Qui aujourd’hui n’a pas entendu parler de l’éducation positive ou bienveillante ? Ces termes désignent la même volonté d’opter pour une parentalité respectueuse envers nos enfants. Étrangère il y a quelques années, cette pédagogie est devenue très populaire, voire marketing. Les parents l’appliquent, comme une maxime à laquelle il ne faudrait pas déroger. Mais derrière cette forme d’éducation se cache une définition propre à chacun. Qu’est-ce qui motive les parents et comment vivent-ils leur choix ? Témoignage de Julia, maman de trois garçons âgés de 6 mois à 6 ans.
Une définition personnelle de la parentalité respectueuse
Chaque parent élève ses enfants de manière unique. Et même d’un enfant à l’autre, l’accompagnement peut changer. L’éducation et la parentalité sont donc des concepts singuliers, propres à chacun. Les parents s’interrogent de plus en plus sur la façon d’élever leurs enfants, sur le choix d’une pédagogie en particulier ou non. Julia nous confie sa vision, celle d’une parentalité respectueuse.
Cette maman préfère le terme « respectueuse » à « bienveillante ». Pour elle, le respect est un sentiment de considération envers autrui, un ressenti donc. Alors qu’elle conçoit la bienveillance plutôt comme un acte ou une parole, animés par la volonté d’agir pour le bien d’une personne. Ce qu’elle souhaite, c’est simplement construire sa famille dans l’estime maximale de chacun. Dans celle des enfants bien sûr, mais également dans celle des parents.
Pour Julia, respecter son enfant, c’est le considérer comme une personne à part entière ; c’est l’estimer comme notre égal. Et se respecter soi-même, en tant que personne et parent, c’est s’honorer. Julia comprend que la base de la relation parent-enfant est la confiance. À son sens, un enfant peut, selon sa maturité, décider de ce qui est bon pour lui. Le respect de ses choix, quand ils sont bien sûr sans danger pour lui, est donc primordial. Et lorsqu’il n’est pas en capacité de choisir pour lui, le parent est présent pour le guider.
Le choix d’une éducation positive
Le choix de s’engager sur ce chemin s’est fait peu à peu pour Julia. Avant de devenir mère pour la première fois, elle n’avait jamais entendu parler d’éducation bienveillante ou de parentalité positive. Jusqu’aux trois ans de son premier garçon, elle agissait intuitivement. Laisser pleurer son bébé, par exemple, était impensable pour elle. Julia se rendait compte, à travers la douleur que son fils pouvait éprouver, qu’elle était elle-même connectée à ses souffrances d’enfant. Ayant subi des violences éducatives ordinaires (VEO), qui l’ont marquée, elle ne souhaitait pas en imposer à son fils.
Autour des trois ans de son garçon, la question de l’école se pose pour Julia. Elle découvre alors qu’il existe tout un mouvement autour de l’éducation. Des mots peuvent être posés dessus, des blogs et des livres existent pour s’en informer. Elle s’intéresse grandement au sujet, et s’en prend même de passion. Son mari et elle décident de ne pas scolariser leur enfant, et choisissent l’instruction en famille. Elle entre dans des groupes d’unschooling, et peut échanger, débattre avec d’autres familles. Plongeant de plus en plus dans cet univers, alimenté de discussions et de lectures, Julia sait qu’elle est sur le bon chemin. Pour son mari et elle, le plus important dans l’éducation est d’avoir une belle qualité relationnelle avec son enfant. Son instinct s’est mué en connaissances, elle est désormais en phase avec elle-même, car son choix lui ressemble.
Le parent : une personne avant tout
Pour Julia, la base absolue de la parentalité est le respect. Cependant, l’éducation est un chemin complexe, semé d’embûches. Le respect est parfois mis à mal. En étant parent, on apprend tous les jours. On apprend surtout qu’aucune mère n’est parfaite, et que tous les parents font des faux pas. Julia nous avoue qu’elle aussi crie parfois, regrette certaines paroles ou ferait les choses différemment. Mais il y a des moments où elle a des difficultés à gérer ses propres émotions. Elle s’excuse alors auprès de ses enfants, et surtout, verbalise ce qui lui est arrivé.
Forte de son expérience, elle trouve des réponses, un peu plus chaque jour, à ses questionnements. Comment mieux gérer ses émotions ? Comment entretenir cette belle qualité relationnelle avec ses enfants ?
À son sens, l’une des solutions pour réussir à garder le cap dans cette parentalité, c’est de s’écouter. C’est de ne pas refouler ses émotions, mais de les accueillir et de les accepter. Lorsque l’on se sent submergé par celles-ci, et incapable d’être dans la « bienveillance », Julia conseille de s’observer. S’interroger sur le fait de pourquoi l’on a cette réaction, ou que se passe-t-il en nous ? Les réponses permettront de comprendre ce qui nous traverse, et d’adapter notre attitude face à l’enfant. L’éducation respectueuse, elle est d’abord à appliquer à soi. C’est une invitation au respect de soi-même, être à l’écoute de ses émotions et de ses ressentis.
Un sentiment d’appartenance différent
Julia et son mari ont opté pour une éducation qui leur ressemble et leur convient. Julia est maintenant alignée avec elle-même, à l’aise avec ses choix. Elle ne craint pas le regard des gens ou leurs réflexions. L’éducation qu’elle prône diffère de celle que son mari et elle ont reçu. Elle a dû faire face aux remarques de leurs familles, aux actes allant à l’encontre de leur parentalité. Il en est de même pour les connaissances, ou les inconnus. Même si elle est sûre de ses choix et les assume, elle garde toujours un fond de peine de se sentir en décalage. Elle n’a jamais souhaité être différente, mais au contraire, a toujours voulu se sentir intégrée.
Le sentiment d’appartenance est un des besoins fondamentaux de l’être humain. Et c’est ce qui la fait le plus souffrir dans ce choix d’éducation. Ne pas se sentir en phase avec la société, une partie de soi voulant être « comme les autres ». Ce qui l’a sauvée, c’est d’être intégrée à un groupe d’unschoolers. Ce village de familles, comme elle le nomme, lui permet d’appartenir à une communauté. Elle a noué des amitiés, fortes, avec des parents qui ont fait le même choix qu’elle. Grâce à ces relations, elle se sent en harmonie avec un groupe et moins vulnérable à l’extérieur. Ils se soutiennent, s’aident, échangent. Un réel appui sur lequel compter. Il serait beaucoup plus difficile pour elle d’assumer ses choix sans ces amitiés.
La parentalité respectueuse est finalement un chemin, sur lequel le parent est en perpétuel questionnement. Ce chemin apprend en premier lieu à se respecter soi-même. L’éducation choisie ne doit pas devenir dogmatique : ne pas se culpabiliser lorsque l’on fait des erreurs, et garder son intelligence afin de trouver ce qui est juste pour soi. Si vous souhaitez découvrir le monde de Julia et ce qu’elle applique au quotidien, par ici !
Cynthia Sanchez – LinkedIn
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