Le réseau social Instagram s’est imposé dans notre vie intime depuis plusieurs années, à travers des comptes promouvant une sexualité positive, l’acceptation de soi et le développement personnel. Si le plaisir féminin, la confiance en soi ou l’épanouissement sont primordiaux, il n’est pas rare que certains influenceurs en fassent un business, rentabilisé par les milliers de followers qui suivent leurs activités.
La sexualité sur les réseaux sociaux : entre démocratisation du plaisir et injonctions
Les comptes tenus par des influenceuses sexo font tous la promotion d’une sexualité épanouie, le plus souvent dans une perspective féministe. Je m’en bats le clito (707 000 abonnés), T’as joui (509 000 abonnés) ou encore Jouissance Club (948 000 abonnés) sont les plus populaires. Orgasme, sex toys, pénétration, préliminaires, consentement, body positivism… les conseils sexo se multiplient. Aujourd’hui, Instagram et ses contenus éducatifs et explicites sur le sexe remplacent la presse féminine et renversent les clichés sexistes.
Pourtant, si ces contenus contribuent à une banalisation de la sexualité et à la nécessaire explication de concepts émancipateurs, comme le consentement, certains peuvent être à l’origine d’une injonction à l’orgasme, et à la sexualité en général. Avoir une vie sexuelle dite libérée, jouir facilement, squirter, se masturber, avoir plusieurs partenaires… Très vite, l’utilisateur Instagram va être submergé de contenus de toute sorte, lui faisant miroiter une sexualité qu’il ne possède pas, ou qui demeure du moins imparfaite.
Le marché de l’amour sur Instagram
En plus du business de la sexualité, qui passe par de nombreux partenariats rémunérés et des codes promo sur des sex toys, le business de l’amour se développe petit à petit. Côté cul, les instagrammeuses (ce sont le plus souvent des femmes qui tiennent les comptes sexo), même si elles traitent d’un sujet à part, à savoir la sexualité, sont quand même soumises au marché de l’influence. Elles sont contraintes, pour gagner leur vie, de s’engager auprès de marques et de promouvoir leurs produits. Dans un podcast France Culture, « Les Molécules du Désir », la journaliste Pauline Verduzier étudie le marché des aphrodisiaques pour femmes, et teste certains produits. Beaucoup d’entre eux sont vendus dans des sex shops et promus sur Instagram et… ne fonctionnent pas, selon la journaliste.
L’arnaque touche aussi le marché de l’amour, celui qu’entretiennent les coachs en séduction. Auparavant restreints à d’obscurs forums Internet, comme la French Touch Séduction, les coachs en séduction, dont le fonds de commerce était fondé sur une rhétorique masculiniste et sexiste, ne concernaient qu’un public masculin. Aujourd’hui, ces derniers se sont étendus aux réseaux sociaux, notamment Instagram et Tik Tok, et touchent un public plus large, même si ce dernier reste majoritairement hétérosexuel. « Pack séduction », « Formule femme fatale »… Les offres vont de la simple consultation en visio au stage intensif à plusieurs milliers d’euros.
Instagram, la plateforme de l’intime par excellence
Si tous ces comptes love et sexo se déploient sur Instagram et pas ailleurs (Facebook, Tik Tok, Twitter…), c’est parce que la plateforme est parfaitement conçue pour le développement de ce type de contenus. Le live, la story, tout ça sans limite de temps, permet aux influenceurs et influenceuses de nourrir une communauté en temps réel. Par ailleurs, les codes sont, hypocritement, ceux du « no filter » : on se montre comme on est, sans filtre ni tabou (pratique assez hypocrite quand on sait, évidemment, que la réalité est tout autre).
Là où les utilisateurs de Facebook constituent un public plutôt vieillissant, et où un tweet ne peut faire que 280 caractères, Instagram laisse l’opportunité à ses utilisateurs de s’exprimer sur le temps long. Ainsi, le réseau social donne l’opportunité à ses influenceurs d’aborder des thématiques variées, souvent compliquées. Dépression post-partum, manque de confiance en soi, rupture amoureuse, anorgasmie…. Les talks se succèdent et les abonnés se multiplient.
☕️ Les sujets sur le digital vous intéressent ? Lisez notre article sur la mort numérique ou sur le démantèlement de Facebook.
Victoria Lavelle pour Celles qui Osent
En attendant notre prochain article, n'oubliez pas de suivre notre podcast sur ces Femmes qui Osent
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