Croissant ou céréales ? Hamburger ou wrap ? Yaourts ou éclair au chocolat ? Le simple fait de nous alimenter nous fait prendre 200 décisions par jour selon une étude du chercheur américain Brian Wansink ! Au cours de nos repas quotidiens, nous aimons varier les plaisirs gustatifs. Notre consommation de nourriture dépend d’abord de notre système physiologique, qui régule la faim et la satiété. Mais elle découle aussi de normes sociales comme le rythme des repas ou la composition des menus. Malheureusement, nous préférons ingérer des aliments qui ne sont pas toujours bons pour notre santé. L’industrie agro-alimentaire a ajouté aux produits des ingrédients qui donnent envie d’en manger plus, comme le sucre. Et si comprendre nos comportements et préférences alimentaires nous aidait à mieux manger ?
Manger joue sur les émotions et les émotions jouent sur les choix alimentaires
Nos comportements alimentaires varient en fonction de notre état mental. Dans notre cerveau, nous possédons un système de récompense dans lequel chaque expérience est liée à une émotion, à une sensation agréable ou désagréable. Si l’on nous oblige à manger un plat, cet aliment sera associé à une impression négative. (c’est comme cela que certains plats restent notre hantise toute notre vie). Au contraire, si l’on ressent du plaisir à déguster un aliment ou que l’on est en bonne compagnie pour le manger, il sera lié à une expérience positive. La nourriture sucrée nous procure par exemple du plaisir et des émotions agréables le plus souvent.
La faim et la satiété sont sous le contrôle d’un système complexe de régulations/dérégulations. D’après une récente étude menée par une équipe de chercheurs de l’INSERM, du CNRS et de la Sorbonne par Liane Schmidt et Hilke Plassmann, il existerait un lien entre notre cerveau et la capacité de contrôle lors de nos choix alimentaires. Ils ont observé que les personnes qui ont plus de matière grise dans deux régions du lobe frontal ont davantage d’appétence pour les produits considérés comme « sains ». Cette découverte est intéressante, car elle permet d’entrevoir des pistes de traitement pour les personnes atteintes de troubles du comportement alimentaires (TCA).
Les produits transformés font perdre le sentiment de satiété
En France, l’offre des supermarchés a quadruplé : chaque année 20 000 nouvelles références débarquent sur le marché. Tous les fabricants veulent que leurs produits se vendent et se livrent une concurrence acharnée, par le biais en autre de la publicité et du marketing. L’accès facile aux denrées stimule la consommation.
L’objectif des industriels est d’identifier ce qui nous rend heureux par le biais de la nourriture, et à déclencher le « j’en veux plus » du consommateur.
Pour cela, les grands groupes investissent des milliards d’euros dans des centres de recherches et de développement. Dans leurs laboratoires sensoriels, ils analysent les saveurs addictives, testent le bruit de mâche d’un produit comme les chips, ou ajoutent des arômes… La texture et la structure influent sur la quantité ingérée, si bien que lorsque nous mangeons de la nourriture transformée par l’industrie, nous ne savons pas toujours dans quelles proportions nous les avons ingérés. Quand nous consommons des produits naturels, nous savons quand nous en avons assez, car leur composition nutritionnelle influence la satiété.
D’ailleurs, face à des chips, même les rats entrent dans une frénésie alimentaire, sans contrôle possible. Dans les spots publicitaires, les produits industriels semblent pourtant totalement inoffensifs. L’industrie s’efforce sans cesse de créer de nouveaux besoins pour l’acheteur… Pour le professeur Robert Lustig, endocrinologue pédiatrique américain à l’université de Californie, la nourriture transformée est du poison ! « Si l’on mangeait des aliments naturels, nos instincts reviendraient tout seuls ! »
Préférences alimentaires : le sucre fait manger sans faim et sans fin
Le professeur Robert Lustig est mondialement connu pour avoir alerté sur les dangers du sucre. Il est l’auteur du best-seller Sucre l’amère vérité, dans lequel il démontre que le sucre est toxique et addictif. Pour lui, les industriels et les autorités, phobiques des graisses, ont trop longtemps minimisé ses effets dévastateurs et toléré la dissémination du sucre dans tous nos aliments. Pourtant, il a sur nous l’effet d’une drogue. Il désactive notre rassasiement sensoriel spécifique, et contrôle nos envies et nos choix. Sans le sucre, nous mangerions moins et nous achèterions moins !
