Papillomavirus : vers une vaccination généralisée ?

En France, la vaccination contre les HPV (Human Papillomavirus ou infections à papillomavirus humain) est particulièrement faible ; en 2022, seuls 46 % des filles et 6 à 8 % des garçons étaient vaccinés. En Norvège et en Angleterre, ce sont près de 80 % des adolescentes qui reçoivent chaque année le vaccin contre les papillomavirus. Pourtant, les HPV sont responsables de nombreux cancers, notamment ceux du col de l’utérus. Face aux opérations de sensibilisation et aux prises des paroles de femmes atteintes de cancers des suites d’un papillomavirus, Emmanuel Macron a annoncé, le mois dernier, que le vaccin contre les HPV sera désormais disponible dans toutes les classes de 5e. Celui-ci ne sera pas obligatoire et le choix sera laissé aux parents. La France va-t-elle généraliser la vaccination des adolescents contre les papillomavirus ?

Papillomavirus : définition

Près de 8 personnes sur 10 sont confrontées aux papillomavirus au cours de leur vie.

Extrêmement répandus et d’une très grande variété, les papillomavirus se transmettent lors d’un rapport sexuel ou d’un contact cutané, puisqu’ils infectent les cellules de la peau et des muqueuses. Contrairement à certaines maladies sexuellement transmissibles, l’infection à un HPV ne nécessite aucune pénétration. Il peut avoir lieu lors de sexe oral, de caresses, voire même lors d’un partage de sextoys. Les symptômes sont variés et peuvent aller de la simple verrue génitale au développement d’un cancer.

Le plus souvent, les infections ne présentent aucun symptôme et le corps humain s’en débarrasse naturellement au bout de quelques mois. Mais dans près de 10 % des cas, l’exposition à un papillomavirus peut mener à un cancer. D’ailleurs, en France, les HPV sont, dans 80 % des cas, à l’origine des cancers du col de l’utérus pour les femmes et des cancers de l’anus ou du pénis pour les hommes.

Vers une vaccination généralisée ?

Actuellement, la seule solution efficace contre ces HPV demeure la vaccination (qui, en France, reste peu répandue.) Pourtant, tout le monde est concerné. Le virus n’est pas forcément détectable chez les uns alors qu’il peut mener à des cancers chez d’autres. Aussi, il est important de se faire vacciner en amont de la vie sexuelle, puisque dans 60 % des cas, les infections se transmettent lors des premiers rapports.

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En France, peu d’informations sont diffusées quant aux expositions aux HPV, et l’on manque cruellement de sensibilisation à ce sujet alors qu’en Espagne, les adolescents sont tous vaccinés dès le collège. Vacciner de manière systématique à l’école permettrait donc, en France, de généraliser la couverture vaccinale, mais aussi de sensibiliser les jeunes et leurs parents. En effet, il est recommandé de vacciner garçons et filles entre leurs 11 et 14 ans, avec un schéma à deux doses. Dans le cadre d’un rattrape vaccinal, il est également possible de faire le vaccin de ses 15 à 19 ans avec l’administration de trois doses.

Les maladies sexuellement transmissibles (MST) : entre honte et tabou

Contracter un papillomavirus déclenche beaucoup d’angoisses, de peur et même de honte. Chez les femmes, le papillomavirus est détectable par le biais de frottis ou par un prélèvement cervico-utérin.

En France, près de 3000 femmes contractent un cancer du col de l’utérus, et 1000 d’entre elles en meurent.

Dans une tribune publiée sur Slate, Lucie Bellan, femme atteinte d’un papillomavirus cancéreux, raconte son parcours et la détection de son cancer par son gynécologue.

« Je me souviens très bien de la première fois que j’ai entendu sérieusement parler de papillomavirus humain. J’avais été soumise à un frottis de contrôle après mon deuxième accouchement par mon gynécologue, et les résultats n’étaient pas aussi neutres que d’habitude. J’étais positive au papillomavirus humain. Sur le papier, il n’était précisé que ces quelques symboles : CIN2. Mon gynécologue avait alors pris trente secondes pour me dire de ne pas m’inquiéter et qu’on allait se revoir dans six mois pour surveiller ça. »

Le manque d’information, la honte et le tabou autour des maladies sexuellement transmissibles rendent la prise en charge et le soin difficiles.

« À même pas 30 ans, j’ai cru que j’allais mourir d’un cancer et que j’allais laisser mes enfants orphelins. J’ai subi un an de stress et de procédures invasives. J’ai subi le silence surtout. Parce que si quelques femmes appelaient à l’aide dans des forums pas toujours adaptés, j’avais le sentiment que j’avais attrapé une maladie honteuse. Dix ans auparavant, j’avais eu des rapports sexuels non protégés et j’en payais le prix. Et comme le virus traîne cette mauvaise réputation d’infection sexuellement transmissible (IST), il ne convenait pas d’en parler ouvertement sans admettre que j’avais fait une bêtise. »
Les papillomavirus concernent tout le monde, hommes comme femmes, et peuvent aboutir à des maladies graves, que les préservatifs seuls ne peuvent stopper. Il semble donc important de normaliser la vaccination contre les papillomavirus des adolescents…
Victoria Lavelle pour Celles qui Osent
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