Qu’est-ce que le chemsex ?

Depuis la très médiatique « affaire Palmade », le mot chemsex ou « sexe sous drogues » est partout dans les médias. Ce phénomène consiste à utiliser des produits psychoactifs pendant et pour les relations sexuelles, afin d’augmenter les capacités de jouissance et les performances. Longtemps considéré comme un épiphénomène, le chemsex est aujourd’hui une pratique particulièrement répandue parmi la communauté gay — mais pas que, il ne s’agit pas ici de stigmatiser les hommes homosexuels — en France, 14 % des hommes gays et bisexuels auraient pratiqué du chemsex ces 12 derniers mois. Le chemsex devient un enjeu de santé publique, car cette pratique est extrêmement addictive…

Le chemsex, le sexe sous drogue

Le chemsex vient de la contraction des mots anglais « chemicals » (produits chimiques) et « sex », et se traduit par « le sexe sous drogue » en français. Cette pratique va au-delà de la simple prise récréative de drogues. Les substances sont, la plupart du temps, des drogues de synthèse très bon marché, telles que le GHB, les méthamphétamines ou la kétamine, consommés par voix nasale, orale, ou en intraveineuse. C’est dans les années 1990, en Angleterre, qu’apparaît le terme chemsex pour la première fois. David Stewart, un militant pour la cause gay, et lui-même consommateur de drogues, invente le mot, et en fait son combat principal. Disparu en 2022, il a travaillé dans une clinique de santé sexuelle à Londres et y a dirigé le service lié à l’addictologie et la prise de drogues.

Si la théorisation du chemsex date d’une trentaine d’années, le phénomène n’est pas nouveau, et les aphrodisiaques et autres substances font, depuis l’Antiquité, partie de la sexualité d’une marge minoritaire de la population, qu’elle soit hétérosexuelle ou homosexuelle. L’introduction de ces nouvelles drogues très peu chères est ce qui change la donne. Toutes ces substances permettent de retarder l’éjaculation et de rendre les rapports plus longs et plus intenses. Selon Michel Ohayon, sexologue interviewé sur France Inter, la popularisation d’applications de rencontre comme Tinder ou Grinder a également contribué à la diffusion du chemsex.

Qu’est-ce que le chemsex ?

« Le chemsex permet à des gens dont la sexualité est relativement frustrante, pauvre, d’accéder à des pratiques et à des contextes qu’ils n’osent pas se permettre pour différentes raisons ». Michel Ohayon

La prise de drogues avant un acte sexuel permet, pour certaines. s, de se libérer de toutes injonctions sociales et l’augmentation du sentiment d’empathie éprouvé à l’égard du partenaire. Le 17 mars 2022, un rapport mondial « Chemsex 2022 » était remis à Olivier Véran, alors ministre de la Santé, établit que 3 à 29 % des hommes partageant des rapports sexuels avec d’autres hommes étaient concernés par le chemsex, en Europe occidentale et aux États-Unis.

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La pratique se popularise également chez les hétérosexuels, notamment les hommes. Dans un article publié sur Slate, Didier Lestrade, activiste et fondateur d’Act Up, expliquait : « Le phénomène est grandissant chez les hétéros trentenaires, d’autant plus après des mois de confinement, de distanciation et d’isolement liés à la pandémie ». Le phénomène semble mondial, et n’a pas lieu qu’en Occident. En Inde, Sadam Hanjabam, activiste gay et fondateur d’une association de lutte contre le chemsex, a par exemple raconté son overdose et sa descente aux enfers dans un article publié sur Vice.

Le chemsex, une pratique très addictive

Pourquoi le chemsex inquiète-t-il autant ? Selon l’enquête sociologique réalisée par l’Observatoire français des drogues et de la toxicomanie en 2019, 13 à 14 % des hommes gays ou bisexuels avaient pratiqué au moins une session de chemsex au cours des douze derniers mois. Chez les utilisateurs d’applications de rencontre, le chiffre atteint les 25-30 %.

Le problème est que les consommateurs peuvent très vite basculer dans l’addiction. Les médecins évoquent le cas de patients qui commencent à pratiquer le chemsex dans le cadre de soirées ayant lieu le weekend, et qui se finissent par prendre des drogues aussi en semaine.

Aussi, les relations sexuelles « normales », à savoir celles où la prise de drogues n’est pas impliquée, peuvent vite paraître fades à côté des expériences que procurent certaines substances. Le risque d’infections sexuellement transmissibles (IST) est également accru. Quant aux overdoses et aux comas, ces derniers sont provoqués par une méconnaissance des drogues et des mélanges à bannir. Un surdosage de GHB peut par exemple mené à une perte de connaissance, voire bien pire, notamment en cas d’association avec l’alcool.

Il y a un, nous avions dédié un article au GHB, surnommé la drogue du violeur. Vous pouvez le retrouver sur notre site.

Victoria Lavelle pour Celles qui Osent

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