistes : Delphine Balley, Jasmina Ciblic et Christine Rebet.
Delphine Balley, photographe et vidéaste, présente Figures de cire, un voyage qui questionne les rites sociaux. L’ensemble narratif est scandé en trois films — Le Pays d’en haut, Charivari et Le Temps de l’oiseau, composé de séries de tirages photographiques et de sculptures.
L’artiste explore le huis clos, revisite la tradition de la peinture de genre et du portrait de famille. Elle invite le visiteur à prendre part à une procession familiale, dans laquelle se mêlent cérémonies du mariage et d’enterrement.
Artiste chercheuse, Jasmina Cibic partage ses découvertes autour de la notion de don dans le contexte diplomatique. Pour elle, chaque projet de film est l’occasion de se plonger dans les témoignages d’archives. Avec Stagecraft, une mise en scène du pouvoir, l’artiste souhaite révéler la relation qu’entretient toute forme de pouvoir, qu’il soit étatique, gouvernemental, partisan ou diplomatique, avec les arts.
Christine Rebet, fascinée par l’illusion et la tromperie, aime le dessin pour son caractère manuel et spontané. Elle réalise des milliers d’esquisses à l’encre, qu’elle assemble image par image selon les techniques traditionnelles des débuts de l’animation. La répétition du dessin, à l’origine du mouvement, crée ce qu’elle nomme son « cinéma de papier ». Avec Escapologie, Christine Rebet réinterprète ses traumatismes personnels ou collectifs, mêlant histoire et fiction au sein d’univers fantasmés. Les sujets universels de ses films évoquent la destruction du monde et l’assujettissement de l’être humain. Elle s’invente ainsi un imaginaire permettant d’échapper au monde.
➡️ Exposition « Delphine Balley, Jasmina Ciblic et Christine Rebet », MAC de Lyon
5. Explorer la vie et l’œuvre d’un couple mythique du Bauhaus
Du couple Albers, l’histoire n’a longtemps retenu que Josef. Pourtant, Anni a aussi fait la prestigieuse école de Weimar. Au cours de textile, elle excelle : elle devient enseignante de cette discipline, et invente une version tissée de l’abstraction. Anni Albers (née Annelise Fleischmann, 1899-1994) et Josef Albers (1888-1976) se rencontrent en 1922 au Bauhaus et se marient trois ans plus tard. Leur complicité leur a permis, tout au long de leur vie, de se soutenir mutuellement. Ensemble, ils ont produit une œuvre considérée aujourd’hui comme la base du modernisme. Pour eux, l’art peut profondément transformer notre monde et doit être au cœur de l’existence humaine. Dès le début de leur travail, les deux artistes placent ainsi la fonction de l’art dans leur réflexion.
Ils valorisent l’artisanat tout en exploitant les nouveaux avantages de la production industrielle. Ainsi, l’art se démocratise. Le couple estime aussi que la création joue un rôle essentiel dans l’éducation de chaque individu.
« Les œuvres d’art nous apprennent ce qu’est le courage. Nous devons aller là où personne ne s’est aventuré avant nous. » Anni Albers
Artistes et enseignants, ils ne cessent de démontrer l’impact de l’activité artistique sur la réalisation de soi et sur la relation avec les autres. Selon eux, l’enseignement ne se réduit pas à transmettre un savoir théorique déjà écrit, mais consiste, au contraire, à susciter constamment des interrogations nouvelles.
L’exposition suit de manière chronologique, les différentes étapes de la vie du couple. Une première section rassemble leurs productions issues du Bauhaus, de 1920 à 1933. Le départ du couple pour les États-Unis en 1933 marque le début de la deuxième section, dédiée aux œuvres réalisées au Black Mountain College. La dernière partie de l’exposition est consacrée au travail graphique d’Anni, initié avec Josef dans les années soixante et qu’elle va poursuivre jusqu’à la fin de sa vie.
➡️ « Anni et Joseph Albers – L’art et la vie », au musée d’Art moderne de Paris, du 10 septembre au 09 janvier 2022
➡️ Poursuivez votre lecture par notre interview de Margaux Brugvin, celle qui ose interpréter l’histoire de l’art avec un œil féministe !
Nous arrivons à la fin de cette sélection. Choisirez-vous l’exposition du Centre Pompidou, du musée des Confluences, du palais de Tokyo, du MAC ou du MAM ? Nous attendons vos réponses en commentaires !
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Violaine B. — Celles qui Osent
Sources :
- Beaux-Arts magazine n°447 du 19.08.2021
- Palais de Tokyo
- Exposition Georgia O’Keeffe Centre Pompidou
- MAC Lyon
- MAM de Paris
- Musée des Confluences
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