La réalisatrice américaine Sofia Coppola vient de sortir un biopic sur Priscilla Presley, femme d’Elvis, dans lequel elle raconte l’histoire d’une très jeune fille, en quête de liberté, tombée amoureuse du roi du rock. Fidèle à ses thèmes de prédilection, la réalisatrice explore le désir féminin et ses frustrations, et interroge l’émancipation féminine à travers des films intimistes aux décors feutrés, l’occasion pour Celles qui Osent de revenir sur la vie de Sofia Coppola et sur quatre films qui ont marqué sa carrière.
Sofia Coppola : une « fille de », mais pas que
Née en 1971, Sofia Coppola est la fille de Francis Ford Coppola, l’un des plus grands réalisateurs américains contemporains, qui a dirigé de nombreux blockbusters et long-métrages devenus des références : Apocalypse Now, Le Parrain, Dracula…. Elle tourne très jeune dans les films de son père, et fait notamment une apparition dans Le Parrain, alors qu’elle est âgée d’un an seulement. Elle jouera de nouveau dans le dernier opus de la saga réalisé en 1990, alors qu’elle n’a que 18 ans. S’en suivent quelques apparitions dans les films des amis de son père, qui marqueront la fin de sa carrière éphémère d’actrice.
Sofia Coppola effectue des études d’art en Californie, en parallèle desquelles elle se lance dans la photographie de mode, notamment pour le magazine Vogue. Elle gravite quelques temps dans le milieu de l’art et de la mode et crée sa propre marque de vêtements, ainsi qu’une émission télévisée dans laquelle elle reçoit des artistes underground qui viennent parler de leur musique.
Lick the star, réalisé en 1998, est son premier court-métrage et lance son travail de réalisatrice. Elle y aborde les thèmes de l’adolescence des jeunes filles et l’éveil à la sexualité, qu’elle développera dans son premier long-métrage, Virgin Suicides, diffusé en 1998. Quatre ans plus tard, Sofia Coppola réalise Lost in Translation, qui la fera définitivement connaître auprès du grand public, qui voit en elle une figure émergente du cinéma d’auteur américain. Le film remporte l’Oscar du meilleur scénario original et trois Golden globes. Sofia Coppola a réalisé une petite dizaine de films, souvent réalisés à huit-clos, portés par des personnages féminins forts.
The Virgin Suicides, drame psychologique
Virgin Suicides est une adaptation cinématographique d’un livre du même nom, écrit par l’auteur américain Jeffrey Eugenides. Le film a lieu dans les années 1970, durant lesquelles cinq filles grandissent dans une banlieue américaine au sein d’une famille catholique et étouffante. Cecilia, la cadette, se suicide au cours d’une fête que les parents acceptent d’organiser, après une première tentative de suicide avortée de leur fille. Ses soeurs, tiraillées entre l’oppression familiale, leur désir de liberté, et leur traumatisme lié à la mort de Cecilia se referment petit à petit sur elles mêmes. Entre drame intimiste, misère sexuelle et amoureuse, et rêves d’évasion, le film jette les bases du cinéma de Sofia Coppola : des personnages féminins enfermés, des décors aux couleurs pastel, des musiques aériennes et oniriques. The Virgin Suicides est aussi la première collaboration de la réalisatrice avec Kirsten Dunst, qu’elle fera tourner dans d’autres long-métrages.
Lost in translation, la reconnaissance
Réalisé quatre ans après Virgin Suicides, Lost in translation est le film qui a fait de Sofia Coppola une réalisatrice confirmée du cinéma américain et international. Inspiré par plusieurs séjours de Sofia Coppola au Japon, le film raconte la rencontre à Tokyo de deux américains, Scarlett Johansson et Bill Murray, qui errent au Japon, et fuient leur vie personnelle et leurs conjoints respectifs, avec qui ils ne s’entendent plus. Comme dans Virgin Suicides, où les scènes étaient tournées dans la maison de la fratrie, les deux personnages de Lost in Translation sont mis en scène dans un hôtel de luxe, prisonniers de leur propre solitude. Le film est plébiscité à sa sortie et remporte, entre autres, l’Oscar du meilleur scénario original et le César du meilleur film étranger.
Marie-Antoinette, reine pop-rock
Sofia Coppola continue sa collaboration avec Kirsten Dunst, initiée dans Virgin Suicides, avec Marie-Antoinette, un biopic sur la dernière reine de France, réalisée en 2006. On y retrouve une Marie-Antoinette qui se languit à Versailles, où la cour la méprise du fait de ses origines étrangères, et où son mari, le roi, la délaisse pour ses maîtresses et refuse de consommer le mariage. La jeune Maire-Antoinette noie alors son ennui dans les vêtements de luxe et les macarons, au rythme des chansons de rock choisies pour la bande originale. Les anachronismes (les converses, la BO new wave), comme souvent dans les films de Sofia Coppola, sont présents ici et là, et rappellent le très jeune âge de Marie-Antoinette à son arrivée à Versailles. Le film a connu un accueil mitigé en France et son inexactitude ainsi que sa vision fantasmée de Marie-Antoinette lui sont reprochés, mais ce dernier a beaucoup plus aux Etats-Unis.
Les proies, thriller sensuel
Avec Les Proies, Sofia Coppola réalise le remake d’un film américain des années 1970, lui-même adapté d’un roman, avec un casting de rêve : Colin Farrell, Nicole Kidman, Kirsten Dunst et Elle Fanning. En pleine guerre de sécession américaine, un pensionnat de jeunes filles sudistes recueille un soldat nordiste, grièvement blessé. Très vite, les pensionnaires sont attirées par le rescapé, qui va manipuler leur désir et ainsi exacerber les rivalités au sein du pensionnat. La solitude, le désir frustré, l’isolement, la sororité sont à nouveau représentés, mais virent exceptionnellement au drame et au macabre, un revirement de situation qui, contre toute attente, sied à merveille au cinéma de Sofia Coppola.
Cet article vous a plu ? Vous pouvez retrouver la biographie de la réalisatrice Justine Triet, palme d’Or à Cannes, sur notre site.
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