Perdre un être cher est toujours une épreuve particulièrement difficile à traverser. La mort reste un sujet tabou et un concept abstrait quand elle ne nous touche pas personnellement ! Pourtant nous sommes tous un jour confrontés à la disparition d’un proche. Et, quand une personne que nous aimons décède brusquement, c’est un véritable tsunami ! En effet, la soudaineté de cette mort nous laisse dans une incompréhension et une douleur immense. Alors comment faire pour surmonter un deuil brutal sans y laisser trop de plumes ? Autant vous prévenir tout de suite, il n’y a pas de recette miracle. Le chemin vers l’apaisement et l’acceptation est long et semé d’embûches. Pourtant, il est possible de renaître de ses cendres et de donner un nouveau sens à sa vie après un décès inattendu !
Accuser le coup et gérer l’urgence après une mort subite
Il est des moments au cours d’une vie où tout s’écroule. La mort de ceux que nous aimons en fait partie. Selon les psychologues, il est plus long et plus compliqué de se remettre d’un deuil lorsque le décès a été brutal. En effet, pour une mort plus ou moins « annoncée » , nous avons peu ou prou le temps de nous habituer à l’idée et de nous préparer. Mais, lorsqu’un être cher perd la vie brusquement, nous sommes anéantis. Un sentiment d’injustice et d’inachevé nous habite, et de nombreux regrets peuvent émerger. Nous nous reprochons alors de ne pas avoir appris à connaître davantage la personne disparue, ou de ne pas lui avoir dit tout notre amour.
Apprendre qu’un proche est subitement décédé est, en effet, d’une violence inouïe. On peut réagir de diverses manières : colère, pleurs, sidération. Pour ma part, j’ai perdu ma mère brusquement. L’annonce de sa mort a été comme un uppercut en pleine tête qui m’a laissée pantelante et désarçonnée. Ensuite, je me suis sentie anesthésiée, en apesanteur, avec l’impression étrange de flotter au-dessus de mes émotions. Cet état, qui peut faire penser à du détachement, a perduré quelques jours, avant que la peine ne me rattrape.
Il est très difficile d’analyser les sentiments étranges qui nous submergent quand nous apprenons un décès foudroyant que rien ne laissait présager. Le choc émotionnel est immense et bouleverse profondément notre vie ! Ce qui rend les choses encore plus compliquées à supporter, c’est qu’il nous faut souvent gérer l’urgence qui s’ensuit : se rendre sur place, organiser les obsèques et la cérémonie, vider le logement. Malheureusement, quelqu’un qui meurt brutalement ne laisse que rarement ses dernières volontés. Il faut donc improviser, faire au mieux avec, généralement, très peu d’informations. Pas simple du tout !
Les premiers jours après l’annonce d’un deuil brutal s’apparentent souvent à un cauchemar éveillé. Nous devons d’abord supporter l’épreuve des obsèques. Puis le sentiment d’abandon nous accable, donc nous cherchons des sources de réconfort. Nous nous persuadons que le disparu cherche à entrer en communication avec nous. Une horloge qui s’arrête subitement, un oiseau qui se pose sur le rebord de la fenêtre sont autant de signes que nous interprétons comme une manifestation venue de l’au-delà. Alors, certaines d’entre nous, pour ne pas tourner en boucle sur leur chagrin, ont besoin de retrouver immédiatement le cours de leur vie. D’autres, par contre, ne se sentent pas aptes à reprendre leurs activités et ont besoin d’une période d’adaptation pour digérer la nouvelle.
« Un défunt pèse beaucoup plus lourd qu’un vivant, les éclairs lumineux des souvenirs se sont figés en un métal sombre et froid. » Jón Kalman Stefánsson
Passer de la sidération à l’acceptation après le décès brutal d’un proche
Lorsque nous subissons la perte brutale de quelqu’un que nous aimons, nous sommes en proie à tout un panel d’émotions qui se succèdent ou s’entrechoquent parfois les unes aux autres. Par moments, le manque est étouffant et s’invite dans tous les gestes banals de la vie quotidienne. Et puis, certains jours, nous nous sentons presque apaisées, comme si la vie reprenait ses droits. Vous l’aurez compris, survivre au décès soudain d’un proche n’obéit à aucune règle. Il y a des hauts et des bas avec lesquels il faut, hélas, composer. De plus, nous sommes toutes différentes. Nous vivons donc notre propre deuil en fonction du contexte, de notre histoire personnelle, de nos ressources !
Les phases du deuil
On nous parle souvent des 5 étapes du deuil qui sont : le déni, la colère, le marchandage, la dépression et l’acceptation. Cette théorie, mise en avant par la psychiatre Elisabeth Kübler-Ross, concernait au départ les gens en fin de vie afin de les aider à mieux accepter l’imminence de leur mort. Elle aurait donc été reprise, à tort, pour les personnes endeuillées.
