C’est une Française, née en Haute-Loire et entraînée sur l’île de la Réunion, qui s’est fait une place parmi les plus grands noms du surf mondial. Familière des compétitions internationales comme le Roxy Pro, la World Surf League, ou encore le Fiji Women’s Pro, Johanne Defay a encore brillé lors des Jeux Olympiques 2024, dont les épreuves de surf se déroulaient à Tahiti, où elle a remporté la médaille de bronze. Elle rêvait des JO depuis toujours, et a réussi à décrocher une médaille, le tout sur une vague particulièrement difficile et dangereuse. Celles qui Osent revient sur la vie de la meilleure surfeuse française au monde.
Johanne Defay, de l’île de la Réunion au circuit professionnel
Johanne Defay naît en 1993 en Haute-Loire, un département qui ne présage en rien sa future carrière de surfeuse professionnelle. Enfant, elle grandit à la Réunion et s’essaye au surf à l’âge de 8 ans. « Je passais mon temps sur la plage avec mes parents, j’ai grandi les fesses dans l’eau, à jouer et à regarder les surfeurs se lever sur la vague. J’avais déjà cette sensation de glisse et une idée du rythme pour être dans le bon tempo avec la vague », explique-t-elle dans une interview accordée au magazine MKSport. La jeune Johanne Defay part alors surfer tous les jours, jusqu’à se faire remarquer par des entraîneurs de la Réunion, une île connue pour sa houle puissante et ses récifs dangereux. Parmi les vagues réunionnaises les plus célèbres : la gauche de Saint-Leu (appelée ainsi car c’est une vague qui déroule à gauche), qui forme un tube parfait, mais dont l’accès est réglementé en raison du risque de requins.
La jeune Johanne Defay rejoint alors le Pôle espoir de la Réunion, puis le Pôle France à Bayonne, en métropole. En 2009, elle devient championne de surf juniore. A partir de là s’enchaînent les qualifications et les victoires. Elle rejoint ainsi le World Qualifying Series, circuit de qualification du championnat du monde de surf, puis le Championship Tour de la World Surf League qui constitue la division d’élite du championnat du monde, en 2014. L’Australie, Hawaii, les Iles Fidji, l’Afrique du Sud…. Johanne Defay voyage de compétition en compétition, toujours à la recherche de la vague parfaite.
En finir avec la surfeuse femme-objet
Si le monde du surf paraît plus ou moins égalitaire, ça n’a pas toujours été le cas, et Johanne Defay a payé les frais d’un sport à la mentalité sexiste résiduelle. Dans les années 1980-1990, alors que la culture surf est en plein essor, celle-ci représente majoritairement des hommes. Les femmes sont reléguées au second plan et la surfeuse devient une « reef girl » (fille du récif) que l’on retrouve sur des pochettes d’album et des posters : une paire de fesses, des cheveux longs, et une planche de surf. Dans les années 1990, la marque Roxy, l’équivalent féminin de Quicksilver, se développe et fait ainsi un premier pas vers l’égalité.
Si les surfeuses disposent désormais d’un matériel de surf adapté et d’un premier circuit de compétitions internationales, le combat pour trouver un sponsor reste difficile, plus que pour les hommes, car on apprécie davantage les femmes pour leur plastique que pour leur dextérité sur la vague. Bianca Valenti, l’une des premières surfeuses de grosses vagues originaire de Californie, racontait ainsi s’être fait vu refuser des contrats, réservés aux athlètes disposant d’un physique de mannequin… Une discrimination également subie par Johanne Defay, qui s’est fait lâcher par son sponsor et raconte dans une interview accordée au Monde : « J’étais à l’apogée de ma carrière, c’était illogique au possible », et évoque que ce qui fait vendre, » c’est la femme avec un corps qui donne envie, pas celle qui surfe de grosses vagues ».
Le rêve des Jeux Olympiques pour la surfeuse
En 2020, Johanne Defay participe aux JO de surf de Tokyo, sans parvenir à remporter de médaille. Ces JO marquent l’entrée du surf dans le panthéon olympique, et motivent la jeune Française qui parvient à se qualifier pour les épreuves de 2024, qui se déroulent à Tahiti, sur la mythique vague de Teahupoo, aussi dangereuse que réputée. D’ailleurs, Teahupoo figurait sur le circuit pro féminin au début des années 2000, avant d’en être enlevée en 2006, les organisateurs la jugeant « trop dangereuse pour les femmes »… En cause : la puissance des vagues, qui peuvent atteindre la dizaine de mètres de haut, et le récif situé à une faible profondeur, sur lequel le surfeur ou la surfeuse peut venir chuter en cas de ratage.
La campagne olympique de Johanne Defay avait d’ailleurs mal commencé. La surfeuse s’est blessée à la tête en chutant sur l’une de ses premières vagues et a nécessité quatre points de suture ainsi que le port d’un casque. La surfeuse est toutefois parvenue à se qualifier pour la demi-finale et à remporter la médaille de bronze, grâce à ses deux premiers tubes. Pour y arriver, elle a notamment Carissa Moore, championne olympique en titre, et Vahine Fierro, surfeuse compatriote et originaire de Tahiti, qui connaît Teahupoo à la perfection. Pour la prochaine compétition internationale, rendez-vous sur les Iles Fiji, où Johanne Defay est déjà arrivée 1ère en 2016, aux Fidji Women’s Pro.
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Victoria, pour Celles qui Osent
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