La famille Addams, à l’origine issue de l’imagination de Charles Addams, auteur de bandes dessinées pour The New Yorker, a fait l’objet de plusieurs adaptations depuis la création de ses personnages, en 1938. En effet, ce ne sont pas moins de deux longs-métrages, deux films d’animation, sept séries, une comédie musicale, et de nombreux produits dérivés, qui ont vu le jour et ont fait rentrer la famille Addams dans la pop culture. En décembre 2022, Tim Burton a réalisé une série sur Netflix dédiée au personnage de Mercredi Addams, la cadette de la famille, et ses macabres aventures dans son nouveau lycée. L’occasion pour le réalisateur de donner un nouveau sens aux protagonistes féminins, dont la transgression a toujours fait partie des adaptations du travail de Charles Addams…
Les Addams, le modèle de l’anti-famille
Avec ses personnages gothiques et fantaisistes, Charles Addams a su rendre l’horreur hilarante, et donner à ses protagonistes un caractère attachant, malgré leurs penchants macabres. Les Addams incarnent l’opposé de la parfaite famille américaine : Wednesday et Pugsley raffolent de jeux violents et sordides (Wednesday élève des tarentules et demande à son frère de l’aider à décapiter sa poupée Marie-Antoinette). Morticia et Gomez sont des aristocrates oisifs qui ne semblent pas travailler, et s’enlacent à coup de déclarations torrides. L’érotisme du couple devient un comique de répétition, et pourrait même s’apparenter à une passion sadomasochiste ; on relève de fréquentes allusions au plaisir ressenti par l’un et à l’évocation de la douleur par l’autre.
Les Addams incarnent des personnages aux marges de la société américaine traditionnelle de l’après-guerre : Gomez, d’origine latino-américaine, fétide, chauve, dispose d’un physique disgracieux, Pugsley est un enfant en surpoids… Et pourtant, la famille parvient à incarner des valeurs universelles, familières au lecteur/spectateur : la célébration de la différence, et de la diversité. Ce culte de l’étrangeté culmine d’ailleurs avec Wednesday, la nouvelle série de Tim Burton. La jeune Wednesday, âgée de 16 ans, intègre l’école de Nevermore, un établissement destiné aux « outcasts » — « parias », où se sont rencontrés ses parents.
Dans la famille Addams, les femmes ont le pouvoir
Les femmes de la famille Addams sont loin d’être imprégnées des clichés sexistes de l’Amérique d’après-guerre. Wednesday et Morticia sont les figures fortes et réfléchies de la famille. Dans le film datant de 1991, c’est Morticia qui s’occupe de trouver du travail et de sauver sa famille de la ruine. Quant à Wednesday, elle a l’ascendant sur son petit frère et n’hésite pas à utiliser comme cobaye pour ses jeux cruels et morbides. De la même manière que la famille Addams représente un anti-modèle, Morticia et Wednesday se situent à l’opposé des préjugés de genre. Dans la série adaptée des dessins de Charles Addams, Morticia pratique l’escrime, et Wednesday aime jouer avec ses tarentules domestiques.
Wednesday a également contribué à l’apparition de la figure de l’adolescente cynique et un peu blasée à la télévision. Elle est également devenue une icône de la mode gothique au fil des années. Dans la série de Tim Burton, Morticia et Wednesday sont dotées de puissants pouvoirs leur permettant d’avoir des visions sur le passé et le futur. D’ailleurs, l’intrigue de la série tourne essentiellement autour des personnages féminins, alors que les hommes sont relayés au second plan. L’actrice Gwendoline Christie, qui incarne la principale de Nevermore, a d’ailleurs déclaré dans une interview :
« Quand on pense au personnage de Mercredi, sa part sombre sa sensibilité, sa vision pessimiste de la vie, son sarcasme, elle est à l’opposée de ce qu’on attend d’une femme. C’est merveilleux de faire partie d’une série où les femmes ne sont pas en arrière-plan. »
Morticia Addams, icône pop et gothique de la libération sexuelle
Le couple Morticia-Gomez n’est pas avare en références érotiques et sensuelles. Le frisson et la sexualité jugée « déviante » par les normes sociales sont au cœur de leurs dialogues : « Gomez, cette nuit, tu ressemblais à un démon hurlant à la mort, tu m’as fait si peur… recommence », glisse Morticia à son mari. On peut donc faire de Morticia une icône sexuelle, en ce qu’elle affirme ses désirs sans en avoir honte, aussi « anormaux » soient-ils. Le sexe revient très fréquemment dans leurs discussions, ce qui est rare pour des films et séries grand public.
Morticia Addams est une icône pop gothique dont le look a contribué à sa popularité : robes longues et moulantes, ongles vernis de noir, cheveux longs XXL, teint pâle et rouge à lèvres flamboyant. Morticia est un étrange modèle de féminité, difficile à classer, mais qui incarne malgré tout la libération sexuelle des années 60-70.
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Victoria Lavelle pour Celles qui Osent
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