Cette question est venue sur toutes les bouches, ou presque, à la mort de la reine d’Angleterre : Elizabeth II était-elle féministe ? L’histoire britannique est parcourue de règnes de grandes souveraines, parmi lesquelles Elizabeth I, Victoria ou, dernièrement, Elizabeth II. Elles sont devenues de véritables figures historiques, tant pour leur personnalité que pour les évènements d’ampleur s’étant déroulés pendant leur règne. En lien avec ce passé, où les femmes ont un fort rôle à jouer, l’on serait presque tenté de qualifier la monarchie anglaise de « féministe ». Mais est-ce vraiment le cas ? La reine Elizabeth II était-elle vraiment féministe ?
Durant sa jeunesse, Elizabeth II a agi en femme libre
Elizabeth II est restée pendant… 70 ans au pouvoir. Elle a donc pu assister à de nombreux mouvements d’émancipation, de la décolonisation, jusqu’à la quête de liberté des femmes. Plusieurs anecdotes, d’ailleurs, tendent à nous faire pencher pour un féminisme discret, mais bien présent. Il y a par exemple cette année 1991, durant laquelle le prince Abdallah d’Arabie saoudite vient lui rendre visite en Écosse, pour une visite officielle, dans sa demeure de Balmoral. Les femmes saoudiennes n’ont alors pas le droit de conduire, une interdiction qui n’échappe pas à Elizabeth II, qui n’hésite pas à faire faire le tour de sa propriété au roi saoudien… au volant d’une voiture.
Et puis, il y a aussi sa jeunesse, souvent occultée, car lointaine, durant laquelle « the queen » a servi l’armée britannique pendant la guerre, au sein du Service Territorial Auxiliaire, sa branche féministe. Elle y suit une formation de chauffeuse et de mécanicienne, prérogatives majoritairement masculines à l’époque. À propos de cet engagement militaire, Anne-Cécile Mailfert, présidente de la Fondation des Femmes, déclarait sur France Inter :
« Elle est sans aucun doute la seule cheffe d’État à avoir occupé une telle place dans le monde pendant si longtemps, elle est aussi l’une des premières qui a compris le pouvoir des images… À 25 ans, on la voit auprès des soldats en pleine guerre, à une époque, où les femmes anglaises se trouvent souvent cantonnées à la cuisine. »
À ce jour, la reine Elizabeth II est d’ailleurs la seule femme membre de la famille royale à avoir servi dans l’armée.
Elle a permis l’égalité dans l’accession au trône
Elizabeth II, féministe « malgré elle » ? Ce qui est certain, c’est qu’elle fait partie des figures féminines ayant le plus marqué le XXe siècle. Elle fut également à l’origine d’une législation visant à établir la « parité », si l’on peut dire ça ainsi, devant le trône. Car jusqu’en 2013, c’est à l’aîné des enfants du souverain, ou de la souveraine que revient le trône, mais s’il s’agit d’une fille, c’est à son petit frère de prendre la succession. En bref, dans l’accès au trône, le masculin l’emporte sur le féminin. Donc si Elizabeth II est devenue souveraine, c’est uniquement parce qu’elle n’avait pas de frère. Mais en 2013, cette règle sera abolie, et les filles auront la même chance d’accéder au trône que les garçons.
Olivia Colman, l’actrice ayant incarné la reine sur le petit écran, dans la série « The Crown », a quant à elle qualifié la reine de « féministe ultime », en complétant par « celle qui gagne sa croûte ». Selon elle, la reine « n’est pas une petite femme en violet qui se tasse ». La série Netflix montre d’ailleurs les difficultés rencontrées par Philipp, enfermé dans les stéréotypes de son époque, au début du règne de sa femme : celle-ci, ainsi que leurs enfants, a gardé le nom « Windsor », celui d’Elizabeth. Autre exemple : sa royale épouse devait toujours le devancer, et, lors des représentations officielles, Philipp devait se tenir derrière elle.
Mais l’establishment passe avant ses convictions féministes
Il est tout de même important de rappeler que, peu importe l’engagement de la reine d’Angleterre et ses convictions personnelles, l’image de la famille royale et l’establishment passent avant tout. Elizabeth II s’est toujours tenue en retrait, loin des grandes déclarations et autres éclats des hommes et femmes politiques qu’elle a fréquentés pendant de nombreuses années. Par exemple, elle n’a jamais eu un mot pour Lady Diana, et s’est résolue au divorce de son fils Charles, non par féminisme et empathie sorore pour sa belle-fille, mais parce qu’autrement, le scandale tâcherait la famille royale.
Idem pour son fils, le prince Andrew, accusé d’agression sexuelle par une ancienne victime du pédocriminel Jeffrey Epstein, à qui elle a retiré ses titres militaires et honorifiques, dont celui d' »altesse royale », pas par conviction, mais parce que le scandale éclaboussait la monarchie. Plus récemment, on peut par exemple prendre l’exemple de Meghan Markle, qui n’a pas obtenu la protection de la famille royale, après une avalanche de commentaires sexistes et racistes ni un mot gratifiant de la part de la reine Elizabeth II.
Victoria Lavelle pour Celles qui Osent
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