Frida Kahlo : artiste rebelle devenue icône de la pop culture

Son visage nous est tous familier. Tresses nouées sur le dessus de la tête et ornées de fleurs, lèvres d’un rouge vif, sourcils fournis et duvet non dissimulé : c’est bien elle, Frida Kahlo, l’artiste rebelle et féministe mexicaine. Bien plus qu’une simple image de marque de cosmétiques ou de vêtements, Frida Kahlo mérite d’être connue pour son œuvre. Son travail d’artiste-peintre féminine, ses citations, ses engagements politiques sont tout aussi passionnants que sa vie privée a été tourmentée. Zoom sur le portrait de cette femme qui rêvait de devenir un mythe.

La destinée tragique d’une artiste-peintre féminine talentueuse

La vie entière de Frida Kahlo sera marquée par de graves problèmes de santé, qui commencent dès le plus jeune âge.

Une enfant à la santé fragile

C’est dans la désormais célèbre maison bleue ou « Casa Azul » que Magdalena Frida Carmen Kahlo Calderón, plus connue sous le nom de Frida Kahlo, voit le jour le 6 juillet 1907 dans un quartier bourgeois de Coyoacán, au Mexique. Malheureusement pour elle, à ses six ans, elle contracte la poliomyélite, une maladie infectieuse infantile qui lui laissera pour séquelle une jambe droite atrophiée. Elle est condamnée à boiter et à dissimuler sa jambe déformée sous de longues jupes. À l’école, elle subit déjà les brimades de ses impitoyables camarades qui la surnomment « Frida la coja » ou Frida la boiteuse.

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« Des pieds, pourquoi en voudrais-je, si j’ai des ailes pour voler ? »

Loin de se laisser abattre, Frida s’appuie sur son handicap pour devenir plus forte. Elle se démarque d’ailleurs en étant une élève brillante. On aurait pu penser, à juste titre, qu’elle se serait spontanément orientée vers l’École des Beaux-Arts. Pourtant, ce sont les études de médecine qui l’appellent. En 1922, elle est reçue à l’École Nationale Préparatoire, alors le meilleur établissement scolaire du Mexique. La jeune Frida fait partie des quelque 35 femmes sur 2 000 étudiants acceptés, un fait qui souligne la triste réalité des inégalités hommes-femmes dans son pays. Cela réveille en elle un sentiment d’injustice et une forte volonté de militer en faveur du droit des femmes.

L’accident qui fera voler sa vie et son corps en éclats

La vie semblait enfin sourire à la belle et insoumise Frida. Mais à l’aube de ses 18 ans, c’est le drame. Tandis qu’elle est dans le bus pour rentrer chez elle après les cours, le chauffeur perd soudainement le contrôle du véhicule qui vient percuter un tramway. Frida s’en sort vivante, mais pas indemne : elle est grièvement blessée. Son corps est mutilé, brisé en mille morceaux. Sa jambe et son pied droit, son bassin, sa colonne vertébrale et ses côtes sont fracturés. Plus terrible encore, une barre de métal a transpercé son abdomen et sa cavité pelvienne. Elle ne pourra jamais avoir d’enfant. C’est le début d’une longue et difficile convalescence de plusieurs mois, durant lesquels elle est alitée et contrainte de porter un oppressant corset de plâtre. Immobilisée, Frida se consacre alors entièrement à la peinture. On lui installe un chevalet spécial ainsi qu’un miroir. L’artiste-peintre mexicaine est née.

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La peinture comme thérapie et acte militant

Frida Kahlo se sert de la peinture comme exutoire pour surmonter sa souffrance physique et psychologique, puis comme d’une arme dans son combat féministe.

Des autoportraits bouleversants

Elle s’essaie dans un premier temps au portrait, à la nature morte et trouve son domaine de prédilection : l’autoportrait. Sur 143 tableaux, 55 sont des autoportraits. Ce choix est légitime : « Je peins des autoportraits parce que je me sens si souvent seule et parce que je suis la personne que je connais le mieux ». Elle aime s’illustrer en compagnie de ses animaux préférés, singes et perroquets. Seulement, si Frida Kahlo est connue, c’est aussi et surtout pour d’autres œuvres, plus poignantes, empreintes du traumatisme de l’accident de bus et de ses répercussions sur sa vie de femme.

Son lit pour atelier de création

Frida Kahlo subira au cours de son existence près de 35 interventions chirurgicales, sans compter les années de convalescence assignée à son lit. Bien que ses œuvres puissent paraître surréalistes, l’artiste s’en défend : « Ils me disent surréaliste, mais je ne le suis pas. Je n’ai jamais peint de rêves mais ma propre réalité ». Elle expose sans filtre, aux yeux de tous, des représentations symboliques de son corps meurtri, parfois nu, comme dans l’une de ses toiles les plus connues, La colonne brisée. Dérangeantes, crues et néanmoins saisissantes de vérité, ses peintures osent traiter sans détour de sujets tabous tels que ses fausses couches successives, la douleur ou la dépression. À une époque où le Mexique est influencé par le catholicisme, dans un contexte social peu enclin à l’expression et à l’émancipation des femmes, il s’agit bien d’un acte révolutionnaire.

