Martin Scorsese lui a consacré toute une série Netflix. Rien que ça. Dans Pretend it’s a city, sortie en 2021, le réalisateur américain érige Frances Ann Lebowitz en star de l’intelligentsia new-yorkaise. Elle n’est pas la seule protagoniste du documentaire : la ville de New York est également au cœur de la série. Née dans le New Jersey, l’autrice américaine part vivre dans « la big apple » dans le courant des années 1970, une ville qu’elle n’a ensuite jamais quittée. Celles qui Osent revient sur la bio de Fran Lebowitz, dont l’un des recueils de chroniques vient d’être traduit en français.
New York, un élément central dans la bio de Fran Lebowitz
Née dans une famille de la classe moyenne du New Jersey, Fran Lebowitz n’a jamais été très scolaire, mais a très rapidement développé un goût pour la lecture. Elle néglige les cours au lycée et décide de ne pas faire d’études. À l’âge de 18 ans, en 1969, elle quitte la petite ville de Morristown, où habitent ses parents, pour vivre à New York. Son père accepte de lui financer les deux premiers mois de sa vie new-yorkaise, à condition qu’elle loge dans une auberge pour filles. Mais rapidement, elle déménage chez des amis. Les vivres coupés, elle se met à écrire pour de petits journaux étudiants, et exerce les travails de femme de ménage, chauffeuse de taxi, et même autrice de littérature pornographique.
Trois ans plus tard, Fran Lebowitz commence à écrire des critiques de films et de livres pour Changes, un petit magazine aujourd’hui disparu. Andy Warhol l’embauche par la suite comme chroniqueuse pour sa revue Interview, dans laquelle elle écrit plusieurs articles qui la rendront célèbre dans la sphère très privée de l’intelligentsia new-yorkaise. Elle travaille en parallèle pour Mademoiselle, un magazine américain féminin qui a publié les nouvelles de prestigieux auteurs comme Sylvia Plath, Truman Capote ou encore James Baldwin.
Héroïne de Martin Scorsese pour Netflix
Fran Lebowitz est un personnage atypique. On la reconnaît à son style vestimentaire indémodable, constitué d’une paire de santiags, d’un jean Levi’s 501, d’une chemise blanche et d’une veste de costume noire (elle a été considérée en 2007 par Vanity Fair comme l’une des femmes qui s’habillait le mieux de l’année). Elle ne possède ni smartphone ni ordinateur portable, et s’informe seulement en lisant le New York Times et le New Yorker.
C’est donc le célèbre réalisateur Martin Scorsese qui a décidé d’immortaliser Fran Lebowitz sur le petit écran. Pendant sept épisodes, elle dégaine les punchlines et les remarques sarcastiques, parle de son amour pour New York. Familière des late shows, elle maîtrise parfaitement les codes des plateaux télé, sur lesquels elle est régulièrement invitée. D’ailleurs, c’est ainsi qu’elle gagne sa vie : en donnant des interviews et en faisant de grandes conférences ouvertes au public, qui relèvent du stand up.
Fran Lebowitz : une autrice qui n’écrit… rien
Si elle a débuté en tant qu’écrivaine prometteuse, elle n’a rien écrit depuis 1994. Son dernier recueil de chroniques new-yorkaises, The Fran Lebowitz Reader, vient d’être traduit et publié en français (Pensez avant de parler. Lisez avant de penser). En cause : une crise de la page blanche, qui ne semble toujours pas résolue depuis. C’est d’ailleurs en raison de ce manque d’inspiration que l’autrice est devenue une figure aussi médiatisée.
La force de Fran Lebowitz ne réside pas seulement dans ses essais, mais dans sa façon de voir le monde et son rapport à l’intelligentsia de New York. Opposée à la gentrification de sa ville, elle souhaite la préservation de l’ambiance new-yorkaise et de ses différents quartiers. Ses prises de parole sur le féminisme sont rares. Si elle est ouvertement lesbienne, Fran Lebowitz n’est pas devenue une activiste des droits LGBTQ+ pour autant, sans doute pour éviter qu’on ne lui colle une étiquette. Car la plupart du temps, Fran se moque d’elle-même. Et si elle fascine tant, c’est qu’elle demeure une personnalité inclassable.
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Victoria Lavelle pour Celles qui Osent
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