« Le fructose (contenu dans le sucre) est aussi toxique que l’alcool pour le foie. »
Nous consommons 27 cuillères de sucre par jour… alors que l’OMS en recommande au maximum 6 !
Le rassasiement sensoriel : cette faculté innée à travailler pour contrôler son alimentation
Notre principale motivation à manger est la faim, une sensation désagréable générée par l’hypothalamus, centre régulateur de notre cerveau. Elle nous pousse à agir tout de suite, jouant sur nos émotions et notre humeur. N’avez-vous pas la sensation de vous énerver plus facilement quand vous avez faim ? Certes, manger, c’est ingérer des calories, mais c’est surtout indispensable pour s’approvisionner en protéines, en graisses, ou en vitamines. Manger nous permet d’avoir de l’énergie et d’être en forme. Tout ce que nous mangeons est métabolisé par notre corps et de nombreux récepteurs émettent des signaux en cas de carences.
Au fur et à mesure que nous mangeons, notre plaisir à ingérer les aliments diminue : c’est le rassasiement sensoriel. Nous naissons avec l’instinct de ce qui est bon pour nous, mais plus on vieillit, plus on le perd. Ce que l’on interprète comme de la faim est parfois seulement de l’appétit. Peu à peu, nous avons désappris à nous nourrir de manière instinctive…
Manger en conscience pour agir sur son comportement alimentaire
Nos motivations alimentaires sont nombreuses : parce que c’est bon, par habitude, parce que c’est réconfortant, bon marché, par tradition, ou pour surveiller sa ligne…
On dénombre aussi d’autres facteurs participant à nos choix alimentaires : la famille, la vie professionnelle, le contexte social ou le rapport à la nature et à l’environnement. Nombre de nos comportements alimentaires sont façonnés par les normes sociales et sociétales.
Dans une étude publiée dans la revue scientifique Nature Food, des chercheurs ont analysé les répercussions de nos choix de consommation sur la santé, en calculant les avantages ou les impacts de chacun. Ils ont constaté que l’ingestion d’un hot dog fait perdre à une personne 36 minutes de vie « en santé », alors qu’une portion de 30 grammes de noix et de graines permet de gagner 25 minutes de vie en santé. Si l’on remplace 10 % de l’apport calorique quotidien en viande par des céréales complètes, des fruits et des légumes, nous pourrions même réduire notre empreinte carbone ! Avez-vous déjà tenté la cuisine végétalienne ? Découvrez ici 4 Youtubeuses healthy et leurs recettes gourmandes et vegan.
Mais alors, comment faire des choix sains et manger des quantités adaptées ?
Tout d’abord en mangeant des denrées « brutes », non raffinées par l’industrie. La deuxième solution consiste à manger en conscience, c’est-à-dire en observant de manière accrue notre perception gustative. Nos habitudes et préférences alimentaires s’ancrent dès l’enfance. Le rôle de l’éducation demeure primordial pour l’apprentissage des bons choix de consommation.
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Violaine B. — Celles Qui Osent
Sources :
Theconversation.com, Nos choix alimentaires peuvent ajouter ou retrancher des minutes, des heures, des années de vie
Researchgate.net, Manger sans réfléchir : les 200 décisions alimentaires quotidiennes que nous négligeons
Cairn.info, article Qu’est-ce qui détermine, façonne ou oriente les comportements alimentaires ?
ARTE —Pourquoi manger ce que l’on mange ?