Peu importe les religions, les cultures, les âges et les sexes : l’hymen et la virginité féminine sont l’objet d’un mythe patriarcal bien ancré dans nos mentalités. Douleurs lors de la première fois, gouttes de sang… Tant d’idées reçues qui entourent notre vision du corps féminin et de la virginité. Celles qui Osent revient, le temps d’un article, sur les légendes et stéréotypes entourant l’hymen et tout ce qui va avec.
Des inexactitudes anatomiques
Dans l’imaginaire collectif, l’hymen est une membrane obstruant l’entrée du vagin. Au moment de la première pénétration sexuelle, elle devrait être percée par le pénis, ce qui occasionnerait une perte de sang plus ou moins abondante, et permettrait donc de prouver la virginité de la jeune fille. Pourtant, tout ceci est faux. Selon l’Organisation mondiale de la santé, il est impossible de prouver la virginité d’une jeune fille.
Comme le rappelle l’Association nationale des centres d’IVG et de contraception (ANCIC) :
« Il existe de très nombreuses variétés anatomiques d’hymens. Certains hymens sont élastiques et se distendent, sans se déchirer, au moment du premier rapport sexuel ; certaines femmes n’ont pas d’hymen. »
L’association rappelle également que 40 % des filles ne saignent pas lors de leur première fois.
Légendes urbaines autour de l’hymen
Dans une interview, la gynécologue-obstétricienne Laura Berlingo estime que la prétendue existence de l’hymen comme une sorte de « bouchon venant refermer le vagin » est d’autant plus absurde que ce dernier laisse s’écouler les règles, montrant ainsi qu’il ne s’agit pas d’une paroi fermée et non perméable. Concernant les règles, l’ANCIC démontre également qu’un tampon ne peut venir perforer l’hymen, du fait des raisons exposées précédemment.
C’est aussi le cas pour l’équitation (certains s’imaginent que parce que les cavalières ont les jambes écartées, leur hymen peut se briser au cours de la pratique de ce sport). Enfin, tout comme l’OMS, l’association explique qu’on ne peut effectuer des tests de virginité auprès des jeunes filles, pour la simple et bonne raison qu’il est impossible de vérifier si l’hymen est bien intact, que ce soit visuellement, ou au toucher. Ainsi, la conclusion est simple : seule une femme peut affirmer, ou non, si elle est vierge.
L’hymen et la virginité féminine sont politiques
Au mois de septembre 2020, l’hymen est devenu politique. En effet, il était question de pénaliser les médecins délivrant des certificats de virginité afin de lutter contre les séparatismes et l’islamisme radical, comme l’affirmait Marlène Schiappa. Sur cette question des certificats, il est important de rappeler qu’ils n’ont aucun caractère légal, et ne sont pas reconnus par l’Ordre des médecins. Et si certains considèrent ces tests de virginité comme un non-sujet en France, l’ONU a appelé en octobre 2018 les États à interdire leur pratique.
Derrière ces simples vérifications se cache, bien entendu, une volonté de contrôle sur la vie sexuelle et reproductive des femmes. Vérifier l’état de l’hymen de la jeune fille, c’est vérifier qu’elle sera vierge au moment de son mariage, et que ses enfants seront donc bien de son mari. Par ailleurs, les idées reçues sur l’hymen sont également porteuses d’une vision hétéronormée des rapports sexuels, comme le dit Laura Berlingo. Cette vision hétéronormée exclut les rapports homosexuels, mais aussi d’autres pratiques telles que la masturbation, ou le sexe oral.
Cet article vous a plu ? N’hésitez pas à jeter un œil à notre analyse du documentaire Préliminaires, sur la sexualité des adolescents.
Victoria Lavelle pour Celles qui Osent
En attendant notre prochain article, n'oubliez pas de suivre notre podcast sur ces Femmes qui Osent
4 Comments
[…] XXe siècle. Habillée en homme, les cheveux courts, Madeleine Pelletier défendait publiquement une virginité militante, et rejetait toute forme de sexualité, qu’elle soit hétérosexuelle, ou homosexuelle. Contre le […]
[…] avez aimé cet article ? Vous pouvez retrouver notre analyse du mythe de l’hymen et de la virginité féminine sur Celles qui […]
Et ce qui est injuste c’est que les filles sont élevées avec la certitude du contraire, et les garçons en sont encore à s’attendre à la pureté de ladite fille…et moins il y a d’études et plus ces idées sont gravées dans le marbre…manque d’éducation, manque de lecture…
[…] sorcières de Salem. Le livre reçoit le grand prix littéraire de la Femme en 1987. Le racisme et le patriarcat sont des thèmes clés du roman, qui ne cesseront d’alimenter son oeuvre par la […]