5 récits à lire pendant les vacances d’hiver 2023

L’hiver nous régale : fondue savoyarde, raclette ou tartiflette… Le fromage chaud comble nos cœurs et nos estomacs. Pour être rassasiées, culturellement, Celles qui Osent vous propose sa sélection littéraire de l’hiver 2023 : 5 histoires de femmes inspirantes et courageuses… Lisez le propos engagé d’une éleveuse de porcs militante, Noémie Calais ou le parcours hors du commun de Muriel Bel, spécialiste de la mise en scène animalière. Indignez-vous avec l’enquête la plus révoltante sur la violence sexuelle dans les conflits par la reporter de guerre Christina Lamb. Inspirez-vous de la fabuleuse histoire de la reine de l’effeuillage burlesque, Juliette Dragon ou du récit lumineux de Ginette Kolinka, survivante d’Auschwitz.

1. Le propos engagé d’une courageuse éleveuse de porcs

Le livre Plutôt nourrir, l’appel d’une éleveuse, est un récit à deux voix entre Noémie Calais, éleveuse de cochons et Clément Osé, auteur spécialiste du monde paysan.

Diplômée de Sciences Po, Noémie n’était pourtant pas destinée à devenir paysanne. Ces brillantes études l’ont menée à Paris, Hong Kong, puis à Londres. Stoppée par des problèmes de santé, contrainte de changer d’environnement pour se rétablir, Noémie décide alors de redonner du sens à sa vie. Elle s’inscrit dans un lycée agricole du Gers, puis crée son élevage et s’installe dans une ferme collective. En choisissant d’élever des cochons noirs, elle fait un choix militant : cette race rustique se reproduit moins, prend plus de temps pour arriver à maturation ; en clair, elle n’est pas « rentable » pour les industriels.

Face à l’agrobusiness, Noémie Calais a choisi une alternative écologique, un mode de vie paysan, solidaire et joyeux, en pratiquant l’agriculture bio et autosuffisante. Elle croit en un retour à la nourriture maîtrisée et à un élevage raisonné. Les animaux peuvent jouer un véritable rôle dans un système alimentaire durable, sevré des énergies fossiles. Pour l’heure, les agro-industriels favorisent le modèle intensif, transformant les paysans en esclaves de l’industrie. Quitte à désobéir, Noémie et d’autres petits éleveurs, guidés par la solidarité, se battent pour survivre et continuer à travailler dans le respect du vivant.

Ce récit immersif, sensible et politique est un appel à une prise de conscience. Il alimente le débat sur l’indépendance alimentaire, la distribution de la terre entre exploitations et la façon dont on traite l’écosystème.

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📖 Plutôt nourrir, l’appel d’une éleveuse, Noémie Calais et Clément Osé

📖 À découvrir l’histoire oubliée de l’émancipation des agricultrices…

2. Le témoignage inspirant pour les amoureux.ses des animaux

Mettre en scène un cerf, organiser un casting d’araignées, filmer une course-poursuite avec une poule ; dans Animal, Muriel Bel, spécialiste de la mise en scène animalière depuis 34 ans, partage de nombreuses anecdotes de son métier non conventionnel. Cette dresseuse d’animaux autodidacte pour le cinéma ou des shootings de mode est devenue une référence dans le métier. Émerveillée par la puissance de la nature dès l’enfance, elle se découvre la vocation d’aider, nourrir, éduquer tous les animaux qu’elle trouve en forêt.

« Les années ont passé, bientôt quarante ans, mais l’empreinte que la forêt a laissée s’est prolongée dans ma vie d’adulte. Chaque printemps, cela me revient, l’élan qui me pousse à chercher une bête à sauver, la tentation de grimper aux arbres pour recueillir un oisillon. Cette effervescence ne m’a jamais quittée. »

Elle a osé créer son « arche de Noé », le domaine de Sury (dans le Loiret) dans laquelle près de 40 espèces cohabitent paisiblement : chats, chiens, loups, renards, panthère, sanglier, cerf… Pour Muriel Bel, l’animal est « son autre sauvage », un allié essentiel à l’équilibre de notre monde.

« Aujourd’hui encore, quand on me demande d’expliquer ma méthode pour dresser un cerf ou un grand fauve, je ressens toujours une sorte d’embarras. Explique-t-on une façon de respirer, de regarder ? Y a-t-il un processus qui ouvre à l’intuition ? »

🦌 Animal, Muriel Bel

📖 À lire aussi : l’audacieux défi d’Hélène Thouy, du parti animaliste, celle qui ose faire entendre la voix des animaux… à l’Élysée.

3. L’enquête la plus révoltante sur la violence sexuelle dans les conflits

Avec Nos corps, leur champ de bataille, Chrisitina Lamb, reporter de guerre depuis plus de 30 ans, a mené une enquête exceptionnelle sur la violence sexuelle dans les conflits, thème absent des livres d’histoire.

#Metoo a révélé au monde qu’une femme sur trois est victime de violences sexuelles au cours de sa vie. De tout temps, l’homme a fait la guerre et disposé des femmes selon son bon vouloir, dans le but d’humilier l’ennemi, d’assouvir sa vengeance ou de satisfaire son désir sexuel. Pour l’auteure, « le viol est l’arme la moins chère connue de l’homme. (…) il transforme les filles en parias qui aimeraient en finir avec la vie, alors qu’elle vient tout juste de commencer ». Si la qualification du viol en tant que crime de guerre date de 1919, seules deux condamnations ont été prononcées depuis. Les victimes, elles, se comptent encore aujourd’hui par millions.

