Son nom ne vous dit peut-être rien. Pourtant, l’histoire de Tsai Ing-Wen, première femme présidente taiwanaise, mérite largement le détour. Dotée d’une volonté de fer, cette femme politique élue en 2016 a tout d’une Margaret Thatcher ou d’une Indira Gandhi. Celles qui Osent revient le temps d’un article sur son histoire et son engagement pour Taiwan.
Tsai Ing-Wen : une destinée de femme politique
Tsai Ing-Wen est née en 1956 à Taiwan, dans une famille issue de la classe moyenne. Elle est la cadette d’une fratrie de neuf enfants, et a été poussée par son père, dirigeant d’une entreprise de réparation automobile, à effectuer de grandes études supérieures. Elle intègre l’université nationale de Taiwan. Elle déménage ensuite à New York pour faire une maîtrise de droit à l’université Cornell. Elle intègre finalement la London School of Economics pour un doctorat d’économie et de sciences politiques, qu’elle obtient en 1984.
Elle rentre ensuite à Taiwan et intègre le Kuomintang, parti alors au pouvoir, et anciennement présent en Chine jusqu’en 1949 avec la proclamation de la République Populaire de Chine par les communistes, à la tête desquels se trouve Mao Zedong. Elle travaille alors en tant que négociatrice pour l’intégration de son île dans l’Organisation mondiale du commerce. En 2000, proche du Parti démocratique progressiste (PDP), elle devient ministre des Affaires étrangères dans le gouvernement de Chen Shui-bian.
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Candidate aux élections présidentielles de Taiwan
En 2004, jusque-là indépendante de toute formation politique, elle rejoint le Parti démocratique progressiste, dont elle est toujours membre. Elle est nommée vice-Première ministre en 2006, puis prend la tête du PDP, dont elle démissionne en 2012 suite à sa défaite à l’élection présidentielle, face au candidat du Kuomintang. Deux ans plus tard, elle reprend la tête du parti dans l’espoir, à nouveau, d’être présidente de la République.
Elle fonde sa campagne sur plusieurs thématiques, notamment :
- la mise en place de soins longue durée ;
- la promotion de l’entrepreneuriat chez les jeunes ;
- la légalisation du mariage pour personnes de même sexe ;
- l’instauration d’un dialogue avec la Chine pour que l’indépendance de Taiwan soit reconnue par son voisin.
Une présidente taïwanaise à la volonté de fer contre Pékin
S’il y a bien une constante dans la carrière de Tsai Ing-Wen, c’est son refus de céder aux pressions venues de Chine, malgré les nombreuses incursions militaires de Pékin. Par exemple, en 2018, Tsai Ing-Wen a refusé de rencontrer Xin Jinping, le président chinois, si ce dernier ne la considérait pas comme une cheffe d’État à part entière. En 2019, alors que des manifestations éclatent à Hong-kong contre l’autoritarisme du pouvoir chinois, elle soutient les manifestants publiquement.
Elle fait adopter par la suite une loi « anti-infiltration » dont le but est d’ « empêcher la Chine d’utiliser sa forte puissance et son capital pour polluer, manipuler ou saboter les activités démocratiques à Taïwan ». Le lobbying, les donations politiques et la propagande pro-chinoise sont, depuis, passibles de 5 ans de prison et 330 000 euros d’amende. Ces mesures lui permettent de gagner les votes des Taiwanais lors de l’élection présidentielle de 2020, après une gestion réussie de la crise sanitaire et une augmentation du PIB suite à un rapprochement avec les États-Unis lors de la guerre commerciale chino-américaine.
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Victoria Lavelle pour Celles qui Osent
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