Interview d’une championne de snowboard française, Manon Petit Lenoir

Au début de sa saison de championnat, Manon Petit Lenoir nous accorde un moment pour évoquer son parcours et son palmarès déjà impressionnant, pour cette jeune femme de vingt deux ans. L’athlète est 6e du classement général mondial dans sa discipline : le snowboard cross ou boardercross, parcours d’obstacle chronométré sur piste comportant des bosses, des portes et des virages relevés. C’est une petite star en Haute-Savoie, avec son fan-club et ses supporters. Pourtant, elle ne joue pas la diva.“Dans une carrière sportive, les moments de déception sont plus nombreux que les épisodes de gloire.

Rencontre en toute simplicité, avec une jolie tête brûlée, accro à la glisse, qui a malgré tout la tête bien ancrée sur les épaules ! 

Une graine de championne de Haute-Savoie 

Manon Petit Lenoir naît en décembre 1998,  “par accident à Clermont-Ferrand”. Prématurément, sa mère doit faire une halte dans une maternité d’Auvergne pour accoucher : la petite Manon est déjà “une flèche” pour ses parents, eux aussi très sportifs. Infirmière, la maman de Manon faisait elle aussi des compétitions de snowboard et du free ride.

Manon Petit Lenoir grandit à Samoëns, un charmant petit village de Haute-Savoie, entre Annecy et Chamonix. Comme tous les enfants du pays, dès ses un an et demi, l’âge où elle commence à peine à savoir marcher, “mes parents me mettent sur des skis. Ici, tous les jeunes vont très tôt sur la neige.” 

Rapidement, elle jalouse son grand frère, “Pourquoi lui fais du snowboard et moi seulement du ski ? J’en ai marre de faire des piquets gauches/droites. C’est carrément plus fun de faire du snow ! ”. Motivée par un deal avec sa mère, elle abrège ses flèches en ski pour pouvoir commencer le snowboard. Elle apprend les bases de la discipline dans un club aux Carroz. “Depuis toute petite, j’adore la compétition. Même pour mettre la table ou débarrasser le lave-vaisselle, avec mon frère, nous nous chronométrons, pour battre nos records personnels ! ” Elle aime gagner, et se dépasser. “être première, sportivement surtout !”.

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L’amour de la glisse et de la compétition 

Elle commence les compétitions kids, qui proposent à la fois du snowboard cross, du géant (slalom) et des sauts.  “J’adore les sports de glisse qui m’amusent beaucoup. Je fais du snowboard pour le plaisir. L’été, je pratique aussi le skateboard. » Elle se spécialise peu à peu en snowboard cross, pour faire des courses de rapidité lui offrant des sensations folles : la vitesse, de nombreux sauts et des virages relevés. Au départ d’une course, elles sont 4 à 6 concurrentes à concourir en même temps. Manon adore glisser sur la neige, prendre de la vitesse “de 50 à 90km/h environ, selon les parcours”. Pour se protéger, elle s’équipe d’une dorsale pour le dos, d’un casque, de protège-dents aussi. Backflips, 3/6 dans la poudreuse : Manon Petit Lenoir n’a peur de rien ! 

Malgré la Covid19, les championnats du monde 2021 ont démarré. 

Le palmarès de Manon Petit Lenoir est impressionnant : 

3e Coupe du monde Veysonnaz en 2018

2e classement général des coupes du Monde en Team Event 2018

5e aux Championnats du monde adultes en 2017

Vice-Championne du monde adulte en équipe en 2017

Championne Olympique de la jeunesse, Lillehammer 2016

Championne du Monde Junior en équipe 2016 et 2017

Vainqueur du général des Coupes d’Europe 2015/2016

Médaillé de Bronze aux Championnats du Monde Junior 2016

Médaillée d’Or en Équipe au Festival Olympique de la Jeunesse européenne 2015

Son entourage est fier de ses résultats, “mais à la maison je n’ai pas de privilèges pour autant !