La Colonne Brisée (Frida Kahlo, 1944)

« J’aimerais que mon œuvre contribue à la lutte pour la paix et la liberté. »

Frida s’engage avec tout autant d’ardeur en politique, et rejoint le Parti communiste mexicain dès l’âge de 21 ans. Elle est animée par un désir de changer la société et de combattre les inégalités. Son cheval de bataille est clairement celui de l’émancipation des femmes. Elle ne supporte pas l’image réductrice de la femme ménagère et veut se faire le porte-voix de « cette masse silencieuse et soumise », au sein d’une société machiste. L’artiste-peintre mexicaine, elle, rêve de voyages, d’études, de liberté et de plaisir. Pour l’anecdote, Frida prétend être née en 1910, date du début de la révolution mexicaine et aime se qualifier de « Fille de la révolution ».

 

Une vie privée passionnée et tumultueuse

Sa vie sentimentale sulfureuse et sa personnalité hors du commun lui offriront une existence digne des montagnes russes.

Son amour inconditionnel pour Diego Rivera

Impossible de parler de Frida Kahlo sans évoquer l’homme de sa vie, Diego Rivera, également artiste-peintre. Elle le rencontre en 1928 alors qu’il réalise une peinture murale dans l’auditorium de son école : c’est le coup de foudre. Ils embrassent la même passion pour l’art et le communisme. En revanche, ils ont 21 ans d’écart… Frida, femme indomptable, n’a que faire des objections. Follement amoureuse, elle décide d’épouser l’année suivante cet homme beaucoup plus âgé qu’elle.

Un mariage haut en couleur

L’amour qui unit les deux artistes est plus que passionné. Ils font cependant le choix peu conventionnel de vivre sous deux toits différents. Rapidement, Frida découvre que Diego lui est infidèle, enchaînant les conquêtes. Il la trompe même avec sa sœur, Cristina. Désespérée et le cœur brisé, elle en vient, dans un élan de rage, à couper sa longue chevelure. Dès lors, Frida Kahlo multiplie elle aussi les relations extra-conjugales, que ce soit avec des hommes ou des femmes. Elle aurait notamment été l’amante du révolutionnaire communiste russe Léon Trotski et de Joséphine Baker. Frida et Diego se séparent maintes fois mais ne peuvent pas rester bien longtemps éloignés l’un de l’autre. En 1939, ils divorcent, pour se remarier un an plus tard. Le couple Kahlo-Rivera restera uni pour le meilleur et pour le pire.

Une vision bien à elle de la féminité

Elle lutte à travers ses peintures et aussi en incarnant les valeurs qui lui sont chères. Si elle arbore son monosourcil et une moustache, c’est pour revendiquer sa féminité et sa beauté, en outrepassant les stéréotypes de la femme idéale. Elle fume, boit, revêt parfois des costumes masculins, est athée et ne se cache pas d’être bisexuelle. Frida Kahlo a tout sauf peur de provoquer par son anticonformisme.

 

Frida Kahlo, artiste rebelle et féministe jusqu’à son dernier souffle

L’artiste-peintre mexicaine laissera sa trace dans l’Histoire et, de façon inattendue, dans la pop culture.

Une fin de vie à l’image de son existence

Femme forte dans un corps si affaibli, Frida connaît en août 1953 un ultime coup de grâce, avec l’amputation de sa jambe droite qui s’est gangrénée. Elle sombre dans une profonde dépression ponctuée d’idées suicidaires. C’est le 13 juillet 1954 que Frida Kahlo s’éteint à la Casa Azul suite à une grave pneumonie. Du moins, c’est ce qui est dit officiellement. Les derniers mots de son journal, tels une lettre d’adieu, laissent planer le doute : « J’espère que la sortie sera joyeuse… et j’espère bien ne jamais revenir – Frida ». On retiendra d’elle sa belle conclusion pleine d’espoir, inscrite sur son dernier tableau aux couleurs vibrantes, achevé huit jours avant sa mort : « Viva la Vida ».

Viva la Vida, Watermelons (Frida Kahlo, 1954)

Une popularité qui décolle post-mortem

Il faudra attendre la fin des années 60 pour que les féministes redécouvrent le personnage indépendant de Frida Kahlo et la hissent au rang de modèle. Populaire dans le monde entier, Frida Kahlo a de plus contribué à asseoir « la mexicanité », cette identité nationale, par la diffusion de son œuvre.

Son influence dépasse les frontières de l’univers de la peinture. En 2002, le film biographique Frida, dans lequel Salma Hayek joue le rôle de l’artiste-peintre féminine à la perfection, ravive encore plus l’engouement pour cette figure emblématique mexicaine. Les produits dérivés à son effigie pullulent, on parle de véritable « Fridamania ».

Qu’en aurait pensé Frida ? Nul ne le sait. Ce qui est sûr, c’est que cette vague marketing est l’opportunité de faire connaître Frida Kahlo, l’artiste rebelle et de perpétuer ainsi sa mémoire.

Carole Echave

 

Sources :

– https://www.museofridakahlo.org.mx/es/frida-kahlo/

https://www.fridakahlo.org

https://www.deuxiemepage.fr/2015/11/04/frida-kahlo-portrait/

https://apdconnaissances.com/2018/05/30/frida-kahlo-militante-historique-du-feminisme/

https://madame.lefigaro.fr/societe/frida-kahlo-fridamania-artiste-peintre-feministe-devenue-produit-marketing-190618-149199

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