Me concernant, je n’ai pas souvenir d’avoir traversé toutes ces phases et certainement pas dans cet ordre !
Le poids de l’accompagnement psychologique et de l’entourage
Dans certains cas, le deuil peut devenir traumatique. Il va donc entraîner, sur la durée, des signes d’une altération de la santé mentale : perte d’appétit, insomnies, blocage de la pensée, peur de la mort, etc. Dans ce cas, l’écoute et l’aide d’un professionnel sont nécessaires. Plus généralement, l’amour et la bienveillance de l’entourage familial et amical sont primordiaux pour sortir du marasme. Il ne faut pas hésiter à s’épancher. Parler ouvertement de sa douleur aide à mieux l’apprivoiser. Il est profitable aussi de pratiquer, si on y parvient, des activités de loisir pour arriver à se détourner de sa tristesse.
L’apaisement mais pas l’oubli
Cela peut prendre du temps, mais la douleur de la perte finit par s’estomper. L’être aimé n’est plus omniprésent dans nos pensées. Nous arrêtons de le voir partout, d’imaginer qu’il nous observe. Nous acceptons, plus ou moins, sa disparition. Bien sûr, il en aura fallu du chagrin et des larmes pour se résoudre à cette absence. Surmonter un deuil brutal s’apparente souvent à un parcours du combattant, où rien n’est jamais acquis. Il y a d’ailleurs, parfois, des rappels douloureux qui nous clouent au sol.
Alors, est-ce au moment où la vie reprend des couleurs que nous pouvons affirmer que nous avons « fait le deuil » ? Cette expression me dérange beaucoup, car trop définitive à mes yeux. Je trouve que cela revient à ranger la personne disparue dans un tiroir que l’on referme. Comme si celle-ci était à jamais effacée de notre vie et la page définitivement tournée ! Mon avis est que nous n’oublions jamais quelqu’un que nous aimons. Il fait partie de nous et nous apprenons simplement à survivre sans lui.
Surmonter un deuil brutal et repenser sa vie
Le décès brusque d’un être cher est une rupture de notre quotidien qui nous transforme irrémédiablement. Voir la mort d’aussi près modifie notre façon de concevoir l’existence et nous fait aussi, parfois, reconsidérer nos fondamentaux. Ce qui nous paraissait important hier, nous semble aujourd’hui dérisoire. Nous savons maintenant que tout peut arriver et que le fil ténu qui nous rattache à la vie est fragile.
Parce que nous changeons lorsque nous perdons les nôtres, nous prenons possiblement conscience d’un besoin impérieux de changer de vie. Par exemple, quand ma mère est décédée, j’ai su que je devais quitter mon emploi pour tenter autre chose. Ce travail m’était insupportable depuis longtemps, mais je n’avais pas le courage de partir. La disparition de ma mère a donc été le détonateur. J’ai sauté le pas avec l’intention d’ouvrir une boutique de jeux de société. À vrai dire, mon karma devait être mauvais, puisque mon aventure entrepreneuriale a tourné court. Pourtant, je n’ai jamais regretté d’avoir osé me lancer. Cette décision m’a prouvé que j’étais enfin capable de faire des choix et d’avoir le cran de m’aventurer vers l’inconnu !
Citons aussi le cas d’Apollonia Poilâne. En 2002, elle a 18 ans lorsque ses deux parents décèdent brutalement dans un tragique accident d’hélicoptère. Elle décide alors de reprendre la boulangerie familiale afin de faire perdurer l’œuvre de son père. Elle parvient même à suivre des études à Harvard tout en dirigeant la société. Aujourd’hui, son entreprise est florissante puisque plusieurs enseignes de la marque ont ouvert en Europe. Bel exemple de réussite pour une femme qui a traversé le pire !
Comme vous avez pu le constater, parler de l’art et de la manière de surmonter un deuil brutal n’est pas chose aisée. Il n’existe aucun protocole qui nous aide à aller mieux. Survivre au décès soudain d’un proche est avant tout une affaire personnelle. Bien sûr les souvenirs de l’être aimé restent vivaces. Mais avec le temps et un nouveau projet de vie, la peine s’adoucit et nous sommes enfin capables de revoir la lumière.
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Violaine Maurice, pour Celles qui Osent
Sources :
Obseques-infos.com : Comment faire face à un deuil traumatique ? ;
Mieux-traverser-le-deuil.fr : Le deuil ;
Psychologies.com : accepter le temps du deuil.
1 Comment
très bel article, doux et profond. Il met des mots sur nos maux.