Mains moites, joues rouges, maux de ventre, cœur qui s’emballe… et cette question dévorante : que pense-t-on de moi ? En famille, au travail, en couple ou avec des inconnus, vous êtes particulièrement sensible aux critiques, le jugement des gens compte pour vous. Alors comment se détacher du regard des autres ? Mission délicate, à moins de devenir ermite ! Le besoin de reconnaissance et le besoin de plaire font partie de nous. Mais attention, parfois, par manque de confiance en soi, la peur se mue en anxiété profonde et on ne s’autorise plus rien par crainte d’être rejeté ou moqué. Vous avez l’impression que le regard d’autrui est trop pesant ? Vous vous empêchez de faire des choses, car vous redoutez ce que vont dire certaines personnes ? Lisez la suite de cet article pour savoir si votre peur du jugement des autres est excessive et découvrir des astuces simples pour ne plus vous préoccuper de ce que les gens pensent.
La peur du jugement des autres : une appréhension normale et universelle
La valeur du regard d’autrui
Vouloir ignorer le regard des autres est une bataille perdue d’avance. D’une part, se soucier du jugement de ses semblables est nécessaire à la vie en société, car l’homme est un être social. Craindre les critiques sur ses actions sert de limite, fait respecter les normes sociales et, par conséquent, facilite le vivre ensemble. Dès 1943, le psychologue Abraham Maslow démontre d’ailleurs, avec sa célèbre pyramide des besoins, que l’accomplissement de soi passe par la satisfaction des besoins d’appartenance à une communauté, et de reconnaissance par ses pairs. D’autre part, dès le plus jeune âge, les regards extérieurs et les remarques tiennent une place importante dans notre construction personnelle. Chaque enfant cherche à être aimé et apprécié de ses parents, professeurs ou camarades, et à obtenir leur approbation. Ainsi, vouloir être estimé, admiré, être à la hauteur avec ses amis, sa famille, son patron et ses collègues conduit à se surpasser pour révéler le meilleur de soi-même. C’est donc finalement une bonne chose que de redouter ce que pensent certaines personnes, à condition bien sûr que cette appréhension ne soit pas excessive.
Le poids des apparences dans notre société
Nous vivons actuellement dans une société du paraître où l’on cultive le culte de la beauté, de la minceur et de la jeunesse. Partout dans les médias, on nous rappelle que notre corps, notre visage, nos vêtements et notre allure sont déterminants pour notre réussite personnelle. Dans ce monde où il faut donner une bonne image de soi en permanence, vouloir totalement se libérer du regard des autres est illusoire. Dans la sphère privée, comme professionnelle, nous sommes poussés au conformisme et facilement mis de côté lorsqu’on ne répond pas aux normes attendues. La discrimination sur l’apparence physique (beauté, taille, âge, poids, handicap…) est bien réelle et nous sommes tous concernés. Enfin, sur les réseaux sociaux, Instagram, Snapchat ou TikTok, la pression est telle que, désormais, on trouve des filtres pour corriger tous les défauts, même ceux qui n’existent pas.
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L’enfer, c’est les autres
« Tous ces regards qui me mangent », Sartre
L’idée n’est pas récente. Sartre dépeignait déjà en 1944, dans sa pièce Huis clos, la torture de tous ces regards et affirmait sans détour « l’enfer, c’est les autres ». Difficile de se défaire du jugement porté sur soi et qui conditionne la majeure partie de nos actions et réactions. Les opinions extérieures sont utiles à la connaissance de nous-mêmes, mais gare à ne pas tomber dans une totale dépendance du regard d’autrui. En effet, grande est la tentation de coller à tout prix à ce que l’on attend de nous, quitte à nous perdre en chemin. L’idée de déplaire peut paralyser et devenir un frein à l’épanouissement personnel. On oublie ses propres rêves, et le regard de l’autre, censé nous faire grandir, se transforme en prison.
La phobie sociale : quand se soucier de ce que pensent les gens tourne à l’obsession
Reconnaître un trouble anxieux
Il arrive que la peur de ce que pensent les autres devienne insupportable et génère une grande anxiété. L’individu attend, de manière plus ou moins consciente, la venue d’un danger ou d’un problème. Lorsque l’angoisse est inhérente au regard d’autrui, on parle de phobie sociale. Elle se manifeste également par anticipation, avant même de rencontrer une autre personne ou un groupe. Selon la HAS, 21 % des adultes connaîtront dans leur vie un trouble anxieux sévère, 4,7 % une anxiété sociale. Les femmes sont deux fois plus touchées que les hommes.
La peur de ce que pensent les gens porte un nom, la blemmophobie. L’individu est prisonnier du regard des autres, et souffre avant, pendant, et après chacune de ses interactions. Les appréhensions deviennent obsessions et handicapent le quotidien. Peur de l’échec, du rejet et du ridicule, crainte d’être perçu comme anormal, incapacité à lâcher prise sont les nouveaux moteurs de la personne et dominent sa vie. Prendre la parole en public, participer à une activité en groupe ou simplement donner son avis est impensable, et peut causer des crises d’angoisse. De même, si le contact physique avec une foule évolue en obstacle insurmontable, on parle alors d’agoraphobie.
Évaluer son anxiété avec le test de Leibowitz
Les conséquences de l’anxiété sociale sont dramatiques : repli sur soi, isolement, évitement de toutes les situations à risque, perte totale de l’estime de soi… et conduisent à la dépression. Savoir si ces inquiétudes sont pathologiques est donc une étape importante. Il existe des tests psychologiques, comme l’échelle d’anxiété sociale de Leibowitz, pour s’autoévaluer. Cet outil mesure l’intensité du trouble et son évitement dans certains contextes. En voici quelques exemples :
- Redoutez-vous de parler en public ?
