C’est elle qui a remporté la Palme d’or à Cannes, lors du plus prestigieux rassemblement cinématographique au monde. Justine Triet est la troisième femme consacrée par le festival, en 77 ans d’existence, après Jane Campion en 1993 et Julia Ducourneau en 2021. Son film Anatomie d’une chute, dans lequel on suit le procès d’une femme accusée du meurtre de son mari, retrouvé sans vie aux pieds de la maison familiale, a emporté l’adhésion du jury. Voici un bref rappel du parcours singulier de la cinéaste Justine Triet, consacrée par une palme d’Or et remarquée par son discours engagé.
Des Beaux-Arts aux documentaires engagés
Justine Triet naît en 1978 à Fécamp, en Seine-Maritime, et grandit à Paris. Après son baccalauréat, elle intègre l’École des Beaux-Arts et songe à devenir artiste peintre. Mais après deux années à l’école, elle s’éloigne de la peinture pour se concentrer sur la vidéo et le montage, des formes d’expression et de création qui lui conviennent davantage. Une fois diplômée, la jeune femme réalise ses premiers films documentaires. Ce n’est que plus tard dans sa carrière de cinéaste qu’elle s’essayera au genre fictionnel.
Son court-métrage Sur place, réalisé en 2006, filme la mobilisation contre le projet de loi instituant les contrats de première embauche, et revient sur les scènes de violence qu’a connues Paris en mars 2006. Un an plus tard, elle tourne Solférino, au siège du parti socialiste, au cours des deux soirées électorales de la présidentielle durant lesquelles Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal se sont affrontés. La réalisatrice commence alors à se faire connaître grâce à son court-métrage Vilaine fille, mauvais garçon, primé à trois reprises en 2012, narrant la nuit survoltée d’un jeune peintre fauché et d’une comédienne déjantée.
Filmer des héroïnes indépendantes et tourmentées
La Bataille de Solférino, inspiré de son documentaire éponyme, est remarqué dans les cercles du cinéma indépendant, mais ne perce pas. On y retrouve les acteurs Vincent Macaigne et Laetitia Dosch. Victoria est le véritable premier succès en salles de Justine Triet. Le film met en scène Virginie Efira, incarnant une avocate tourmentée qui doit assurer la défense de son ami accusé d’avoir poignardé sa compagne. Comme souvent dans le cinéma de Justine Triet, les intrigues se croisent et s’entremêlent, entre vie sentimentale, vie de famille, et vie professionnelle. Le film décroche cinq nominations aux Césars, mais repart bredouille.
Trois ans plus tard, à Cannes, Justine Triet présente Sibyl, dans lequel Virginie Efira, à nouveau, joue une psychologue obsédée par l’une de ses patientes, une actrice incarnée par Adèle Exarchopoulos. La réalisatrice se concentre, comme dans Victoria, sur un personnage féminin tourmenté, héroïne assaillie par les doutes.
Justine Triet : une palme d’Or et un discours engagé
En mai 2023, Justine Triet devient la troisième femme à recevoir la palme d’or au Festival de Cannes, après Jane Campion en 1993 et Julia Ducourneau en 2021.
Lors de la réception du prix, décerné pour son film Anatomie d’une chute, elle dédie sa palme d’or aux « jeunes réalisatrices et réalisateurs » et appelle à leur donner « une place dans le monde ». Elle ajoute aussi s’inquiéter de la « marchandisation de la culture que le gouvernement néo-libéral défend », qu’elle accuse ensuite de « casser l’exception culturelle française ».
Ce discours a relancé le débat sur le CNC (Centre national du cinéma et de l’image) créé en 1946, dont le but est de donner aux réalisateurs et réalisatrices les moyens de créer et de faire des films sans dépendre des contraintes financières du marché. Autrement dit, les aides accordées par le CNC aux cinéastes ne doivent pas dépendre du nombre d’entrées en salles.
La prise de parole à Cannes de Justine Triet a vivement fait réagir la ministre de la Culture, Rima Abdul Malak, qui s’est dit « estomaquée », car, selon elle, ce sont les aides publiques qui ont permis au film de voir le jour. La réalisatrice, quant à elle, a reçu beaucoup de soutien de la part du monde du cinéma et des politiques de gauche.
Cet article vous a plu ? Plongez-vous dans notre biographie de Jane Campion, première femme à avoir obtenu la palme d’or… en 1993 !
Victoria Lavelle pour Celles qui Osent
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