Né dans le sillage de l’affaire Quatennens, le collectif « Relève féministe » rassemble environ 500 femmes, dont le but est de dénoncer les violences sexistes et sexuelles dans le milieu de la politique. Leur objectif : lancer une « Nupes féministe », après les révélations portant sur Julien Bayou, anciennement à la tête du parti Europe Ecologie les Verts, et sur Adrien Quatennens, député de La France Insoumise. Dans un contexte où le #relève féministe se multiplie sur Twitter, Celles qui Osent revient sur la genèse de ce nouveau collectif contre le sexisme en politique.
Des révélations de violences, sexistes et sexuelles au sein du LFI (La France Insoumise)
Tout est parti d’une gifle. Adrien Quatennes, député LFI dans la première circonscription du Nord et coordinateur de la France Insoumise a admis, dans un communiqué de presse, avoir « donné une gifle » à sa femme, et a reconnu « des disputes », intervenant dans le contexte d’un futur divorce. Ce communiqué de presse a été publié en réaction aux révélations du Canard Enchaîné, sur la main courante déposée par sa femme. Le parquet de Lille a alors déclaré ouvrir une enquête, dans le cadre d’une « politique pénaliste volontariste pour le traitement des violences conjugales ». Ce n’est pas la première fois que des personnalités de gauche sont accusées de violences sexistes et sexuelles. Éric Coquerel, président de la Commission des finances et encarté LFI, est notamment visé par une enquête pour agressions sexuelles, et Taha Bouafs, anciennement candidat LFI aux législatives, a été accusé de harcèlement sexuel et de violences sexuelles par des militantes de gauche.
Seulement, le chef de file de la France Insoumise, Jean-Luc Mélenchon, a affiché, à plusieurs reprises, son soutien à Adrien Quatennens ou Éric Coquerel, et a été vivement critiqué pour son attitude. Ce dernier a notamment dit apporter sa « confiance » et son « affection » à Adrien Quatennens, pressenti pour prendre la relève du parti, et ayant démissionné de ses fonctions de coordinateur de la LFI. Cette posture n’a pas plu à certains membres du parti, qui ont publiquement critiqué leur leader à la suite de ses propos.
La Relève féministe, le collectif contre le sexisme en politique
« Face à une solidarité masculine qui protège les agresseurs pullulant dans nos sphères politiques, nous appelons à une relève féministe », écrivent dans Libration 500 militantes féministes, dans une tribune parue le 20 septembre.
« Nous condamnons avec la plus grande fermeté les réactions de Jean-Luc Mélenchon et de ses pairs, qui renforcent la culture patriarcale. Ne nous méprenons pas : si le non-respect du secret souhaité par la victime est une violence supplémentaire, le manque de solidarité et la minimisation, des faits contribuent à la culture des violences sexistes et sexuelles. », continuent-elles.
C’est ainsi que la relève féministe est née.
« L’impunité en politique est révolue, place à la relève féministe »
Le collectif affirme vouloir lancer une « Nupes féministe » et a évoqué des « actions d’ampleur » à venir. Un point commun entre toutes ces militantes : elles soutiennent la Nupes. Parmi elles, on retrouve des figures bien connues, comme Alice Coffin, ou encore Gabrielle Siry-Hoauri, porte-parole du PS. Dans une enquête publiée par Libération, on apprend notamment que l’ancien leader des Verts, Julien Bayou, aurait été « mis sous surveillance » par un petit groupe de femmes du parti, alarmées par les comportements de Bayou envers ses compagnes.
Dénoncer l’omerta politique autour des violences sexistes et sexuelles
La création du collectif de la Relève Féministe témoigne que, depuis Me Too, est attendu un comportement exemplaire de la part des élus politiques. En cinq ans, les attentes citoyennes ont changé, et les militantes dénoncent une omerta politique autour des violences sexuelles. Sont également pointées du doigt les cellules de signalement interne des partis. Le PS, LAREM, EELV et LFI sont tous les quatre dotés de cellules mises en place pour lutter contre les violences sexistes et sexuelles, tandis que de telles instances n’existent pas chez Les Républicains et le Rassemblement National.
Bien que de telles cellules d’écoute et d’entraide à destination des victimes de violences sexistes et sexuelles soient essentielles, les dernières affaires (Bayou, Quatennens) montrent la limite de ces dernières. Le but de ces cellules est de recueillir les témoignages, mener des enquêtes internes, mais celles-ci n’ont pas de pouvoir judiciaire. Les femmes saisissant les cellules en question peuvent être aidées dans leurs démarches, notamment pour porter plainte, mais les prérogatives de ces instances relèvent de l’éthique, et des règles à établir au sein des partis, et non du judiciaire. Ainsi, les cellules ne sont pas à l’abri de logiques partisanes, d’où la recommandation du Haut Conseil de l’égalité entre les femmes et les hommes, selon lequel la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique devrait prendre charge ces problématiques-là. Cela permettrait de garder une trace de tous les signalements et d’uniformiser les traitements et les sanctions.
💼 La parité en politique demeure un sujet toujours d’actualité. Les femmes maires, ministres ou députées subissent encore de nombreuses discriminations sexistes.
Victoria Lavelle pour Celles qui Osent
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2 Comments
[…] C’est dans un magma familial que Naomi Klein voit grandir la flamme de ses convictions. En 1989, quatorze femmes sont assassinées par le tueur en série Marc Lépine au sein de l’Ecole Polytechnique de Montréal. Profondément touchée par ce massacre, elle devient une figure féministe militante contre les violences faites aux femmes. […]
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