« Nous avons donné notre bien le plus précieux et, en notre for intérieur, nous sommes mortes plus d’une fois, mais vous ne trouverez nos noms sur aucun monument ni aucun mémorial de guerre. » Aïcha, survivante de viol après la guerre de libération du Bangladesh en 1971.

Christina Lamb propose un recueil inédit de témoignages de femmes au cœur des conflits : des esclaves yézidies, des victimes des camps de viol en Bosnie-Herzégovine, des rescapées du génocide rwandais ou des « femmes de réconfort » japonaises. Ces survivantes, réduites à la honte et au silence, prennent dans cet ouvrage la parole, avec un héroïsme et un courage exemplaire, pour raconter et dénoncer l’inacceptable.

La reporter à écouter ces femmes d’Afrique, d’Asie, d’Europe ou d’Amérique, lui confier des récits inimaginables. Elle a retranscrit, fidèlement, leurs mots, tout en se posant la question que l’on se pose tous.tes : comment cela peut-il encore arriver aujourd’hui ?

📖 Nos corps, leur champ de bataille, ce que la guerre fait aux femmes, Christina Lamb

🎙 Notre interview avec Fatoumata, qui lutte contre les mutilations sexuelles féminines et l’excision.

4. L’inspirante histoire de la reine de l’effeuillage burlesque

Depuis 15 ans, Juliette Dragon enseigne l’effeuillage burlesque aux femmes en tant qu’art-thérapie pour prendre confiance en soi et en son pouvoir de séduction.

En 2008, cette pionnière du New Burlesque en France ouvre son Cabaret des Filles de Joie. Le succès est fulgurant. Des femmes de 18 à 70 ans s’y pressent pour apprendre l’art de l’effeuillage, se sentir sexy, et se libérer des diktats de notre société.

Juliette Dragon parvient à fédérer une communauté de femmes qui osent se mettre en scène, soudées par un féminisme joyeux, et. Explorant les codes de la séduction féminine dans notre société, Juliette s’interroge sur la définition d’une femme sexy, parcours les représentations pour comprendre la différence entre sexy et obscène, vulgarité et érotisme. Dans son livre La Fabrique des pures meufs, Juliette nous offre son récit de vie, raconte d’où elle vient. Née à Paris dans les années 70 dans une famille de notables catholiques, elle décrit son enfance mystique en Occitanie, son père violent avec sa mère, son adolescence qui finit dans la rue et les squats, puis dans le monde de la nuit dans lequel elle trouve son terrain d’expression. Performeuse, drag-queen, figure des raves et de la scène techno, Juliette Dragon cultive sa propre vision de la sororité, du genre, de l’empowerment, et du féminin, qu’elle exprime à travers la danse, le corps et la joie. Fervente défenseuse des droits LGBTQI+, Juliette Dragon se définit comme une féministe pro-choix, pas « anti-mec ».

Elle dédie ce livre à toutes « les femmes, (…) celles à naître qui sauveront la vie sur cette planète, les battues, les battantes, celles qui s’en sortent, les puissantes, les guerrières, mais aussi les timides, celles qui ont peur, qui doutent, qui n’osent pas encore (…) celles en devenir. Toutes. »

👯‍♀️ La fabrique des pures meufs, Juliette Dragon

5. Notre coup de cœur de l’hiver 2023 : le récit lumineux d’une survivante d’Auschwitz

Ginette Kolinka, va fêter ses 98 ans. Survivante du camp de concentration et d’extermination d’Auschwitz et passeuse de mémoire de la Shoah, elle respire la joie de vivre. Son père, son petit frère, Gilbert, son neveu ne sont jamais revenus de Birkenau. Pourtant, Ginette estime avoir eu « une vie heureuse ».

« On me demande pourquoi je souris tout le temps, alors que je suis revenue de Birkenau ? Parce que mes enfants, mes petits-enfants, mes arrière-petits-enfants vont bien et s’accordent bien. J’ai eu la chance d’avoir un mari adorable, un fils extra. Appelle ça comme tu veux : le hasard, la bonne étoile, Dieu. Moi c’est la chance. »

Après son livre Retour à Birkenau (2019), Ginette nous fait, dans son dernier récit Une vie heureuse, la visite de son appartement, pièce après pièce, comme un véritable voyage dans le temps. Elle y habite depuis qu’elle a dix ans. « Les marches me connaissent. Je les ai usées. » Elle a toujours vécu là, rue Jean-Pierre Timbaud, au cœur de Paris, à l’exception de trois ans : de 1942 à 1945. Car elle a été dénoncée. « Pas comme juifs, comme communistes. » Après la guerre, elle s’est mise à travailler comme vendeuse sur les marchés. Et puis, elle s’est mariée, et a eu un fils, Richard, devenu le célèbre batteur du groupe Téléphone. Pendant quarante ans, elle a tenu un étal de bonneterie sur un marché d’Aubervilliers avec son mari.

Désormais, tous les jours, Ginette Kolinka parcourt les collèges et lycées de France pour raconter son histoire à la jeunesse d’aujourd’hui. Pendant longtemps, elle n’a pas souhaité transmettre son histoire et l’horreur de la Shoah, car elle ne voulait pas « ennuyer les gens ». Construit comme une conversation entre une petite fille et sa grand-mère, ce livre-témoignage, coécrit avec Marion Ruggieri, est une ode à la vie, mais aussi une véritable leçon de vie et de courage.

🌕   Une vie heureuse, Ginette Kolinka

📖 Découvrez ici les destins méconnus de femmes héroïques de la résistance

Violaine Berlinguet — Celles qui Osent

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