Malala Yousafzai, son combat pour l’accès à l’éducation

Son nom ne vous dit peut-être rien à première vue. Mais si nous vous racontons qu’il s’agit de la plus jeune lauréate du prix Nobel de la paix, son histoire vous reviendra peut-être. Malala Yousafzai et son combat pour l’accès à l’éducation ont fait le tour du monde. En effet, en se battant pour la scolarisation des filles au Pakistan, Malala est devenue une véritable icône de la résistance aux talibans. Ni les menaces de mort ni l’attentat manqué à son encontre n’affaibliront ses convictions et sa mobilisation en faveur de la paix. Celles qui osent vous retrace aujourd’hui la biographie de cette jeune écolière pakistanaise qui a fait de sa vie une lutte pour le droit à l’instruction des filles, et contre les injonctions dogmatiques de la Charia.

Une enfance heureuse malgré l’émergence du terrorisme au Pakistan

Histoire d’une écolière pakistanaise comme les autres

L’histoire de Malala débute à Mingora, la plus grande ville de la vallée du Swat, au nord-ouest du Pakistan. Issue d’un milieu modeste mais intellectuel, elle apprend à lire à cinq ans, encouragée par son père, directeur de l’école dans laquelle elle étudie. Ziauddin a lancé cet établissement trois ans avant sa naissance, et en est devenu l’homme à tout faire pour limiter les frais. Peu importe ! C’est son rêve, et s’il doit inclure des restrictions (y compris alimentaires), l’ensemble de la famille est heureuse d’y participer. Écolière studieuse, Malala grandit au sein de cette institution comprenant un pôle élémentaire et deux pôles secondaires : un pour les garçons, et un autre pour les filles.

Montée du terrorisme dans le Swat

Cette période insouciante de la vie de la jeune fille est vite assombrie. Radio Mollah apparaît, et avec elle les germes de l’extrémisme islamique. D’un appel à prier davantage et à cesser d’écouter de la musique, le mollah Maulana Fazlullah est passé à la proscription des vaccins et à la condamnation des écoles pour filles. Nonobstant les avertissements de plus en plus durs du chef des talibans dans la région, l’école de Malala reste ouverte, et continue d’accueillir les jeunes filles. Arrive alors le jour où Ziauddin reçoit sa première menace directe. Une lettre reprochant à son établissement scolaire d’être occidental et infidèle. C’est la première fois que Malala ressent véritablement la peur.

Ziauddin Yousafzai, le premier qui a osé lever la voix

Le lendemain, Ziauddin Yousafzai répond aux talibans par une lettre d’apaisement publiée dans le journal local. Bien qu’il n’ait signé que de son nom, celui-ci ainsi que l’adresse exacte de l’école, figurent dans l’article. C’est à cette époque qu’il commence à prendre la parole, pour s’opposer publiquement aux préceptes de la Charia. Ni les exhortations de ses amis ni les menaces des talibans n’ébranlent son engagement. Il reste persuadé du bien-fondé de son discours. À la même période, une équipe de télévision pachtoune débarque dans l’école pour interviewer les écolières. Malala saisit l’occasion. Cette expérience la confortera sur l’importance de faire entendre sa voix. Dès lors, elle prend la parole dès qu’elle en a l’opportunité. Télévision, radio et presse écrite deviennent son porte-voix.

Éclosion d’une icône de la résistance aux talibans

Journal d’une écolière pakistanaise, le blog détonateur par lequel tout a commencé

En 2008, la BBC a l’idée de créer un blog racontant, sous forme de journal intime, la vie d’une écolière sous les talibans. La célèbre chaîne de télévision britannique recherche un professeur, ou une élève en fin de scolarité, pour rédiger les contenus. Malala Yousafzai se porte candidate. Elle n’a que 11 ans, mais une détermination sans faille. Avec la bénédiction de ses parents inquiets, mais convaincus de l’utilité de la tâche, elle débute la rédaction de ce blog. Malheureusement, son anonymat ne tarde pas à tomber. Elle passe alors de l’ombre à la lumière, et devient une cible pour les talibans. Or, loin de l’arrêter, cette première menace la conforte dans son engagement pour l’accès des filles à l’instruction.

se former à la rédaction web

Tentative d’assassinat

Malgré la menace de mort des talibans, et la peur que celle-ci suscite en elle, Malala continue d’aller à l’école chaque jour. Elle aime étudier et rien ne pourrait l’en dissuader. Elle s’imagine même tenter d’expliquer son combat, si jamais elle se retrouvait confrontée à un terroriste. Mais cette scène chimérique n’aura pas lieu. Le 9 octobre 2012, deux jeunes hommes s’interposent devant la camionnette qui ramène les écolières chez elles. Après s’être assuré de qui était Malala, l’un d’eux la met en joue. Il tire sur elle. À bout portant.

