Elles ont tellement de cordes à leur arc qu’il est difficile de les qualifier. Elles se sont fait connaître en 2012, lorsqu’elles ont chanté un Te deum punk et féministe dans la cathédrale du Christ Saint-Sauveur, à Moscou, pour dénoncer les liens entretenus par l’Église orthodoxe russe avec Vladimir Poutine. Depuis, le groupe s’est développé et est composé de chanteuses, performeuses, et militantes qui se font connaître à travers plusieurs actions. Récemment, les Pussy Riot se sont opposées à la guerre en Ukraine menée par Poutine, et ont entamé une tournée en Europe.
La naissance du collectif féministe russe
En 2011, les membres du mouvement naissant ont mené une action dans le métro russe pour protester contre le sexisme de la société. Mais c’est en février 2012 qu’elles se sont véritablement fait connaître à l’international. Nadejda Tolokonnikova, Maria Alekhina, Ekaterina Samoutsevitch et deux autres militantes chantent alors dans la cathédrale du Christ Saint-Sauveur, un Te deum quelque peu original, dont les paroles sont, entre autres : « Sainte-Marie, mère de Dieu, chasse Poutine ». Trois d’entre elles sont arrêtées par la police et en août 2012, sont condamnées à deux ans de détention en camp.
Depuis, le groupe a grandi, puisque quiconque est autorisé à rejoindre les Pussy Riot, sans restriction aucune. Elles se font souvent remarquer lors d’actions provocantes, visuelles et très médiatisées. Depuis l’épisode de la cathédrale du Christ Saint-Sauveur, elles apparaissent toujours en robes colorées, et vêtues de cagoules recouvrant tout le visage. Par exemple, en 2018, durant la coupe du monde de football, trois militantes font irruption sur le terrain et interrompent le jeu pendant quelques minutes pour protester contre l’arrestation du cinéaste russe Oleh Sentsov. Ces dernières seront condamnées à 15 jours de prison.
Les Pussy Riot : un groupe de punks féministes
Les Pussy Riot, littéralement « émeute de chattes », s’inspirent directement des Riot Grrrl, un courant musical punk-rock et féministe initié par le groupe Bikini Kill, qui publie un 1991 un manifeste dans lequel on peut retrouver les extraits suivants :
« PARCE QUE nous les filles avons soif de disques, livres et fanzines qui NOUS parlent, dans lesquels NOUS nous sentons incluses et que nous pouvons comprendre à nos propres façons. PARCE QUE nous voulons rendre plus facile pour les filles de voir/entendre le travail des autres filles, et pouvoir ainsi partager leurs savoir-faire, se critiquer ou s’applaudir. PARCE QUE nous ne voulons pas intégrer les standards des autres (les hommes) sur ce qui doit ou ne doit pas être. »
Le mouvement se développe peu à peu, et c’est ainsi que naît toute une génération de chanteuses punk-rock dont font par exemple partie les artistes Jennifer Finch ou Kat Bjelland. L’engagement des Pussy Riot est directement issu de cette tradition-là. Au fil des années, ces dernières se sont musicalement améliorées et proposent aujourd’hui des chansons réfléchies et poussées, qui vont plus loin que de simples slogans.
Un militantisme anti-Poutine
Au-delà de leur engagement féministe, les Pussy Riot sont également caractérisées par un militantisme anti-Poutine, dont elles critiquent la politique depuis la naissance du groupe. Aujourd’hui, les Pussy Riot soutiennent l’Ukraine contre l’invasion de la Russie. Maria Alekhina, l’une des militantes présentes en 2012 lors de l’action à la cathédrale du Christ Saint Sauveur, s’est échappée de Moscou où elle était sous contrôle judiciaire, pour débuter une tournée mondiale dont les fonds seront reversés à l’Ukraine.
En septembre dernier, Maria Alekhina a notamment été condamnée à un an de restrictions de liberté pour avoir appelé à manifester contre l’arrestation d’Alexeï Navalny, principal opposant russe. Elle est placée sous contrôle judiciaire avec interdiction de quitter Moscou. Mi-avril 2022, sa peine se transforme en 20 jours de prison ferme. Elle décide alors de quitter la Russie, déguisée en livreuse de repas. Elle parvient, au bout d’une semaine, à atteindre la Lituanie. Le 12 mai dernier, les Pussy Riot ont ainsi pu débuter leur tournée pour l’Ukraine à Berlin.
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Victoria Lavelle pour Celles qui Osent
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