Actrice française, Fanny Sidney a joué dans L’ennemi public n° 1 ou encore Respire ; elle est connue du grand public pour son rôle dans la célèbre série télévisée Dix Pour Cent. Elle y interprète Camille Valentini, la fille cachée de Mathias, directeur d’une agence parisienne. Également réalisatrice, elle vient de terminer le tournage d’une comédie pour OCS.
En couple avec un producteur et maman d’une petite fille de 18 mois, elle possède « un compagnon en or massif » qui l’aide beaucoup dans cette mission.
Revenons sur la success-story d’une jeune femme animée depuis toujours par le désir de devenir actrice.
Fanny Sidney ou le désir de devenir actrice
Fanny Sidney naît le 5 avril 1987 à Paris. Son père est ingénieur informaticien, sa mère artiste peintre et photographe.
Sensibilisée à l’art et émerveillée par la vie, Fanny Sidney évolue dans un univers où sa créativité peut s’exprimer. En revanche, le domaine professionnel de son père lui semble à l’époque très obscur : les chiffres, le codage, etc., « c’est un langage que je ne comprends pas du tout ». Elle l’admire malgré tout : enfant, il a créé pour ses camarades un jeu vidéo éducatif permettant d’apprendre les tables de multiplication en s’amusant.
Les valeurs, convictions et personnalités de ses parents, lui ont permis de s’apercevoir aujourd’hui qu’elle aime « prendre des chemins de traverse, explorer d’autres domaines comme la réalisation, ou s’intéresser à l’hypnose. » Son père et sa mère ont toujours été encourageants, bienveillants, mais également inquiets du milieu dans lequel elle a choisi d’évoluer.
Fanny Sidney grandit avec sa petite sœur en région parisienne à Fontenay-aux-Roses, dans les Hauts-de-Seine. Éloignée de la capitale par le RER, ce n’est qu’à l’adolescence qu’elle est admise dans un lycée proche du centre, là où les « parisiennes pures souches » la charrient sur son look, car « assortir ses tee-shirts avec ses chaussures c’est vraiment la lose. »
« Je me suis sentie en périphérie parce que j’étais banlieusarde. Avant cela, je ne connaissais rien de Paris et de son foisonnement culturel. »
Son arrivée dans la ville est suivie de ses débuts au théâtre et dans la comédie.
Depuis toujours, Fanny possède une forte envie de faire du cinéma. « Le désir était très présent, depuis longtemps. »
Dès l’âge de 12 ans, elle répond aux annonces de casting dans le Casting Magazine.
Récemment, elle a retrouvé un cahier dans lequel elle avait consigné les adresses et noms des agents qu’elle voulait contacter, de manière très ordonnée, par ordre alphabétique. « Cela me fait bizarre de réaliser que les personnes inscrites dans ce carnet sont aujourd’hui devenues des gens que je connais ou que j’ai pu côtoyer… »
Fanny Sidney effectue son premier stage de théâtre à l’âge de 15 ans. Après un bac dans cette même filière, elle suit les cours du conservatoire Hector-Berlioz, puis intègre la classe libre du cours Florent, ce qui soulage beaucoup son père.
Elle insiste pour intégrer une agence afin d’accéder à des offres de casting plus sérieuses. « Je les rate tous, mais je garde mon agent, car les retours sont tout de même positifs ».
De ses rôles dans des séries policières à Dix pour cent
Petit à petit, Fanny Sidney décroche des rôles, souvent similaires : « des victimes potentiellement tueuses ». Elle joue dans de nombreuses séries policières telles que Commissaire Moulin, RIS Police Scientifique, Diane Femme Flic, etc.