Sauvetage in extremis et mobilisation internationale

Ce qui suit est digne d’un roman d’aventures. Dès qu’il a compris ce qui est arrivé, le chauffeur de la camionnette conduit Malala à l’hôpital local, où son père la rejoint. Elle est aussitôt transférée en hélicoptère dans un second établissement de soins à Peshawar. Sur place, un neurochirurgien l’examine et découvre que la balle se trouve encore à l’intérieur du corps. Il décide de l’opérer immédiatement. Deux jours plus tard, son état empire et on craint pour sa vie. Par coïncidence, deux médecins britanniques se trouvent non loin de là. Appelés en renfort, ils débarquent à Peshawar malgré la menace terroriste qui pèse sur les étrangers. Ce sont eux qui insistent pour que Malala soit transportée dans un troisième hôpital à Islamabad, puis hospitalisée à l’étranger. Elle est évacuée en jet privé médicalisé prêté par les Émirats arabes unis.

Malala Yousafzai, son combat pour l’accès à l’éducation distingué par le prix Nobel de la paix

Toujours en vie à Birmingham

Malala se réveille saine et sauve dans un lit d’hôpital en Angleterre. Plongée dans un coma artificiel pour le voyage, elle ignore tout de ce qui s’est passé. Il lui faudra du temps pour en prendre conscience et découvrir que, non seulement un relai incroyable s’est mis en place pour la sauver, mais que son histoire a fait le tour du monde. Elle reçoit des milliers de lettres provenant des quatre coins du globe. Parmi elles, un colis retient particulièrement son attention. Il s’agit de deux écharpes ayant appartenu à Benazir Bhutto, offertes par les enfants de celle-ci. Elle réalise alors qu’en tentant de la faire taire, les talibans lui ont donné un auditoire planétaire.

Reconnaissance internationale et remise du prix Nobel de la paix

Le jour de ses seize ans, Malala prononce un discours à l’ONU devant quatre cents personnes, parmi lesquelles Ban Ki-Moon et Gordon Brown. Elle profite de cette opportunité extraordinaire pour réitérer son souhait que soient entendus ceux qui, selon elle, n’ont pas de voix. Puis elle prononce ces mots : « Je suis la même Malala. Mes ambitions sont les mêmes. Mes espoirs sont les mêmes. Un enfant, un professeur, un crayon, un livre peuvent changer le monde ». À Barack et Michelle Obama qu’elle a rencontrés par la suite, elle explique respectueusement que si les États-Unis dépensaient moins d’argent pour la guerre, et plus pour l’éducation, le monde serait meilleur. Elle reçoit le prix Nobel de la paix quasiment deux ans, jour pour jour, après sa tentative d’assassinat.

La poursuite du combat

Loin de s’arrêter à cette reconnaissance ultime, Malala Yousafzai poursuit son dessein via la Fondation Malala qu’elle crée avec son père en 2013. Il s’agit d’une organisation internationale à but non lucratif, dont l’objectif est d’assurer 12 ans d’éducation gratuite pour chaque fille. Elle est également porte-parole des réfugiés syriens et défend leur droit à l’instruction. Elle a, en outre, fondé d’autres projets en faveur de la paix et de la scolarisation en Jordanie, au Pakistan, au Kenya et au Nigeria notamment. La Fondation Malala continue de se développer et, à sa tête, Malala affirme qu’il s’agit désormais de « sa vie, de son travail, de sa mission et de son rêve ».

En quelques années, Malala Yousafzai et son combat pour l’accès à l’éducation ont été propulsés sur le devant de la scène internationale. En prônant le droit à l’égalité des chances, et notamment le droit universel à l’éducation, la jeune femme pakistanaise a fait de sa vie un combat contre le terrorisme d’abord, mais aussi contre toute forme d’exclusion. Devenue l’étendard de la cause féminine, elle raconte son parcours incroyable dans un livre autobiographique passionnant : « Moi Malala ». Vous ne pourrez pas passer à côté, si vous êtes parvenus jusqu’à la fin de ces lignes !

Charlotte Arbet, pour Celles qui osent

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