Le nom de Gisèle Halimi vous dit quelque chose ? Rien d’étonnant, c’est celui d’une grande dame qui aura marqué le XXIe siècle de part ses multiples combats. Avocate et politique franco-tunisienne, elle a œuvré toute sa vie pour les droits des hommes et des femmes. Particulièrement ceux des femmes d’ailleurs. Droit à l’avortement, criminalisation du viol, lutte acharnée contre l’oppression, l’humiliation et les inégalités… elle a impacté les mentalités et la législation française de bien des manières. Vous avez envie d’en savoir plus ? Vous êtes au bon endroit. Voici son histoire !
Femme de combat depuis toujours
Naissance d’une féministe en herbe
Zeiza Gisèle Élise Taïeb est née le 27 juillet 1927 à La Goulette, en Tunisie. Ses parents, qui espéraient un garçon, n’ont jamais caché leur déception d’avoir eu une fille. Son père mettra d’ailleurs des semaines à l’avouer à ses amis, quant à sa mère elle marquera toujours une préférence pour ses fils. C’est dans ce contexte et avec l’ombre du patriarcat planant sans cesse au-dessus de sa tête que, dès son plus jeune âge, Gisèle s’engage en faveur du féminisme.
Du haut de ses 10 ans, elle entame diverses grèves de la faim pour faire valoir ses droits. Celui de pouvoir lire, par exemple, ou de ne pas avoir à faire les tâches ménagères dont ses frères sont dispensés. À 15 ans, elle refuse un mariage arrangé. Après le bac, elle quitte sa terre natale pour aller étudier le droit à Paris. Bien que boursière, elle travaille comme téléphoniste pour financer ses études.
De l’avocate à la militante
Gisèle débute au Barreau de Tunis en 1949, mais elle rejoint le Barreau de Paris dès 1956. Au cours de sa carrière, elle soutient plusieurs personnalités telles que Simone de Beauvoir, Jean-Paul Sartre ou encore Françoise Sagan.
Rapidement, elle s’engage dans de nombreuses causes. Dès son arrivée au barreau de Paris, elle défend des militants de l’indépendance algérienne, se positionnant ainsi en faveur de la décolonisation.
En 1960, elle représente l’activiste Djamila Boupacha, accusée d’une tentative d’attentat à Alger. Ses aveux lui ont été soutirés par des soldats français qui l’ont violée et torturée pendant sa détention. L’avocate décide de médiatiser l’affaire avec l’aide de Simone de Beauvoir, afin de dénoncer publiquement les méthodes de l’armée française au moment de la guerre d’Algérie. Elle remporte la bataille juridique, sauvant Djamila Boupacha d’une condamnation à mort.
Le droit à l’avortement et la pénalisation du viol en ligne de mire
Des procès incontournables
À une époque où le viol n’est pas considéré comme un crime, mais interrompre une grossesse oui, Gisèle Halimi se bat pour faire évoluer la législation française.
En 1972, à Bobigny, elle défend Marie-Claire Chevalier, une mineure qui s’était fait avorter après un viol. Devant le tribunal, elle se positionne contre la loi liberticide de 1920 sur l’avortement. Elle implique de nombreuses personnalités, ainsi que des militantes pour faire le plus de bruit possible autour de l’audience. Sa cliente est acquittée. Cette victoire impacte considérablement les débats concernant l’IVG (interruption volontaire de grossesse) et le vote de la loi Veil en 1974.
En 1978, c’est à Aix-en-Provence qu’elle se bat dans un procès historique. Elle représente Anne Tonglet et d’Araceli Castellans, deux jeunes touristes belges, violées quatre ans plus tôt par trois hommes. Comme pour Bobigny, la désormais célèbre avocate met l’affaire sous les projecteurs. Elle refuse le huis clos, chose très rare à l’époque. Son but est simple : faire réaliser à la France entière que ce n’est pas aux victimes d’avoir honte et qu’il faut un cadre légal bien plus strict pour traiter les délits de viol. Une nouvelle fois, la féministe ouvre la voie aux débats et deux ans plus tard, la législation sur les agressions sexuelles est modifiée.
L’avortement, un combat personnel
En 1971, Gisèle signe le Manifeste des 343. 343 femmes qui osent déclarer avoir interrompu une grossesse et qui réclament le libre accès à la contraception, ainsi que le droit à l’avortement. Cette signature est un geste fort compte tenu des sanctions déontologiques du barreau pouvant être prises à son encontre. Elle est d’ailleurs la seule de la profession à s’y risquer.
Cette année-là, toujours aux côtés de Simone de Beauvoir, elle crée le mouvement féministe « Choisir la cause des femmes », continuant ainsi sa lutte pour la légalisation de l’IVG.
Gisèle Halimi, c’est aussi un peu de politique et beaucoup d’écriture
Un chapitre politique
L’avocate fait une courte carrière politique. De 1981 à 1984, elle siège à l’Assemblée nationale, mais elle dénonce rapidement un esprit de misogynie l’empêchant de concrétiser la plupart de ses projets. Sur cette période, elle est députée en Isère et conseillère régionale en Rhône-Alpes. Comme à son habitude, elle s’illustre dans de nombreux combats, notamment celui contre la peine de mort.
De 1985 à 1986, elle est nommée ambassadrice de la France auprès de l’UNESCO, avant d’y devenir présidente du Comité des conventions et des recommandations jusqu’en 1987. Dès 1989, elle devient conseillère spéciale de la délégation française à l’Assemblée générale des Nations unies, et porte un projet pour la parité entre hommes et femmes dans la vie politique.
De nombreux ouvrages
Gisèle est l’auteure d’une quinzaine de livres, parmi lesquels figurent « Djamila Boupacha » qu’elle a écrit avec Simone de Beauvoir ou encore « Quel Président pour les femmes ? » rédigé en collaboration avec François Mitterrand. Au-delà des ouvrages militants ou politisés, elle a également écrit sur des thèmes plus personnels comme « Fritna », sur sa relation avec sa mère, ou encore son autobiographie « Le lait de l’orange ».
Gisèle Halimi meurt à Paris le 28 juillet 2020, à l’âge de 93 ans. On retient d’elle son âme de battante qui lui aura valu de nombreuses décorations telles que la Légion d’honneur ou encore l’Ordre national du mérite. Nombre de personnes militent pour qu’elle rejoigne le Panthéon, où elle reposerait aux côtés de son acolyte de toujours, Simone de Beauvoir. Cette biographie vous a plu ? Découvrez vite le portrait d’autres femmes tout aussi inspirantes !
Lou Dacquet pour Celles qui Osent
Sources
https://www.franceinter.fr/personnes/gisele-halimi
https://www.franceculture.fr/emissions/linvite-des-matins/gisele-halimi-un-combat-pour-legalité
En attendant notre prochain article, n'oubliez pas de suivre notre podcast sur ces Femmes qui Osent
5 Comments
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