Ensuite, elle intègre la FEMIS (École nationale supérieure des métiers de l’image), pour devenir réalisatrice. Elle n’a alors que 24 ans. « La réalisation, l’écriture de scénario, il y a un peu plus d’évidence. Comparativement, le jeu d’actrice me fait un petit peu peur. Quand je joue, je me sens vulnérable. »
Elle apprend, grâce à son métier, qu’il est important de proposer des variations ou encore des nuances d’émotions dans les différentes prises afin d’enrichir le montage. « Contrairement, à ce que je pensais, il faut sortir de la performance, ne pas trop s’appliquer. »
Pour le casting de Dix pour Cent, Fanny Sidney passe un premier essai : elle doit jouer la scène d’ouverture de son personnage, dans le café face à son père biologique, Mathias. « À la sortie, je n’imagine pas faire partie des sélectionnées. Nous ne sommes vraiment pas nos meilleurs juges ! » À sa grande surprise, on la convoque pour un second essai : « Là j’avais une maxi pression ». Il y a les trois réalisateurs et ils sont désormais moins d’une dizaine en lice. « À ce moment-là, je me dis que cela pourrait être moi. Il y a beaucoup de paramètres autres que le talent qui entrent en ligne de compte dans l’obtention d’un rôle ou non : l’avis des producteurs, celui de la chaîne, des réalisateurs, etc. »
La pression, Fanny Sidney la gère désormais avec l’hypnose. « Quand je n’y crois pas, cela ne fonctionne pas. Dans le mauvais trac, il y a généralement de fausses croyances. Ce stress-là n’est pas constructif. » Pour choisir ses castings, elle fait de plus en plus confiance à son instinct.
Quand j’apprends que j’ai le rôle, je ressens un sentiment de puissance mêlé à de la fierté. Je mets un pied dans le rêve.
Sur les tournages, elle travaille avec des stars impressionnantes. « J’incarne vraiment Camille Valentini. Dans la saison 1, j’étais totalement gauche et anxieuse : syndrome de l’imposteur et peur de décevoir. Cela m’a empêché de prendre un réel plaisir. » Au fur et à mesure des saisons, elle prend confiance, entre dans une sorte de zone de confort, avec moins d’inconnu : tout comme son personnage. « Parfois, je me demande tout de même comment j’ai pu être aussi détendue face à Sigourney Weaver ! »
Oser être actrice et réalisatrice
Celles qui osent lui demande de citer un exemple de femme qui a osé. Fanny Sidney évoque Valérie Solanas, « une intellectuelle féministe radicale américaine, connue pour son pamphlet SCUM Manifesto, et pour avoir tiré sur Andy Warhol ! »
Elle mentionne également Gena Rowlands, actrice dans Une femme sous influence, avec toute la modernité qu’elle apporte, Barbara Loden, aussi, dans Wanda. « Le film commence par une scène de tribunal, où elle ne se défend pas pour avoir la garde de ses enfants. J’aime que la moralité des personnages ne soit pas traitée de manière archétypale. » Le milieu de la réalisation est assez masculin.
Avec l’onde de choc de l’affaire Weinstein, le collectif 50/50, qui œuvre à la parité, l’égalité et la diversité dans le cinéma, souhaite dépasser le seul sujet des violences sexuelles. « Ouvrir le champ du pouvoir favoriserait en profondeur le renouvellement de la création. Comme dans beaucoup d’autres domaines, il y a du sexisme. Je refuse énormément de rôles à cause de cela. Un recadrage par l’humour est très efficace. »
Tristement, Fanny Sidney constate que les femmes s’autorisent moins à exercer ce métier. « En réalisation, j’estime être dissociable de mon genre : il y a des films qui sont tournés par des femmes avec un regard d’homme et inversement. Je ne crois pas que la sensibilité féminine soit exclusivement liée au sexe. »
Nous l’interrogeons pour finir sur l’actualité et l’ambiance dans ce contexte de pandémie. Pour elle, cette période développe son inventivité. « Il paraît qu’en ce moment, les scénaristes confinés écrivent à fond tandis qu’à l’inverse, certains sont freinés. Le fait que la vie s’arrête peut tarir également la création. Il y a deux postulats face à la crise sanitaire, je crois : l’absence d’horizon qui fait peur, ou la mission de devoir inventer le monde d’après qui galvanise. »
Fanny Sidney est une femme sensible et déterminée, aux multiples compétences, du cinéma à la réalisation. Au printemps, elle produira une mini-série pour Arte, écrite par ses soins. Le projet s’appelle Brigade mobile et raconte l’histoire de deux gendarmettes héritant d’un camping-car désuet et offrant un service de proximité. Elles seront confrontées à des affaires sensationnelles, mais aussi locales. Le tournage a lieu en Auvergne, région qu’elle affectionne tout particulièrement.
Merci Fanny Sidney d’avoir été de Celles qui Osent !
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Interview : Lucie Rondelet / Rédaction : Violaine B
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