- Écrire en étant observé vous dérange-t-il ?
- Craignez-vous de manger dans un lieu très fréquenté ?
- Êtes-vous mal à l’aise en discutant avec un inconnu ?
Demandez-vous, en plus, pour chacun, si vous esquiveriez cette situation. Si vous avez répondu oui à toutes les questions, vous pouvez réaliser la totalité du questionnaire en ligne. Et, si votre résultat global dépasse 56 points, il peut être utile de faire un bilan avec un professionnel de santé qui saura vous aiguiller. Se faire aider, par un psychologue par exemple, n’est pas honteux, mais indispensable. Il existe aujourd’hui des solutions simples et efficaces pour traiter l’anxiété et se débarrasser de sa phobie : hypnose, thérapies cognitives et corporelles (TCC), méditation, sophrologie, etc.
Se détacher du regard des autres : 3 clefs pour se libérer et enfin vivre sa vie
« La croissance de vos propres potentiels dépend d’une décroissance de vos propres exigences. », Édith Rosset, psychologue
Il est impossible d’empêcher des personnes de nous juger, mais on peut (et on doit !) essayer de ne plus craindre le couperet afin de vivre sa vie pleinement et s’épanouir. Pour ce faire, vous trouverez ci-dessous 3 actions simples et réalisables dès aujourd’hui.
1. Arrêter de juger et rester ouvert
Vous devez apprendre à être tolérant. Moins vous jugerez ceux que vous rencontrez avec sévérité, moins le regard des autres sur vous vous apparaîtra critique. Essayez, vous verrez. Faites également le tri dans vos relations, certaines personnalités sont toxiques et prennent un malin plaisir à dénigrer et à rabaisser ceux qui les entourent. Ce n’est bon pour personne.
2. Renforcer sa confiance en soi
Acceptez les jugements, vous ne pourrez de toute façon pas plaire à tout le monde ! Pour cela, il faut apprendre à vous aimer tel que vous êtes, à voir vos qualités, et à être bienveillant vis-à-vis de vos petits défauts. N’hésitez pas à demander à votre entourage de participer pour faire la liste de vos talents et compétences, cela ne pourra que renforcer votre estime personnelle. Si vous avez des enfants, éduquez-les aussi dans ce sens, valorisez-les et mettez en avant leurs réalisations, qu’elles soient des réussites ou des échecs.
3. Oser faire de nouvelles choses
Réfléchissez à ce que vous n’avez jamais osé faire par peur de ce que vont penser les gens, et lancez-vous ! Procédez progressivement, par étapes, du plus simple au plus difficile, comme se mettre au théâtre, chanter, danser, essayer un style vestimentaire différent ou débuter un sport. Une nouvelle activité physique est aussi l’occasion d’apprendre à apprivoiser et à accepter son corps, et de gagner en confiance en soi. Après chacune de vos initiatives, laissez-vous le temps d’analyser ce qui s’est passé. Prenez conscience que, même si ce que vous faites déplaît à certains, le monde ne va pas s’écrouler pour autant. Et, ne vous arrêtez pas en si bon chemin, ayez le courage de vous exposer aux situations que vous redoutez le plus, par exemple donner votre avis en réunion ou partir seul en vacances.
Nul besoin de se détacher du regard des autres, vous devez surtout apprendre à en avoir moins peur, et à faire preuve d’audace. Et ça, des femmes l’ont déjà bien compris et mis en pratique ! Vous pourrez lire ici les portraits de celles qui ont osé, comme France Tronel, qui a décidé de vivre enfin pour elle, ou bien découvrir nos précieux conseils pour savoir dire non.
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Laureen Reyrolle, pour Celles Qui Osent
Article rédigé lors du cursus de formation en rédaction web chez FRW.
Sources :
www.inserm.fr/dossier/troubles-anxieux/
www.ameli.fr/assure/sante/themes/troubles-anxieux-anxiete/
www.psychologies.com/Moi/Problemes-psy/Anxiete-Phobies/Articles-et-Dossiers/Le-quotidien-difficile-des-grands-anxieux
Abraham Maslow. Devenir le meilleur de soi-même. Groupe Eyrolles, 2008.
Édith Rosset. Se libérer du regard des autres. Éditions Jouvence, 2018.
5 Comments
[…] patient, alors libéré du regard des autres et des contraintes usuelles du récit comme l’orthographe, la ponctuation et la syntaxe, laisse […]
[…] Les motivations à vouloir bien écrire peuvent être complètement différentes pour chaque personne. Certains voudront acquérir une écriture plus stylée qui se rapproche de la calligraphie. Il y a lieu, dans ce cas, de s’entraîner à former les lettres de manière esthétique. Ce n’est pas cela que nous allons traiter ici. Rappelons tout de même l’importance d’assumer des caractéristiques qui nous sont propres même s’elles ne sont pas parfaites. Il est également important de se détacher du regard des autres. […]
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[…] et l’esthétisme prédominent, Clémence a eu le courage de grandir et de se construire avec le regard des autres, pas toujours tendre : des critiques, des moqueries, des enfants qui refusent de jouer avec elle, […]
Bonjour, J’ai terminé mon Certificat Fédéral de capacités ASSS à 60 ans et 7 mois !
Cela a paru dans les journaux et sur internet. Aujourd’hui, je suis en train d’écrire un livre et j’ai besoin de conseils, titre : UN CFC POUR EXISTER…
Comment travailler sa persévérance ? Comment je fais face aux jugements de valeur? Comment je m’en protège ?
Merci de me répondre.