Savoir se relever de ses chutes 

Manon Petit Lenoir a appris à se relever : elle a subi de mauvaises chutes, dont une blessure au genou juste avant les JO de 2018. Après son premier podium en coupe du monde, elle frôle aussi la mort sur la piste, se fracassant plusieurs vertèbres. “J’ai cru finir tétraplégique. Après quatre mois dans un corset intégral, totalement immobilisée, j’ai réalisé ma chance de n’avoir aucune séquelle. La peur ? Non. J’y travaille avec mon coach mental : si tu démarres une course en ayant peur, tu n’y arrives pas, et il vaut mieux arrêter.” 

Manon est entourée d’un staff de haut niveau. Chaque jour, son coach préparateur physique lui propose des séances adaptées quand elle n’est pas sur les pistes. “Il y a aussi les coachs sur la neige, des techniciens de planche, qui les fartent et une équipe de kinés. C’est un vrai métier pour lequel je m’entraîne tous les jours. J’ai assez peu de vacances et pendant les périodes creuses, après la saison, j’étudie un DUT techniques de commercialisation à l’Université de Commerce.” 

L’été, elle s’entraîne sur les glaciers, ou part en Amérique du Sud, pour retrouver la neige. 

En France, sa préparation se déroule dans des stations comme Val d’Isère, les deux Alpes ou Isola 2000. Les compétitions démarrent généralement début décembre. 

Côté diététique sportive, “en snowboard, j’ai de la chance, si tu es lourd, tu vas plus vite ! Je ne m’astreins donc pas à un régime particulier et j’ai la chance de ne pas prendre de poids malgré la musculation intensive. Je fais seulement attention à ne pas faire d’excès qui serait néfaste pour la récupération musculaire. L’hydratation est primordiale par exemple.” 

Manon change d’équipements très régulièrement, mais garde “ses planches “fétiches” pour les grands moments, celles avec des semelles spécifiques que je choisis en fonction des conditions et de la qualité de la neige”. Adepte de cryothérapie sous différents protocoles, dans des baignoires de neige ou des lacs gelés, Manon me l’assure : “cela fait mal seulement les 20 premières secondes, mais après, le bénéfice de la séance est incroyable ”.

2021, son grand retour dans la compétition mondiale 

Elle connaît toutes ses concurrentes. “Il y a de la rivalité sur le parcours, pas forcément en dehors ! Mais dans la course, on ne se fait pas de cadeau !

Elle reçoit des budgets ou dotations de sponsors locaux et principaux comme Samoëns, Rip Curl, Oakley, Mont Blanc Hélicoptère, Rossignol…etc. “En contrepartie, je participe aux shootings photos en lien avec le snowboard pour alimenter les réseaux sociaux. Je ne suis pas influenceuse !” Manon vit de son sport, “mais pour bien en vivre, il faut être dans le top 10 mondial !” Elle imagine difficilement sa fin de carrière “Je m’arrêterais le jour où cela commencera à être dur, où je ne ferai plus de résultats. L’après-carrière est une grande interrogation. Je n’ai aucune idée de ce que je veux faire après…” Tout l’hiver dernier, blessée, elle est invitée sur les plateaux télévision de la chaîne l’Équipe pour commenter les courses, raconter les anecdotes des sportifs, en vulgarisant le langage technique de son sport pour le faire connaître au grand public. Après s’être relevée d’un épisode de la Covid-19, elle réalise son grand retour en 2021 ! 

 

“Les grands sportifs sont pour moi ceux qui ont encaissé et rebondissent après les échecs. En sport de haut niveau, tout peut s’arrêter du jour au lendemain, donc je profite et me donne à 400%.Celles qui Osent laisse maintenant Manon Petit Lenoir s’entraîner pour sa saison, et s’occuper de son petit frère de deux ans, qu’elle surnomme affectueusement “Patate Charlie” ! Très active sur les réseaux, elle partage avec sa communauté son évolution, alors si vous êtes féru de sport de glisse et de paysages de montagne enneigés, jetez un œil à son instagram

Violaine B. – Celles qui Osent 

En attendant notre prochain article, n'oubliez pas de suivre notre podcast sur ces Femmes qui Osent

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