Jane Birkin, icône des années 1970, Britannique ayant fait de la France son pays de coeur, compagne et muse de Serge Gainsbourg, a été retrouvée morte le 16 juillet dernier dans son domicile parisien. Comédienne et chanteuse, son look indémodable et son élégance à l’allure faussement négligée auront fait d’elle un modèle de classe et de beauté ayant marqué toutes les générations. Mais qui était Jane Birkin ? Souvent réduite au statut de « femme de » et de poupée anglaise, elle est en réalité l’idole d’une époque, qui continue, aujourd’hui, de peupler les esprits et les représentations culturelles.
Jane Birkin, la plus française des britanniques
Jane Birkin naît à Londres, en 1946, dans une famille aisée. Son père travaille pour la navy, sa mère, Judy Campbell, est une actrice renommée. Elle grandit dans un environnement artistique. Sa soeur, Linda, deviendra sculptrice. Son frère, Andrew, acteur et réalisateur. Jane joue pour la première fois au cinéma à l’âge de 18 ans dans un film de Richard Lester, réalisateur en vogue, intitulé Le Knack… et comment l’avoir. C’est ainsi que Michelangelo Antonioni la repère, et lui propose un petit rôle dans Blow Up, où elle joue une mannequin entièrement déshabillée de force. Nous sommes en 1966, Jane Birkin n’a même pas vingt ans, et c’est une première que de voir une femme nue dans un contenu non pornographique.
Naît ainsi une aura de scandale qui suivra la comédienne toute sa vie durant.
Elle se marie avec le compositeur John Barry (vêtue d’une simple robe crochet transparente, l’une de ses nombreuses signatures), avec qui elle a une fille, Kate, à l’âge de 21 ans. Mais le couple ne dure pas longtemps. Jane Birkin décide alors d’emmener sa fille de l’autre côté de la Manche, où elle souhaite tenter sa chance dans le cinéma français. Elle obtient le rôle principal dans Slogan, un film sur un couple qui se déchire. Son partenaire à l’écran, et bientôt dans la vie, n’est autre que Serge Gainsbourg. Il compose également la musique du film. C’est le début d’une histoire d’amour, qui durera douze ans.
Jane Birkin, muse de Gainsbourg, mais pas que
Trop souvent présentée en creux de Serge Gainsbourg, comme si elle en était indissociable, Jane Birkin a été souvent décrite à travers des portraits des hommes qui ont partagé sa vie. Décédé en 1991, Gainsbourg l’a fait chanter sur pas moins de sept albums. Il faut attendre la fin des années 1990 pour qu’elle se détache des chansons qu’il avait écrites pour elle, et commence à chanter autre chose. Leur collaboration commence avec l’un des titres les plus provocants de l’histoire de la musique : « Je t’aime moi non plus », à l’origine écrit pour Brigitte Bardot, dont Gainsbourg a été l’amant quelques mois. Mais celle-ci, alors mariée, refuse que le titre ne soit diffusé par peur du scandale. Jane, elle, accepte.
D’autres chansons sont écrites par Serge, pour Jane, dans la foulée. Certains albums, où l’on retrouve par exemple le titre 69 année érotique, seront même interdits aux moins de 18 ans. Birkin devient alors l’icône de la révolution sexuelle, sans pour autant paraître militante ou engagée, même si elle assiste en 1972 au procès de Bobigny pour apporter son soutien à la légalisation de l’avortement. Dans une interview accordée au Monde en 2019, elle affirme :
Je ne peux pas parler de mon époque. Les autres filles étaient bien plus libres que moi. Ça n’existait pas d’être plus impressionnée que moi par un homme. J’étais ravie d’être l’objet de désir de Serge, la personne qui l’inspirait. Ravie de faire des photos à poil. D’être dans Playboy, alors que je n’étais pas du tout leur type. J’étais cet objet qui voulait bien l’être. C’est vrai, je ne sais pas ce que ça donnerait aujourd’hui.
Icône du grand écran
Réduire Birkin à sa relation avec Gainsbourg et à sa carrière de chanteuse revient à oublier les grands rôles qu’elle a joués au cinéma. En 1969, on la retrouve aux côtés des mythiques Alain Delon et Romy Schneider dans la Piscine, dans lequel elle incarne une femme-enfant de 18 ans. Nouveau scandale : en 1973, elle est l’amante de Brigitte Bardot dans Si Don Juan était une femme de Roger Vadim. Mais elle parvient également à s’imposer en tant que vedette populaire auprès des Français avec, en 1974, La moutarde me monte au nez, comédie dans laquelle elle joue aux côtés de Pierre Richard.
À partir des années 1980, elle s’impose dans le cinéma d’auteur. On la retrouve notamment dans des films de Jacques Doillon, Agnès Varda, ou Jacques Rivette, et développe une réputation d’actrice sérieuse, que l’on ne fait pas uniquement jouer pour sa gueule d’ange. Elle est encouragée, en 1988, à écrire ses propres films par Agnès Varda, qui réalise un documentaire sur elle. Elle saute le pas la même année, et écrit le scénario de Kung-Fu Master, produit par Varda elle-même. Elle réalisera un deuxième film, Boxes, en 2006.
Malade depuis les années 2010, Jane Birkin continuait de monter sur scène et de jouer devant les caméras, notamment celle de sa fille Charlotte, qui lui a également dédié un documentaire. En 2020, elle co-réalisait un album avec Étienne Daho. En février 2021, sa fille Lou Doillon lui déclarera, lors d’une remise de prix aux victoires de la musique :
« Cinquante ans qu’on te regarde sans jamais te cerner. Toi l’équilibriste qui a traversé tout en donnant tout. Toi à fleur de peau, toi la fleur au fusil, sans te poser de question, tu as brisé les frontières, toi la muse. »
Victoria Lavelle pour Celles qui Osent
En attendant notre prochain article, n'oubliez pas de suivre notre podcast sur ces Femmes qui Osent
1 Comment
[…] cela se serait déroulé devant les yeux de Jane Birkin, compagne du réalisateur, qui écrit dans son journal paru en 2018 […]