Aux États-Unis, les opposants du droit à l’avortement ne cessent de gagner du terrain. Après la révocation en juin dernier de Roe v. Wade, l’arrêt qui protégeait le droit à l’avortement, c’est maintenant la pilule abortive qui est en danger. Vendredi 7 avril, un juge fédéral de l’État du Texas a interdit la principale pilule abortive dans le pays, utilisée chaque année par près de 500 000 Américaines.
La pilule abortive en danger aux États-Unis
Cette suspension de la principale pilule abortive dans l’État américain du Texas intervient dans un contexte bien précis. Rappelons que l’avortement, et tout autre droit relatif à la santé sexuelle et reproductive des femmes, n’est jamais acquis. Comme l’écrit Simone de Beauvoir :
« N’oubliez jamais qu’il suffira d’une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. Ces droits ne sont jamais acquis. Vous devrez rester vigilantes votre vie durant. »
En 1973, l’arrêt Roe v. Wade est adopté par la Cour Suprême américaine, et protège le droit des femmes à recourir à une IVG. Mais depuis l’adoption de ce texte, certains États, comme l’Alabama, la Géorgie ou le Texas ont développé de nombreuses lois pour limiter ce droit à l’avortement, comme par exemple : exiger le consentement des parents ou du conjoint lorsque la femme est mineure, la restriction de l’IVG lorsque le rythme cardiaque du fœtus est détectable (cela peut commencer dès la sixième semaine de grossesse), ou la mise en place de délais avant de recourir à un avortement, afin de s’assurer du choix de la femme enceinte.
En 2021, le Mississippi dépose une requête à la Cour Suprême pour révoquer Roe v.Wade. Après un vote survenu en juin 2022 à six voix contre trois, l’arrêt est révoqué et les États sont désormais libres de statuer sur le droit à l’IVG. Six mois après la décision de la Cour Suprême rendue, déjà 24 États ont entamé les démarches pour bannir l’avortement…
La prescription de la pilule abortive suspendue au Texas
Sous le mandat de Donald Trump, la Cour Suprême a basculé dans le conservatisme. En quatre ans, ce dernier a nommé un tiers des juges, qui, par ailleurs, le sont à vie. Le 18 septembre 2020 mourrait Ruth Bader Ginsburg, icône féministe de la gauche américaine, et juge à la Cour Suprême. Très rapidement, Donald Trump la remplace par Amy Coney Barrett, soutenue par la droite religieuse et antiavortement. Les trois juges nommés par Donald Trump durant son mandat ont donc fait basculer la Cour Suprême vers la droite, mettant les juges progressistes en difficulté.
Matthew Kacsmaryk, le juge fédéral qui a suspendu la prescription de la pilule abortive au Texas, a lui aussi été nommé par Donald Trump peu de temps après son arrivée au pouvoir, en 2017. Avant cela, il était membre du First Liberty Institute, une organisation qui défend les intérêts de la droite religieuse devant la justice. (Il a notamment défendu des pâtissiers ayant refusé de faire un gâteau pour le mariage d’un couple homosexuel…)
L’accès à la pilule abortive, bientôt interdit ?
La pilule abortive est utilisée pour avorter, dès lors que la grossesse est confirmée. Cette méthode, autorisée depuis 2000 aux États-Unis, peut être employée jusqu’à dix semaines après les dernières règles. Les médicaments contenus dans cette pilule permettent de stopper le développement de la grossesse puis déclenchent des contractions et des saignements qui permettent l’expulsion du fœtus. Plus de la moitié des avortements aux États-Unis (52 %) sont médicamenteux. Le jugement de Matthew Kacsmaryk interdisant la prescription de la pilule abortive valide les arguments d’une plainte déposée en novembre dernier par une coalition de médecins et d’organisations anti-IVG, qui pointe les risques liés à la pilule abortive. Ils accusent la FDA, l’Agence américaine du médicament, de les négliger en raison d’un agenda politique orienté en faveur de l’IVG.
Après la décision de la Cour Suprême de révoquer Roe v. Wade, de nombreuses organisations se sont mobilisées pour rendre la pilule abortive plus accessible. Dans les États où l’avortement est encore légal, la FDA a assoupli les restrictions autour de la clinique abortive ; les femmes peuvent par exemple se la procurer directement en pharmacie. Le ministère de la Justice et la FDA ont d’ailleurs fait appel de la décision de Matthew Kacsmaryk. Vendredi 14 avril, la Cour suprême américaine a temporairement maintenu l’accès à la pilule abortive, suspendant la décision d’une cour d’appel fédérale.
Victoria Lavelle pour Celles qui Osent
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